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Wimbledon - "C'est un enfer" : comment contrer les grands serveurs sur gazon ?

Maxime Battistella

Mis à jour 24/06/2024 à 16:44 GMT+2

Malgré le changement de variété du gazon à Wimbledon au tournant des années 2000 et le mouvement d'uniformisation des surfaces, un profil de joueurs continue d'exceller sur le tapis vert : les grands serveurs. En établissant un nouveau record d'aces (47) dans un match en deux sets gagnants, Milos Raonic l'a rappelé au Queen's. Les affronter reste un sacré défi à relever.

Sinner, une première sur gazon : les temps forts de sa victoire en finale

"Je n'ai vraiment pas grand-chose à dire d'autre qu'il a gagné le dernier point et a servi de manière surréaliste." Voilà comment a analysé à chaud Cameron Norrie sa défaite au 1er tour du Queen's (6-7, 6-3, 7-6) face à Milos Raonic qui lui a infligé 47 aces, nouveau record pour un match au meilleur des trois sets. Il faut dire que le Canadien, dont la carrière est mise en pointillés par une accumulation de blessures ces dernières années, n'est pas un 186e mondial (classement au moment du match, 157e cette semaine) comme un autre. Avec son quasi-double mètre (1,96 m), il dispose d'une rampe de lancement fantastique et l'affronter n'a rien d'anodin, a fortiori sur gazon.
A Wimbledon, la menace Raonic ne planera certes pas : l'organisation du tournoi n'a pas accordé de wild-card à celui qui avait atteint la finale en 2016 et ce dernier s'est retiré des qualifications. Mais le tournoi ne sera pas dénué de grands canonniers dangereux pour autant. Certes les Ivo Karlovic, Sam Querrey et autres John Isner ont pris leur retraite. Mais Hubert Hurkacz, Alexander Zverev, Jan-Lennard Struff ou même Giovanni Mpetshi Perricard (qui est engagé en qualifications) ont repris le flambeau et assomment eux aussi à coup d'aces leurs adversaires. De l'autre côté du filet, difficile de trouver la parade et de ne pas se frustrer.
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47 aces pour Raonic… dont un dans la tête d'une juge de ligne

Un combat contre la frustration et un état d'esprit

"Franchement, c'est un enfer. Je le vivais très mal personnellement quand j'étais joueur, se remémore notre consultant Arnaud Di Pasquale. C'est pour ça que j'admire tellement l'attitude de Sinner à Halle. On peut l'avoir parfois, mais l'avoir tout le temps… Et sur gazon, il faut l'avoir tout le temps. C'est aussi simple que ça. Sur gazon, c'est très dur et très aléatoire : il y a ces énormes serveurs, des faux rebonds, des coups un peu folkloriques qui sortent de nulle part. Il faut accepter ça. C'est la preuve d'une dimension mentale très aboutie."
Tout le monde n'en est pas capable sur le circuit et même parmi les meilleurs joueurs du monde. Ce fut le cas, par exemple, de Jo-Wilfried Tsonga. En 2017, alors qu'il était toujours classé aux alentours du Top 10 mondial, le Français avait connu une tournée estivale américaine particulièrement délicate, battu par deux machines à aces au 2e tour à Montréal (Querrey) puis à Cincinnati (Karlovic). "Il y a toujours beaucoup de frustration sur ce genre de match parce qu'on a l'impression que ça se joue à quelques coups. On n'a pas l'impression qu'on contrôle quoi que ce soit", avait-il regretté.
D'autres ont réussi à y faire face avec plus de bonheur. Roger Federer aimait assez croiser le fer avec les canonniers du circuit, parce qu'il y voyait un exercice inhabituel à exécuter. Il considérait d'ailleurs que chaque joueur devait jouer avec ses forces et qu'il n'y en avait pas de plus légitime que d'autres. Alors, le Suisse envisageait ces duels particuliers en les comparant à l'épreuve des tirs au but pour un gardien. De ce fait, il retirait un certain plaisir à anticiper du bon côté à la relance. Pour relever le défi, rien de mieux en somme qu'avoir un état d'esprit positif.
"A la fin, c'est celui qui est capable de prendre le plus de distance possible par rapport à tout ça qui s'en sort le plus souvent. 'Ok, je fais ce que je peux, j'accepte.' C'est exactement ce que Sinner a dit à la fin de son match contre Struff (en quart de finale à Halle, NDLR). Il s'agit d'accepter ce qui ne dépend pas de soi, de se dire : 'Je viens de prendre quatre aces, j'ai tenté d'anticiper, je n'ai pas pu la toucher. J'accepte. Ne t'énerve pas, ça ne changera rien'", acquiesce Arnaud Di Pasquale.
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Un service de plomb et Hurkacz fait enfin tomber Zverev

Anticiper, changer de position pour enrayer la mécanique... sans garantie

Tirer du plaisir à essayer d'enrayer la formidable mécanique du grand serveur qui vous fait face, voilà la clé en somme. Mais comment y parvenir ? Parfois, perturber le champ de vision de son adversaire en changeant régulièrement sa position au retour peut être une clé. S'il devient impossible de lire les intentions du canonnier ou d'anticiper d'une quelconque manière, alors couvrir davantage un côté peut être payant. Un peu à la manière d'un Mickaël Landreau qui avait réussi à entrer dans la tête de Ronaldinho en arrêtant son penalty avec Nantes contre le PSG lors d'un 16e de finale de Coupe de la Ligue en 2002.
Mais parfois, rien n'y fait. "Avant le match, je disais déjà que Raonic avait probablement le meilleur service auquel j'ai fait face. C'est délicat, il trouve toutes les zones. Mon entraîneur m'en a parlé un petit peu, en me disant de couvrir peut-être le slice sur la seconde balle, et je pense qu'il a frappé six ou sept aces de l'autre côté à partir de ce moment-là. Donc c'est dur", relevait encore Cameron Norrie la semaine dernière en conférence de presse.
Moralité : sur gazon, il n'y a pas de méthode infaillible pour contrer les grands serveurs. Mais pour se donner les meilleures chances d'y parvenir, un prérequis est indispensable : se concentrer sur ce qu'on maîtrise, c'est-à-dire son propre service pour être ensuite en capacité de tenter plus de choses à la relance. Chaque surface a ses spécificités, le tapis vert comme les autres. L'accepter, c'est déjà faire la moitié du chemin.
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