Roland-Garros | Novak Djokovic après sa victoire au 2e tour : "En dehors des Grands Chelems, j'ai du mal à me motiver"

Un break concédé d'entrée et un petit problème avec un spectateur durant un échange. Voilà les deux seules ombres au tableau du 2e tour de Novak Djokovic ce jeudi. Le tenant du titre et numéro 1 mondial a donc connu une journée au boulot plutôt tranquille, de celles qu'il n'a pas beaucoup vécues lors de cette saison mouvementée pour lui. Sans aucun trophée encore en poche en 2024, s'est-il donc déjà un peu rassuré après ces deux premières victoires – 6-4, 7-6, 6-4 contre Pierre-Hugues Herbert et 6-4, 6-1, 6-2 contre Roberto Carballes Baena – sans perdre le moindre set ?

"J'ai toujours la conviction que je peux gagner un Grand Chelem à l'intérieur de moi. C'est la raison pour laquelle je joue encore à ce niveau. C'est pour ça que je suis ici, a-t-il insisté en conférence de presse. A cet âge, je ne continuerais plus à jouer au tennis professionnel si je ne croyais pas que j'avais la qualité pour aller au bout. Je sens toujours que j'ai le jeu pour aller loin. Mais je ne me projette pas trop, parce que ma préparation pour Roland-Garros n'a pas été super. Je suis très conscient de ce qu'il faut faire quotidiennement pour monter en puissance au fur et à mesure du tournoi et avoir mon pic au bon moment."

Indépassable dans la maîtrise du format long et dans la capacité à sortir le meilleur de lui-même quand il en a le plus besoin, Djokovic a affiché un niveau de concentration bien plus élevé ce jeudi que la semaine dernière à Genève ou lors du reste du printemps. Signe que le fauve est toujours là, prêt à surgir. Mais les soubresauts récents dans son entourage – séparations avec son agent, son coach Goran Ivanisevic ou encore son préparateur physique – posent question. Est-il moins combatif et obsessionnel ou recherche-t-il des solutions pour sortir de cette passe difficile à son échelle ?

Sans faire le lien avec ses décisions récentes, Djokovic a concédé que la flamme était moins présente. Du moins quotidiennement. "J'ai dit récemment que j'avais du mal à me motiver de manière constante, c'est-à-dire de garder toujours la motivation que j'ai eue pendant plus de 20 ans de tennis professionnel. Je savais que ce moment allait arriver tôt ou tard : avoir des semaines sans pour ainsi dire, lors desquelles j'ai du mal à me pousser et à produire ce qu'il faut produire sur le court. Mais vous savez, en termes d'engagement dans les semaines d'entraînement, ça n'a pas baissé, honnêtement. Peu importe ce que veut me voir faire mon équipe, je le fais. Je ne sèche aucun jour sur les courts d'entraînement ou en salle de gym, ou quoi que j'aie à faire en termes de préparation physique ou mentale", a-t-il nuancé.

Reste qu'à terme, ce problème de motivation en compétition pourrait avoir des conséquences aussi dans les Majeurs. Parce qu'en gagnant moins voire pas du tout dans toutes les autres épreuves, Djokovic finira fatalement par manquer de confiance au moment-clé quand les enjeux majeurs se présenteront. Lui-même en est conscient, les modifications récentes dans son équipe sont peut-être le signe d'une recherche de fraîcheur mentale. Surtout après une saison 2023 aussi éreintante qu'extraordinaire.

"C'est vrai que dans ma tête, je suis presque exclusivement concentré sur les Grands Chelems et les Jeux Olympiques cette année, et sur le fait de jouer pour mon pays. C'est ce qui m'inspire le plus aujourd'hui, a-t-il enfin confirmé. Les autres tournois… ça ne sonne peut-être pas juste parce que ce sont des tournois importants qui font partie du circuit ATP – que j'ai sillonné pendant tant d'années et que je sillonne toujours – et qui ont fait ma carrière et mon succès. Mais oui, ça devient un petit peu plus un défi pour moi de me pousser sur chaque tournoi pour être vraiment au top." Saura-t-il le relever ? La suite de cette quinzaine et de cette saison surchargée le dira.