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Roland-Garros - Simple dames - Iga Swiatek et Naomi Osaka, un sommet à deux

Laurent Vergne

Mis à jour 29/05/2024 à 23:52 GMT+2

Si vous n'étiez pas devant le match entre Iga Swiatek et Naomi Osaka mercredi, vous avez manqué un véritable bijou de match. Ce fut beau et intense pendant trois heures avec, au bout du suspense et au prix d'un sacré retournement de situation, la victoire sur un fil de la Polonaise. Mais c'est le tennis féminin tout entier qui sort grandi de cet ébouriffant duel.

Naomi Osaka et Iga Swiatek ont livré un duel de reines.

Crédit: Getty Images

Incontestablement, la défaite de Rafael Nadal d'entrée contre Alexander Zverev aura été l'événement de cette quinzaine. Une page d'histoire. Mais le match de ce début de tournoi, qui restera peut-être celui de cette édition 2024, c'est bien ce deuxième tour sur le court Philippe-Chatrier mercredi entre Iga Swiatek et Naomi Osaka. La Polonaise en est sortie miraculée, toujours vivante, après avoir été menée 5-2 dans le set décisif et avoir sauvé une balle de match, mais les deux joueuses sont à encenser communément dans un même élan. Disons-leur simplement merci.
C'était une affiche de rêve. Deux quadruples championnes en Grand Chelem face à face dans une première semaine de Grand Chelem, c'est rarissime. Comme souvent (comme toujours en réalité), notre camarade Constance de Jeu, Ste et Maths a déniché cette statistique qui témoigne de la rareté de la chose : à Roland-Garros, ce n'était pas arrivée depuis 1983, lors d'un match entre Chris Evert et Evonne Goolagong. A l'échelle des quatre tournois Majeurs, ce n'était que la cinquième fois dans l'ère Open. C'est dire.
Mais le prestige d'une confrontation n'est pas toujours gage de sommet une fois sur le court. Ce fut le cas mercredi. De la qualité du tennis à la dramaturgie, il n'a rien manqué. Et c'est sans doute Naomi Osaka qu'il faut saluer prioritairement ici. Swiatek a été à la hauteur de la numéro un mondiale qu'elle est mais, pour être honnête, je ne croyais pas la Japonaise prête à rivaliser et même à dominer la reine de Roland-Garros. Pour rappel, elle a accouché il y a seulement 10 mois. Cela me semblait un peu trop tôt pour déboulonner la patronne. Pas le bon moment, et pas le bon endroit. Roland, la terre battue, c'est la maison de l'une, et presque la Kryptonite de l'autre. Mais Osaka a été sublime.

Une promotion hors pair

Bousculée comme rarement en son royaume, Iga Swiatek avait presque perdu. Un point. Sa vie dans ce tournoi n'a tenu qu'à un point. Il lui a fallu un cran phénoménal, et un brin de tension dans le bras jusqu'ici si assuré de Osaka, pour aligner les cinq derniers jeux et s'en sortir. L'une a été superbe, l'autre magnifique.
Il n'y a qu'un regret à nourrir après un spectacle de cette nature. Que les tribunes du Chatrier aient été aussi dégarnies que celles du stade Louis II un soir de Ligue 1. Mais bon sang, où étaient tous ces gens ? Le temps était si pourri qu'en dehors du Central et du Lenglen, il n'y avait rien d'autre à voir, ni à faire. Se balader dans les allées sous la pluie plutôt que de regarder un sommet de tennis, c'est difficilement concevable. Bref, tant pis pour eux. Et dommage pour elles, qui méritaient un stade plein jusqu'aux ceintres, comme Nadal et Zverev deux jours plus tôt.
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Naomi Osaka face à Iga Swiatek

Crédit: Getty Images

Le grand vainqueur du jour, c'est au fond le tennis féminin tout entier. Deux très belles championnes lui ont offert une promotion hors pair. On a longtemps décrié, parfois moqué le tennis féminin, pour son manque de hiérarchie, son aspect parfois illisible et son absence de stars derrière la figure tutélaire Serena Williams. Mais les temps changent. Swiatek. Sabalenka. Gauff. Rybakina. Toutes sont bien installées au sommet et s'assument en tant que championnes. Si Naomi Osaka peut se mêler à nouveau dans cette lutte sur les hauteurs, ce sera une bonne nouvelle de plus.
Malgré la déception que l'on imagine immense pour elle, à chaud, la double gagnante de l'US Open et de l'Open d'Australie a signé son retour ce mercredi. C'est une autre forme de victoire. Le circuit WTA ne m'a pas semblé aussi excitant depuis la fin des années 90, quand Steffi Graf était encore là, que Martina Hingis, dans toute sa jeunesse et son intelligence, sublimait la science tactique la plus ultime, et que les sœurs Williams s'annonçaient. Ça pimentait de partout, et nous n'en sommes plus très loin. Mercredi, nous y étions. Alors merci Naomi, merci Iga. Merci les filles. On en redemande.
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