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Roland-Garros 2024 | En pleine bourre, que fait mieux le tennis italien que le tennis français ?

Maxime Battistella

Mis à jour 06/06/2024 à 12:18 GMT+2

Avec Jannik Sinner, futur numéro 1 mondial en demi-finale chez les messieurs à Roland-Garros, et Jasmine Paolini aussi dans le dernier carré chez les dames, le tennis italien brille. Et au-delà de ces deux résultats bruts, chez les messieurs, la nouvelle génération transalpine a fait le spectacle dans cette quinzaine et les Français en ont fait notamment les frais. Mais quel est leur secret ?

Visuel tennis italien à Roland-Garros en 2024

Crédit: Quentin Guichard

Qu'ont en commun Adrian Mannarino, Arthur Fils, Ugo Humbert, Alexandre Müller, Gaël Monfils, Richard Gasquet et Corentin Moutet ? Ils sont tous Français et ont subi la loi de joueurs italiens à Roland-Garros. De Giulio Zeppieri, 148e mondial, à Jannik Sinner, numéro 2 (et futur numéro 1), les Transalpins ont fait bien des misères à nos représentants dans le simple messieurs. Pourtant, ils n'évoluaient pas à domicile, ne pouvaient pas compter sur l'énergie du public pour les sublimer mais ils y sont arrivés. Et cette insolente réussite pose évidemment question.
Que font donc mieux que nous nos voisins transalpins ? Est-ce un problème de politique sportive générale ? Interrogé en conférence de presse sur le sujet, Ivan Ljubicic, le directeur du haut niveau à la Fédération française de tennis (FFT) était partagé.
"Je ne crois pas vraiment dans un système et je l'ai déjà dit. Le système forme la mentalité, l'attitude générale, mais pas les joueurs de très haut niveau. En Italie, on connaît la structure : ce ne sont que des projets individuels, a-t-il insisté. Sinner n'a pas joué un jour dans les structures fédérales. Il a fait des sessions d'entraînement en groupe et a participé à des blocs d'entraînement, mais pas un jour à la fédération. Et pour les autres joueurs, c'est pareil. Que fait la fédération ? Elle est là au cas où les joueurs ont besoin de quelque chose en termes de structure ou de services."

Moins d'effectifs, plus de projets individualisés

Avant d'ajouter, plus nuancé : "La vérité, c'est qu'en Italie, ils ont quelque chose qui est impossible en France : un président de la fédération en poste depuis 22 ans (Angelo Binaghi en poste depuis 2001, NDLR). Donc, ils ont de la continuité en termes de projets. C'est quelque chose qu'on ne peut pas faire en France ou dans n'importe quel autre pays. Ils ont sans doute fait des erreurs mais ils ont beaucoup investi dans le Masters en Italie ou pour accueillir une partie de la phase de groupes de la Coupe Davis. Il ne s'agit pas que d'argent, mais d'état d'esprit, d'attitude vis-à-vis du tennis et de fonctionnement."
Ajoutez à cela le fait que le président de l'ATP Andrea Gaudenzi est aussi Italien et vous comprenez que le pays a de plus en plus d'influence dans le monde de la petite balle jaune. Mais le défaut français n'est en effet pas à chercher dans la formation générale. La FFT produit toujours une grande densité de joueurs dans le Top 100. Cette semaine, ils sont 11 à y figurer contre 9 Italiens, et du côté féminin, l'égalité est parfaite à ce niveau, puisque 5 Françaises et 5 Italiennes font partie de cette élite.
Sinner tire les autres vers le haut
Alors qu'est-ce qui fait vraiment défaut au tennis tricolore ? Probablement une locomotive. "Dans cette génération, Sinner tire vers le haut les autres, a ainsi aussi souligné Ljubicic. C'est comme un pilier, et c'est ce dont on manque en France. Si on regarde le nombre de joueurs dans le Top 100, 200, nous sommes meilleurs qu'en Italie. Mais Sinner, Musetti, Arnaldi, qui sont excellents, sont le fruit de projets individuels."
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Lisnard : "Moutet fait du bien au tennis dans sa globalité"

En regardant Jannik Sinner casser les plafonds de verre les uns après les autres, ses compatriotes croient ainsi davantage en leurs chances. Le parcours de Matteo Arnaldi, tombeur d'Andrey Rublev et pas loin d'accrocher aussi Stefanos Tsitsipas à son tableau de chasse, a été remarquable. Et au-delà du talent de Lorenzo Musetti qui a encore poussé dans ses retranchements Novak Djokovic et qu'on ne découvre pas, la performance d'un Flavio Cobolli, tout près de s'offrir le scalp de Holger Rune, a aussi bien animé la première semaine.

Des Bleus moins formés sur terre mais appelés à percer

Il y a aussi fort à parier que Jasmine Paolini s'est inspirée du futur numéro 1 mondial pour pousser toujours plus loin son aventure et connaître à 28 ans sa première demie en Grand Chelem. La France ne manque pas de jeunes au potentiel certain, mais encore d'un joueur phare. Avec les caps franchis en début de saison par Ugo Humbert (titré notamment à Dubaï en battant Hubert Hurkacz et Daniil Medvedev) qui se rapprochait du Top 10, elle croyait l'avoir trouvé. Et peut-être le Messin le sera-t-il à l'avenir, mais ses limites sur terre battue l'ont empêché d'entraîner les autres dans son sillage.
L'ocre est sans doute une surface plus naturelle pour les Italiens, plus fréquemment formés dessus et ce même s'ils n'ont pas de Grand Chelem à domicile. Alors pourquoi ne pas espérer davantage de percées dans les Majeurs sur dur ou gazon pour nos Bleus ? Après tout, il y a eu des Français en seconde semaine à Melbourne et à Paris et c'est déjà un progrès. "Nous pouvons nous rappeler aussi que ces 20 dernières années, le niveau du tennis masculin italien n'était pas bon et que ça a changé, a rappelé Ljubicic. Nous avons besoin d'une génération avec de l'émulation, et j'espère vraiment et je crois que la génération de joueurs née en 2002, 2003 et 2004 (Cazaux, Fils, Van Assche, Mpetshi Perricard, NDLR) va changer les choses."
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