Roland-Garros 2024 - Rafael Nadal éliminé au 1er tour par un Alexander Zverev impeccable (6-3, 7-6, 6-3)

Il a été fidèle à lui-même. Fidèle à sa légende. Rafael Nadal a tout donné, jusqu'au bout sur son court Philippe-Chatrier. Mais face à cet Alexander Zverev-là, tout juste sacré à Rome, tous ses efforts ont été vains. L'Allemand, tête de série 4 de ce Roland-Garros 2024, a joué à un très haut niveau de tennis pour empêcher le Majorquin de l'embarquer dans un beau traquenard lundi au 1er tour. Il a imposé sa loi en trois sets accrochés (6-3, 7-6, 6-3) et 3h05 de jeu, malgré un public acquis à la cause de son adversaire. Au 2e tour, il affrontera Giovanni Mpetshi Perricard ou David Goffin.

"Je ne sais pas si c'était mon dernier match ici, mais j'ai apprécié ce moment." Au micro de Marc Maury, Rafael Nadal avait des raisons d'être satisfait malgré la défaite. Certes, le Majorquin a peut-être terminé son aventure à Roland-Garros sur une défaite d'entrée. Mais il n'aura pas à en rougir. Car face à l'un des joueurs les plus en forme du moment, il a existé et même bien rivalisé par séquences. Ce Nadal-là serait passé face à pas mal de monde dans le tableau, et c'est peut-être ce que regretteront la plupart de ses admirateurs.

Pourtant, le scénario redouté d'une fessée indigne de ce combattant ultime aurait pu prendre forme quand Nadal a concédé son service blanc d'entrée. Mais progressivement, le Taureau de Manacor s'est lâché pour opposer une résistance plus qu'intéressante au longiligne Allemand. Une fois le premier set perdu logiquement, il a haussé son intensité après avoir sauvé deux balles de break à 2-1 dans le deuxième. Dès que l'occasion se présentait, il s'est mis à agresser Zverev en décalage de coup droit décroisé et aussi dans des zones courtes croisées en revers. Il s'est aussi montré particulièrement à l'aise au filet (19 points gagnés sur 21 montées).

En s'emparant pour la première fois du service adverse dans la foulée (6-3, 2-3), Nadal a emmené avec lui un Chatrier prêt à exploser dès la présentation des joueurs quand Marc Maury a énuméré les 14 titres du Majorquin. Combatif comme à ses plus belles heures, sautant comme un cabri, il a trouvé de plus en plus de longueur dans ses coups jusqu'à servir pour égaliser à un set partout à 5-4. Mais Zverev a alors montré pourquoi il était le grand favori de cette partie. Tout en puissance et en timing, aussi bien en revers long de ligne qu'en coup droit de l'autre côté, il a asséné les uppercuts les uns après les autres pour faire le débreak blanc. Tant et si bien qu'une fois revenu au score et après avoir enlevé le jeu décisif 7 points à 5, il a un peu éteint le court central.

Nadal, lui, ne s'est pas résigné. Après avoir encore sauvé des balles de break, il est reparti à l'abordage pour s'emparer à nouveau de la mise en jeu adverse d'entrée de troisième manche (6-3, 7-6, 0-2). Le fol espoir de le voir se lancer dans un exploit digne de la finale de l'Open d'Australie 2022 contre Daniil Medvedev a parcouru quelques moments les plus fervents de ses supporters. Mais sans s'affoler, Zverev a repris son travail de sape et a refait son retard. L'Allemand a été aussi impressionnant au service (77 %) que dans une diagonale revers qui l'a vu régulièrement prendre le dessus sur le coup droit lasso de gaucher de l'Espagnol.

A 3-3, d'un retour de revers long de ligne laser, il a planté la banderille la plus meurtrière dans le flanc du Taureau de Manacor, pour ne plus regarder en arrière. Avec 44 coups gagnants et une volonté constante d'aller vers l'avant (19 points sur 30 montées), Zverev n'a jamais dévié de son plan agressif. Le genre de stratégie qui pourrait bien le mener très loin dans ce tournoi. Quant à Nadal, par sa qualité à la relance, des fulgurances retrouvées comme un passing-réflexe de coup droit sur un smash adverse, et un physique en nette progression, il a prouvé qu'il était loin d'être fini. Si son corps le lui permet, bien sûr.