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Roland-Garros 2024 | Jasmine Paolini, le tournoi de sa vie : "Ça semble impossible mais c'est vrai"

Maxime Battistella

Mis à jour 08/06/2024 à 13:01 GMT+2

Elle est la sensation de cette édition 2024 de Roland-Garros dans le tableau féminin. A 28 ans, Jasmine Paolini, 15e mondiale, est la première Italienne à atteindre la finale Porte d'Auteuil depuis douze ans. Face à l'ultra-favorite Iga Swiatek, elle n'aura évidemment rien à perdre samedi et c'est peut-être sa plus grande force, car avec l'expérience, sa mentalité a évolué.

Jasmine Paolini à Roland-Garros en 2024

Crédit: Getty Images

Comme si de rien n'était, elle a fait son petit bonhomme de chemin. Alors que Jannik Sinner, futur numéro 1 mondial, monopolisait l'attention de toute l'Italie, Jasmine Paolini a suivi l'exemple pour finir par faire mieux. Car si son célèbre compatriote a échoué de peu en demi-finale face à Carlos Alcaraz, elle sera bien au rendez-vous de la finale dames samedi face à l'épouvantail Iga Swiatek. La surprise est aussi grande que l'Italienne est petite (1,63 m). Un mini-format de plus en plus rare dans le tennis féminin, qui ne l'a pas empêchée de sortir une géante de la trempe d'Elena Rybakina (1,84 m) en quart de finale.
Paolini n'a découvert la seconde semaine d'un Majeur qu'en Australie cette année. C'est dire si la voir jouer un trophée du Grand Chelem a quelque chose de surréaliste, surtout dans un contexte où la hiérarchie est de plus en plus fortement établie. "Je rêvais d'être joueuse professionnelle, mais je n'ai jamais rêvé d'être numéro 1 mondiale ou championne en Grand Chelem. Je n'ai jamais rêvé si grand. Jamais. Je n'ai peut-être jamais rêvé non plus d'être dans le Top 10, mais j'espérais sans y croire vraiment. Je pense que petit à petit, j'ai commencé à y croire, et à rêver mais de choses plus accessibles", a-t-elle confié en conférence de presse après sa victoire en demi-finale.
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Jasmine Paolini durant sa demi-finale à Roland-Garros en 2024

Crédit: Getty Images

Sauvée par le double et... Errani avant Roland

Ce manque de confiance en elle voire d'ambitions est vraisemblablement ce qui l'a longtemps freinée. "Je pense que ce n'est pas si positif, parce que c'est important de rêver, a-t-elle souligné. Pour moi, c'est surprenant de voir des interviews de Nole enfant qui disait qu'il voulait être numéro 1 mondial et gagner Wimbledon. Je n'ai pas rêvé de ça quand j'étais enfant. C'est incroyable de voir Jannik quand il avait 15 ans dire que son rêve était d’être numéro 1. Je n'ai jamais rêvé d'être en finale de Grand Chelem et j'y suis. Je ne suis pas le même genre de personne."
Jasmine Paolini ne sort pas de nulle part pour autant. Depuis quelques mois, sa progression est constante car elle a cessé de faire des complexes avant même d'entrer sur le court. En fin de saison dernière, l'Italienne au coup droit explosif atteignait ainsi pour la première fois de sa carrière les 30 meilleures places du monde. Et depuis janvier, elle poursuit sur la même dynamique. Outre son 8e de finale australien, elle a conquis en février sur dur le premier WTA 1000 de sa carrière à Dubaï, son 2e titre sur le circuit, en battant au passage une membre du Top 10, Maria Sakkari. Et en avril sur la terre battue de Stuttgart, elle avait déjà posé des problèmes à Rybakina avant que cette dernière ne gagne le tournoi.
Mais il faut convenir qu'elle n'abordait pas ce Roland-Garros dans les meilleures conditions puisqu'elle avait perdu d'entrée à Rome voici un mois contre Mayar Sherif, alors 80e mondiale. Alors quel est son secret ? "Mayar est vraiment dure à jouer sur terre, et les conditions à Rome tard dans la nuit n'étaient pas les meilleures pour moi. Je l'ai accepté et je me suis concentrée sur le double que nous avons gagné. Je pense que rester ainsi dans le tournoi m'a apporté des ondes positives. Mais vous savez, ça peut arriver en tennis. Chaque semaine est différente et est un nouveau défi. Il n'y a que quelques joueuses qui peuvent confirmer semaine après semaine. C'est incroyable ce que les meilleurs, comme Iga, Nole et Jannik, font", a-t-elle expliqué.

Dans la plus pure tradition des surprises italiennes

Le double l'a donc maintenue à flot, tout comme sa partenaire, une certaine Sara Errani, dernière Italienne à avoir atteint une finale à Roland-Garros en 2012 (battue par Maria Sharapova). Il n'est pas interdit d'y voir un certain signe, d'autant que l'intéressée assiste à tous les matches de Paolini dans sa box et lui prodigue les conseils avisés d'une joueuse qui a traversé les mêmes émotions. Elles ont d'ailleurs ensemble aussi validé leur billet pour la finale du double dimanche. L'aventure est donc bien collective.
Inspirée par d'autres compatriotes aux destins aussi brillants que surprenants – Francesca Schiavone sacrée en 2010 alors qu'elle était tête de série 17 à Roland-Garros ou Flavia Penetta titrée à l'US Open 2015 en tant que tête de série 26 à 33 ans –, Paolini a encore du mal à croire en son étoile. "Je regardais plus jeune les autres Italiennes aller en finale et gagner des Grands Chelems. Mais m'imaginer que je pouvais le faire, c'était dur, s'est-elle encore rappelée. Bien sûr, je l'espérais mais c'est fou pour moi. Je suis vraiment heureuse. Aussi surprise. Je ne sais pas. Ça semble impossible, mais c'est vrai."
Comme dans un rêve, de ceux qu'elle n'osait même pas faire, Paolini continue de se laisser porter, sourire éclatant aux lèvres. Et finalement pourquoi ne pas rejouer le mythe de David contre Goliath samedi ? Cela semble impossible, mais ça pourrait être vrai.
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