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Les 7 fois où Wimbledon a changé la vie de Murray

Laurent Vergne

Mis à jour 30/06/2024 à 11:58 GMT+2

Andy Murray espère à faire ses adieux à Wimbledon, mêle s'il est à nouveau diminué. Depuis près de deux décennies, le Britannique a tout vécu sur le gazon anglais, surtout le meilleur. De ses débuts prometteurs à ses deux sacres en passant par une glorieuse escapade olympique, retour sur ses moments les plus marquants. Ceux qui ont changé sa vie.

Le deuxième sacre d'Andy Murray à Wimbledon en 2016.

Crédit: Getty Images

2005 : Premier match, première victoire, premiers frissons

Andy Murray est un tout jeune joueur de 18 ans quand il se présente à Wimbledon à l'été 2005. Le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière. Le public britannique est en train de faire le deuil des espoirs de Tim Henman, qui a passé dix ans à chasser le Graal londonien, en vain. Mais la foule n'est pas encore prête à transférer ses rêves de grandeur sur ce jeune Ecossais 374e mondial, que l'on dit prometteur mais dont on ne sait encore pas grand-chose. En tout cas, voir en lui le successeur de Fred Perry, qui attend depuis 1936, semble optimiste…
Pour ses grands débuts, Murray affronte un certain George Bastl. Le Suisse n'a jamais été Federer, mais il est entré dans l'histoire de Wimbledon en 2002 en éliminant Pete Sampras au 2e tour. Il restera à jamais celui qui a mis fin à la carrière à Wimbledon du septuple vainqueur du tournoi. Murray s'impose en trois sets, 6-4, 6-2, 6-2 pour vivre le premier moment fort de sa carrière. "Je ne le connaissais pas vraiment, mais il a un jeu très solide et il a très bien servi aujourd'hui", souligne Bastl.
Puis le jeune Britannique fait encore plus fort au deuxième tour en éliminant Radek Stepanek, à nouveau en trois manches, le jour de l'élimination de Henman. Le flambeau passe... En 16es de finale, son conte de fées naissant s'arrête contre le finaliste 2002, David Nalbandian. Pourtant, Andy a mené deux manches à rien, avant de coincer physiquement. "Je me suis prouvé que je pouvais jouer avec les meilleurs mais, maintenant, je dois apprendre à le faire 30 semaines par an", dit-il. Mais l'acte de naissance est une sacrée promesse.

2006 : Roddick au tapis

En un an, il a grandi. Un premier titre, à San Jose, au mois de février 2006. Une entrée dans le Top 50. Puis, à Wimbledon, un vrai grand exploit. Après avoir battu Massu et Benneteau, Andy Murray défie le Andy de référence à l'époque, Roddick. Surtout ici. L'Américain, 5e mondial, était en finale les deux années précédentes contre Roger Federer. Sur le Centre Court, on se dit que la marche est peut-être encore un peu trop haute pour le Kid de Glasgow (même s'il l'avait déjà battu à San Jose), mais il s'impose en trois sets (7-6, 6-4, 6-4) avec notamment une capacité à relancer le service de Roddick qui épate tout le monde.
Pour Roddick, une gigantesque claque. "Il se déplace bien, il bouge bien, mais surtout, il a cette capacité à frapper la balle tout en étant en mouvement", résumé l'Américain. Murray, lui, a posé la main sur son visage après la balle de match, comme s'il n'y croyait pas vraiment. Pourtant, le meilleur, c'était bien lui, et de loin. Qualifié pour les huitièmes de finale, il commence à faire rêver le public avec cette victoire mais le retour sur terre est brutal : il s'incline au tour suivant contre Marcos Baghdatis, en trois sets (6-3, 6-4, 7-6). Il n'empêche. Il a marqué les esprits.

2008 : Andy biscotto

Peut-être LE match qui a le plus changé la donne pour Andy Murray. Pas seulement ici, à Wimbledon, mais dans l'ensemble de sa carrière. Et c'est peut-être vrai aussi de son adversaire dans ce huitième de finale, un certain Richard Gasquet. La trajectoire des deux hommes va s'inverser, dans ce match, et à l'avenir. On l'oublie mais, avant ce duel, Richard Gasquet est devant Andy Murray. Il a déjà disputé le Masters. Pas l'Ecossais. Il est dans le Top 10 au classement. Pas Murray. Ce jour-là, sur le Centre court, Gasquet est d'ailleurs largement au-dessus de son adversaire pendant trois sets... moins un jeu.
Il mène 7-5, 6-3, 5-4, service à suivre. Débreaké sur une double faute, le Biterrois s'inclinera en cinq sets à la nuit tombante. La chrysalide Murray opère définitivement sa mue au cours de cette folle remontée et l'image de Muzz montrant son biceps au public londonien était explicite. A l'issue de ce tournoi, Murray passera devant Gasquet au classement. C'est clairement le jour où il est devenu un champion et où la Murray Mania est née au Royaume-Uni. Alors, oui, il est balayé en quarts par un Rafael Nadal futur vainqueur du tournoi, mais il ne sera plus jamais le même.
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Andy Murray en 2008 à Wimbledon après sa victoire épique contre Richard Gasquet.

