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Roland-Garros - Gaël Monfils et l'éternelle recherche du souffle épique

Laurent Vergne

Mis à jour 30/05/2024 à 17:20 GMT+2

Comme Rafael Nadal, Gaël Monfils bataille depuis 19 ans à Roland-Garros. Evidemment, sans la même réussite en matière de résultats. Mais le vétéran tricolore est toujours en quête d'émotions fortes et, dans ce registre, il a rarement été avare. Jeudi soir, face à Lorenzo Musetti, il aimerait à nouveau donner vie à cette atmosphère incandescente qu'il affectionne.

Gaël Monfils, Roland-Garros 2024.

Crédit: Getty Images

Promis, le parallèle avec Rafael Nadal va s'arrêter là, mais comme lui, Gaël Monfils traîne ses guêtres et ses raquettes à Roland-Garros depuis 2005. Cette année-là, l'Espagnol avait remporté le premier de ses 14 titres porte d'Auteuil. Le Français, lui, avait disparu dès le premier tour. Mais ne comparons pas, ce serait injuste, puisque rien ni personne n'est comparable à ce qu'a accompli Nadal ici. Si l'on s'y réfère, c'est pour rappeler que, mine de rien, Monfils aussi fait preuve d'une sacrée longévité et Roland-Garros peut en témoigner encore plus que d'autres. Il n'a jamais gagné ce tournoi, il ne le gagnera jamais, mais il en a souvent été un personnage.
Monfils, ici, c'est une demi-finale, plus trois autres quarts, et, au total, huit présences en seconde semaine. Il a remporté quelques matches cultes et il en a perdu certains tout autant mémorables. Au hasard, et sans hiérarchiser, sa victoire contre Pablo Cuevas en 2015 (après avoir été mené deux sets à un et 4-1 dans le 4e) ou celle contre David Ferrer en 2011 (8-6 au 5e set), ou bien sa défaite face à Fabio Fognini en 2010 sur le Central. Et d'autres. Il a parfois transformé Roland en volcan, plus que n'importe quel autre joueur, ou semé des tonnes de frustration. Mais avec la Monf', il se passait souvent quelque chose.

Plus un joueur de terre, mais un joueur de Roland

Alors qu'il file vers son 38e anniversaire, et que l'on ignore combien de temps il sera encore dans les parages, ici comme ailleurs, c'est peut-être ça qui le fait encore courir. Cette quête du frisson, du souffle épique, cette recherche de l'émotion pour l'émotion. Pour la vivre et pour la transmettre ce qui, chez lui, a toujours été indissociable. A ce titre, son bref passage en 2023 s'inscrivait parfaitement dans ce registre. Monfils ne gagnait plus un match. Il ne jouait plus beaucoup, depuis quelques mois, et naviguait autour de la… 400e place au classement ATP. Face à lui, Sebastian Baez. Un Argentin. Un pénible. Quand il a été mené 4-0, balle de 5-0 contre lui au 5e set, c'était fini. En théorie. Mais Monfils et la théorie, ça fait parfois deux.
Sorti vainqueur de ce match dans un night session brûlante, le Parisien n'était même pas en état de venir sur le court au 2e tour. Mais il avait laissé une des images fortes de l'édition 2023. C'est cela, son palmarès, à Monfils. Pas de grands titres, mais de grands souvenirs. Souvent fugaces, parfois frustrants, mais ils existent. Ce n'est pas vrai pour tout le monde. Il y a quelques années, j'avais parlé à son propos des "charmes et des limites d'une bête de scène". Je crois que c'était après sa victoire contre Canas, justement. Il faut en savourer les charmes et en accepter les limites. Monfils se prend avec le bon et le mauvais.
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Trop chauvins ou trop timides : les spectateurs français en font-ils trop ?

Comme souvent ces dernières années, il a débarqué à Roland-Garros avec un minimum de matches dans les jambes. De matches gagnés, encore moins. Mais contre Thiago Seyboth Wild (le bourreau de Daniil Medvedev l'an passé), au 1er tour, il a rappelé qu'à défaut d'être encore un joueur de terre battue, il pouvait être un joueur de Roland-Garros. "Je suis content d'avoir montré que même si je n'ai pas très bien joué sur terre battue, je savais qu'à Roland-Garros, j'allais performer", dit-il.

Le choix des mots

"J'aime ne pas décevoir, s'est ensuite enorgueilli Monfils après son succès contre le Brésilien. Gagner ou perdre, il faut performer et ce soir (lundi soir, NDLR), j'ai réussi." Le choix des mots est marrant et tout sauf anodin. Il parle de performer. Comme un showman. Une bête de scène montée sur scène, justement, pour performer. Comme pour un concert. Un show. Forfait à Lyon la semaine dernière parce qu'il était malade, il restait certain de pouvoir livrer la prestation attendue. Ce qui ne signifie pas, chez lui, une garantie de résultats, mais en donner pour son argent.
"Ici, c'est différent, dit-il. Je savais que j'allais retrouver mes sensations, que je pourrais jouer. A partir de là, je savais que pouvais performer. Je ne sais pas si j'allais bien jouer, mais performer." Vu son tableau, l'horizon de Gaël Monfils est bouché dans ce Roland-Garros. La perspective d'un troisième tour contre Novak Djokovic règle la question de ses ambitions. OK, ce n'est pas le grand Djokovic (pour le moment en tout cas) cette année, mais enfin, nous parlons d'un joueur qui ne perd jamais ou presque contre les Français, encore moins sur terre battue.
Puis, avant cela, Lorenzo Musetti se présente sur sa route jeudi, à nouveau en session nocturne. L'Italien, plus jeune et mieux classé, sera favori. Mais c'est un match pour Monfils, on veut le croire. Pas forcément pour gagner, mais pour performer. Pour (faire) vivre quelque chose de spécial. Il est prêt. Prêt à jouer avec le public. A aller le chercher. "Quand tu as plus d'adrénaline, tu te sens un peu plus conquérant, tu vas de temps en temps plus dans tes coups, explique l'ancien numéro 6 mondial. Tu as un boost d'énergie, c'est exceptionnel." Alors, que Monfils libère à nouveau la bête (de scène) qui est en lui.
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Gaël Monfils au 1er tour de Roland-Garros, le 27 mai 2024.

Crédit: Getty Images

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