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Roland-Garros 2024 | Corentin Moutet : "Je suis content d'avoir pu changer l’image que les gens me collaient"

Cyril Morin

Mis à jour 03/06/2024 à 08:37 GMT+2

Corentin Moutet n'aura pas réussi l'exploit ce dimanche face à un Jannik Sinner qui a mis un set à prendre la mesure de cet adversaire atypique (2-6, 6-3, 6-2, 6-1). Le Français quitte donc Roland-Garros en 8e de finale mais avec la tête haute et des espoirs pour la suite. Le gaucher a pu constater que sa cote d'amour monte en flèche. "L'écorché" est à part et c'est tant mieux.

Corentin Moutet y a cru face à Jannik Sinner

Crédit: Getty Images

L'espace d'une heure, le Philippe-Chatrier y a cru très fort. Et si ? Et si le fantasque Corentin Moutet parvenait à rendre fou la machine Jannik Sinner, programmée pour ne jamais dérailler, surtout face à plus faible, surtout aussi tôt en Majeur ? L'hypothèse n'a pas résisté à l'épreuve du temps et l'Italien a fini par doucher un public qui ne demandait qu'à vibrer pour le Français, pour sa patte gauche, son jeu varié, ses amorties géniales et ses fulgurances en coup droit. Elle n'a pas résisté, certes, mais elle a existé.
Car, ce dimanche, Moutet a vécu une première manche comme dans un rêve avec des schémas à même de rendre chose même le plus cartésien des tennismen. "C'était très dur pour moi, il a joué un super premier set, reconnaissait d'ailleurs Sinner après coup, méconnaissable et amorphe pendant le show du Français. J'ai eu quelques occasions mais il a quand même bien mieux joué que moi." Le piège était parfait mais il n'a pas tenu dans la durée. Le n°2 mondial est redevenu lui-même et le charme Moutet a fini par s'évaporer face aux coups de butoir adverses (2-6, 6-3, 6-2, 6-1).
Je n'ai pris aucun avertissement pendant quatre matches, ce qui ne m'arrive pas souvent !
Lucide, le Français a justement analysé ce rapport de force qui s'est inversé dans le deuxième set. "C'était évidemment plus compliqué que le premier set, a-t-il admis. C'est dur à expliquer. J'étais plus passif, je pense. J’étais très agressif en deuxième set. Dès que j'avais une occasion de l’attaquer, je le faisais. Cela demande énormément de concentration et d’énergie de toujours être à l'affût de la balle à attaquer. C'est ce que j'ai essayé de faire. […] Je n’ai pas réussi à le faire assez longtemps pour gagner le match. C'est juste ça. Cela se jouait au joueur qui était le plus agressif et ça a été lui."
Pour autant, Moutet s'est accroché, au courage. Un visage de dur au mal qu'on lui connait moins. Mais ses derniers mois, passés à souffrir en espérant retrouver la lumière et un revers à deux mains enfin cohérent, ont renforcé le bonhomme. Oui, il lui arrive encore de s'énerver contre lui-même ou contre l'arbitrage. Mais, au moins sur cette quinzaine, il n'a jamais dérogé à sa ligne conductrice. "J'ai battu de bons joueurs, fait de bons matchs, tenu physiquement, a-t-il déroulé à l'heure de faire le bilan. J’ai eu un bon niveau de concentration. Je n'ai pris aucun avertissement pendant quatre matches, ce qui ne m'arrive pas souvent ! Donc je retiens plein de bonnes choses."
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Corentin Moutet face à Jannik Sinner

Crédit: Getty Images

Il a surtout été inondé d'amour, ce qui le change un peu. "L'écorché", du nom de son premier EP de rappeur, cultivait jusqu'ici une image de joueur colérique au comportement parfois problématique. Moutet a longtemps attendu sa vraie rencontre avec le public français. Elle est venue et il n'est franchement pas déçu. Les doses d'adrénaline et d'affection délivrées tour à tour par le Simonne-Mathieu, le Suzanne-Lenglen et, dans une moindre mesure, le Philippe-Chatrier l'ont poussé à s'ouvrir et à se présenter à ce public français qui adore les bêtes de show dans son genre.

Le petit démon sera toujours là

"Je suis aussi content d'avoir pu changer l’image – enfin 'changer', je n'en sais rien – que les gens me collaient, souvent assez difficile, parce qu'ils ne nous connaissent que sur le terrain, a-t-il détaillé. Je bosse super dur dans l'ombre avec mon équipe. C'est une belle aventure mais compliquée. Donc je suis content. Il y a eu beaucoup de bienveillance, beaucoup d'amour, beaucoup de choses hyper saines pendant cette semaine. J'ai découvert un public différent. J'espère que les gens m'ont découvert sous une forme différente. Ce n’est que du bon pour la suite."
Dans un coin de sa tête, les JO bien sûr où il serait ravi de prendre le sésame d'Adrian Mannarino. Mais, à 25 ans, ce Roland-Garros ouvre de nouvelles perspectives pour le gaucher. Avec ce 8e de finale qui le ramène aux portes du Top 50, il va pouvoir enfin mettre derrière lui sa saison 2023 pourrie par ce poignet droit. Sa singularité, sa personnalité et son tennis en font l'un des joueurs les plus atypiques du circuit. Ce n'est pas un gros mot. Ou, en tout cas, ce n’est plus un gros mot le concernant. Moutet vivra sans doute toujours avec ce petit démon intérieur qui vient le titiller dès qu'il entre sur un court de tennis. Mais, démoniaque, il peut surtout l'être pour ses adversaires. L'espace d'un set, Jannik Sinner en a fait les frais. Et ce fut suffisamment surprenant pour que cela soit rafraichissant.
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Corentin Moutet lors de Roland Garros 2024

Crédit: Getty Images

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