Roland-Garros 2024 | Iga Swiatek après son avertissement au public : "Je ne veux pas être ciblée maintenant"

Sur le moment, la sortie a paru un peu particulière, sinon déplacée. Alors qu'Iga Swiatek venait de survivre à l'ouragan Naomi Osaka sous le toit du court Philippe-Chatrier et que les spectateurs étaient encore ébahis par la qualité du tennis proposé, elle leur a adressé une remontrance inattendue mercredi. Censée répondre aux questions d'Alex Corretja après sa victoire in extremis, quasi-miraculeuse au 2e tour, elle a pris le micro et s'est adressée directement à la foule en ces termes.

"Je suis désolée d'en parler, j'ai beaucoup de respect pour vous, mais on joue pour vous, parce que c'est un spectacle. Mais parfois, il y a beaucoup de pression, si vous criez pendant l'échange ou avant un retour, c'est très dur de se reconcentrer. Je dis ça parce que je suis le genre de joueuse qui doit être dans sa bulle. C'est très sérieux pour nous, on consacre notre vie à chercher à être toujours meilleure, c'est pour ça que c'est très difficile à accepter", a-t-elle asséné.

Et Swiatek de poursuivre : "Il y a beaucoup d'argent en jeu, et un ou deux points peuvent tout changer. S'il vous plaît, vous pouvez crier et nous soutenir entre les échanges, mais pas pendant, ce serait incroyable. J'espère que vous continuerez à m'aimer, parce que le public français a tendance à avoir des têtes de turc qu'il siffle. Mais je vous aime, j'adore toujours jouer ici." Comme première réaction après un match d'un si haut niveau, on a connu plus enthousiaste.

Alors que reprochait la Polonaise au public du court Philippe-Chatrier dont les premiers rangs étaient d'ailleurs assez dégarnis ? En fin de match, alors que la balle tombait de très haut, elle a notamment manqué une volée liftée délicate. Elle s'est alors plaint que les spectateurs avaient manifesté alors qu'elle exécutait son coup. Mais, à l'entendre en conférence de presse, ce n'était pas la seule raison ni la seule occurrence du phénomène.

"Quelqu'un a crié quand la balle volait encore vers moi. Je sais que je ne devrais pas me laisser distraire, mais parfois, c'est dur, parce que dans le tennis, nous sommes habitués à ce que le stade soit silencieux pendant le point. C'est arrivé à plusieurs reprises, surtout avant les retours et c'est pour ça que je voulais m'exprimer sur le sujet. Si ça n'était arrivé qu'une fois, j'aurais laissé filer. Mais je sais que le public français peut être dur, donc je ne veux pas être ciblée maintenant", a-t-elle lâché avec le sourire.

Les propos de la numéro 1 mondiale font écho à ceux de David Goffin mardi qui s'était plaint d'avoir fait l'objet d'insultes et même d'un crachat d'un spectateur lors de son match face à Giovanni Mpetshi Perricard sur le court 14. Le traitement subi par le Belge était intolérable, dans une ambiance d'autant plus exacerbée par le fait qu'il affrontait un Français. Iga Swiatek n'a pas subi le même sort sur le court Philippe-Chatrier où le public est souvent plus policé et surtout plus éloigné des acteurs. Alors a-t-elle fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose ?

Son adversaire malheureuse du jour n'a en tout cas pas vécu la rencontre de la même manière qu'elle. "Je pense que le public a été vraiment cool", a estimé Osaka. Avant de détailler sa pensée : "Ce sont les moments pour lesquels je vis. J'ai l'impression que le public s'amuse et en fin de compte, c'est ce que je veux le plus. Que je gagne ou que je perde, je veux que les gens se disent : 'J'ai regardé ce match et j'ai passé un super moment.' Je n'ai pas eu de problème avec le public du tout. Mais je suis aussi habituée à celui de New York."

Deux fois titrée à Flushing Meadows, Naomi Osaka avait en effet résisté à Serena Williams et à la furia de ses fans américains sur l'immense court Arthur-Ashe (23 000 places) dans une finale à l'intensité dramatique exceptionnelle un soir de 2018. Pourtant, comme Swiatek, la Japonaise n'est pas la joueuse la plus extravertie du circuit et a aussi eu du mal à accepter certaines remarques déplacées de spectateurs aux intentions douteuses par le passé. Une chose est certaine : le débat sur l'évolution des comportements du public dans le tennis fait plus rage que jamais. Swiatek a remis une pièce dans le juke-box.