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Roland-Garros a dit un premier adieu à son roi, Rafael Nadal

Christophe Gaudot

Mis à jour 27/05/2024 à 22:44 GMT+2

L'homme aux quatorze titres à Roland-Garros a peut-être disputé son dernier match sur la terre battue parisienne ce lundi. Alors, forcément, cette journée était très particulière dans les travées du Grand Chelem parisien. Des fans à Rafael Nadal lui-même en passant par Novak Djokovic, Carlos Alcaraz ou Iga Swiatek, tout le monde savait que ce serait un moment à part, historique.

Corretja : "Je suis à la fois triste et content pour Rafa"

2005, 2006, 2007, 2008, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2022… Quand Marc Maury se lance dans la longue liste des titres de Rafael Nadal à Roland-Garros, il sait qu'avec la litanie des chiffres grimpe la tension. Ce lundi, 19 ans après son premier match sur cette terre sacrée, l'Espagnol a peut-être fait son dernier tour de piste sur sa terre chérie. S'il a refusé la cérémonie que le Grand Chelem lui proposait, Nadal n'a rien pu face à l'ambiance si particulière d'une fin de règne. Et l'amour que tout Roland-Garros a voulu lui témoigner.
Il fallait être chanceux ou avoir payé très cher une place de dernière minute pour assister ce lundi au possible dernier discours d'un roi. Puisque Roland-Garros avait décidé de ne pas faire d'exception et ne pas attribuer à l'homme qui l'a dompté 14 fois un statut spécial et que Marie-José Pérec avait eu la main très lourde au tirage, ce lundi 27 mai pouvait entrer dans l'histoire, celle du tournoi, celle de Nadal aussi.

Le "Court Rafael Nadal" ?

Pour célébrer une légende, un modèle pour des millions de personnes, il fallait être là. Sid, Californien d'une trentaine d'années, n'a pas attendu 2024 pour voir jouer son idole, à Indian Wells ou à l'US Open. Mais Roland-Garros, c'est autre chose évidemment alors qu'importe s'il a fallu dépenser des milliers d'euros, il était là, trépignant d'impatience avant d'entrer sur ce court Philippe-Chatrier dont Nadal est le roi incontesté et que certains fans, à croire leur affiche, souhaiterait voir renommer "Court Rafael Nadal".
Si cette journée devait être triste, la météo s'était mise au diapason. Gris comme l'humeur de ceux qui ne croyaient pas vraiment à l'exploit face à un Alexander Zverev trop fort pour ce "Rafa" là. Humide aussi comme les yeux de Xisca Perello, la femme du Majorquin, qui portait sur ses genoux Rafael Nadal junior, cet enfant qui, né en octobre 2022, n'a jamais vu son père triompher dans le tournoi le plus important de son histoire de joueur, d'homme aussi.
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Xisca Perello et Rafael Nadal Junior

Crédit: Getty Images

Encore fallait-il être là donc et s'il devait faire le pied de grue pour espérer accrocher une place de dernière minute, Axel était prêt. Fan de Nadal depuis la première heure, il a acheté une place sur le Central pour les matches de… mardi. Il verra Novak Djokovic, le rival honni, mais pas son idole. Ainsi va la vie dans un tournoi du Grand Chelem à la programmation toujours incertaine en début de quinzaine.
Aujourd'hui ce n'était pas un 1er tour, c'était comme une grande finale
"Aujourd'hui ce n'était pas un 1er tour, c'était comme une grande finale, nous confie Alex Corretja, qui en a vécu des Roland-Garros de l'intérieur. Tout le monde était là avant le match, il y avait cette ambiance… C'est la première fois de ma vie que je vois le 1er tour d'un Grand Chelem avec cette ambiance." Il restait bien quelques sièges vides ici et là mais on pouvait les compter sur les doigts de quelques mains quand Rafael Nadal est entré sur le court, acclamé comme jamais. Les médias, ceux qui plus tard allaient déroger au protocole et l'applaudir à sa sortie de conférence de presse, occupaient eux chacune des places qui leur étaient réservées. On n'arrive pas en retard quand l'histoire vous donne rendez-vous.
Dans une assistance chaude et bruyante comme jamais, toute prête à croire l'exploit possible, à espérer que l'histoire n'allait pas se terminer comme là, comme ça, on avait repéré des têtes connues. Iga Swiatek venue voir jouer l'idole, Carlos Alcaraz soutenir son modèle et, comble de la classe, Novak Djokovic, qui n'allait pas rater la sortie de celui qui l'a tant fait souffrir ici et à qui il a su, parfois, rendre la pareille. Deux numéros un mondiaux et le successeur annoncé, voilà qui classe un moment.

Djokovic, Alcaraz et Swiatek étaient là

"D'une certaine façon c'est normal qu'ils soient là s'il s'agissait de la dernière fois que je jouais ici, a confié Nadal. Si je savais que c'était la dernière pour Novak à Wimbledon ou Melbourne… Les jeunes comme (Carlos) Alcaraz, sans doute, m'ont-ils regardé à la télévision. C'est normal qu'ils aient eu envie de suivre mon match avec mon histoire dans ce tournoi. Je suis heureux, ça veut dire que j'ai laissé un héritage positif ici et pendant ma carrière."
Non, Rafael Nadal n'a pas annoncé sa retraite, pas plus qu'il a assuré qu'il ne reviendrait pas à Roland-Garros en 2025. Pris entre l'envie de respecter le souhait de son champion et celle de le célébrer quand même, Roland-Garros a dépêché Amélie Mauresmo, sa directrice, pour lui demander de rester sur le court, pour l'interview du perdant, ce qui n'arrive jamais, hors finale, mais ce lundi ressemblait bien à l'ultime match du tournoi.
Ce long monologue sur le court, ces quelques mots en français, n'étaient pas un discours d'adieu mais ils trahissaient l'envie chez Nadal de ne pas partir, en catimini, sans rien dire. Lui aussi, surtout lui en fait, ne sait pas de quoi sera fait demain. En attendant, il a pu dire à Roland-Garros à quel point il aime ce tournoi et le public parisien lui a rendu tout ce qu'il méritait.
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