Crédit: Getty Images

2012 : Au sommet de l'Olympe

Projetons-nous quatre années en avant. Andy Murray est devenu une pointure. Mais il y a un mais. Face à Federer, Nadal et désormais Djokovic, il est le quatrième homme, celui à qui il manque toujours quelque chose. Y compris à Wimbledon. Demi-finaliste en 2009, 2010 et 2011, il vient d'atteindre la finale pour la première fois dans cette édition 2012. Mais il échoue aux portes de la gloire contre Federer, de retour au sommet. C'est, déjà, son quatrième échec en finale de Grand Chelem, après l'US Open 2008 et l'Open d'Australie en 2010 et 2011.
Arrivent alors les Jeux Olympiques. A Londres. A Wimbledon, donc, pour ce qui est du tennis. Cette fois, Murray tient son premier triomphe. En demi-finale, il domine Djokovic en deux sets avant d'étriller Federer en finale (6-2, 6-1, 6-4). Alors, ce n'est certes pas un titre en Grand Chelem, mais ce sacre olympique à la maison, dans le temple absolu du tennis, en prenant nettement le dessus sur deux des trois géants du tennis mondial, va faire un bien fou au Britannique. A 25 ans, il est prêt à franchir le pas. Un mois et demi plus tard, il soulèvera le trophée à l'US Open pour changer de dimension de manière définitive.
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Londres 2012 : Murray enfin couronné dans son jardin

2013 : Fred Perry, le voilà

Le jour de gloire. Sous un franc soleil, rien ne viendra gâcher la fête attendue depuis 77 ans. Andy Murray ne sera anobli par le Prince Charles qu'en 2019, mais c'est bien ce 7 juillet 2013 qu'il devient le roi en remportant, enfin, Wimbledon. Une finale de rêve pour lui, gagnée à nouveau contre Novak Djokovic (6-4, 7-5, 6-4), comme à Flushing l'année précédente.
Trois sets, mais tout de même plus de trois heures, et une fin de rencontre incroyable d'intensité et de stress : dans le dernier jeu, Djokovic sauve trois balles de match (à 40-0 !) et obtient trois balles de débreak avant la libération de tout le stade et de tout le pays. Aucune victoire dans la carrière d'Andy Murray ne pèse plus lourd que celle-ci. Ce n'est pas une nouvelle victoire en Grand Chelem, c'est un premier sacre à Wimbledon, au terme de près de huit décennies de disette pour le tennis britannique chez les hommes.
En un an, quel changement : l'or olympique, l'US Open, et maintenant Wimbledon. Andy est devenu un gagnant, un vrai. "Je ne crois pas que physiquement, ou tactiquement, il a changé beaucoup de choses. C'est surtout mental, souligne Djokovic. Pour moi, il a désormais compris ce qu'il avait besoin de faire pour gagner ces très grands matches qu'il perdait souvent avant." "Je ne peux toujours pas croire que c'est arrivé", avoue l'Ecossais en conférence de presse. Pourtant, si. Wimbledon est bien à lui.

2016 : Prince de Wimbledon, roi du monde

Cette seconde victoire à Wimbledon n'a sans doute pas la portée historique ni même émotionnelle de la première, mais elle ancre un peu plus Murray dans la légende du tournoi, du tennis britannique et du tennis tout court. En dehors de Jo-Wilfried Tsonga qui l'a poussé aux cinq sets en quarts de finale, le Britannique s'est globalement promené, remportant ses six autres rencontres en trois manches, y compris la finale face à Milos Raonic.
Cette fois, pas de Federer, de Djokovic ou de Nadal sur son chemin. Mais on ne choisit pas son tableau ni les circonstances. Le Big 3 entre dans un semestre qui sera très compliqué pour lui, entre blessures et petite pointe de lassitude, pour Djokovic dans le dernier cas. Au contraire, Murray pénètre dans la période la plus faste de sa carrière. Après Wimbledon, viendra un nouveau titre olympique, à Rio, le Masters en fin d'année et l'accession à la place de numéro un mondial. Il n'est donc plus seulement le prince de Wimbledon, mais le maître du monde. Cela ne durera pas, mais il est arrivé tout en haut, et Wimbledon a joué un rôle majeur dans ce parcours.

2017 : Le début de la fin

Quand débute l'édition 2017 de Wimbledon, Andy Murray est numéro un mondial et le Royaume le croit prêt à aller chercher un troisième titre au All England Club. Sauf que son corps commence à le trahir. Au printemps, son coude a grincé. Malgré sa demi-finale à Roland-Garros, il manque de repères et de confiance. On se dit que le gazon aidera, mais après une sortie précoce au Queen's, personne ne mesure réellement l'étendue du problème : sa hanche le fait souffrir et va le lâcher pour de bon.
Il atteint toutefois les quarts de finale, où il croise Sam Querrey. L'Ecossais mène deux sets à un, puis s'effondre, 6-1, 6-1 dans les deux dernières manches. Coup de tonnerre à Wimbledon. Andy perd son titre et sa place de numéro un mondial, mais c'est loin d'être le pire. "Je n'ai aucune idée de la tournure que va prendre la suite de ma saison", dit-il. Il ignore encore la vraie nature de sa blessure et sa gravité. Mais c'est bien sa carrière qu'elle va mettre à terre.
Cela paraît incroyable, mais ce match contre Sam Querrey sera son dernier quart de finale en Grand Chelem. Il ne dépassera même plus jamais le troisième tour. A Wimbledon, on ne le reverra pas avant 2021. Il connaîtra encore quelques moments forts, comme la victoire en cinq sets contre Otte (2021) ou sa défaite épique contre Tsitsipas l'an passé. Mais tout a basculé à l'été 2017. Wimbledon a acté le début de la fin. Sa vie avait changé ici, une fois de plus. La dernière fois. Mais plus pour le meilleur.
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