Roland-Garros 2024 | Caroline Garcia sortie : "Je joue comme ça depuis 15 ans, ce n'est pas beau à voir quand j'attends"

Son détachement apparent avait de quoi surprendre. Quand Caroline Garcia s'est présentée devant les journalistes ce mercredi, ses yeux n'étaient pas embués de larmes et sa voix loin d'être chevrotante. A 30 ans, la Lyonnaise a suffisamment roulé sa bosse sur le circuit pour contrôler ses émotions, négatives comme positives. A Roland-Garros, il n'y a malheureusement plus vraiment de quoi se réjouir puisqu'elle n'y a plus atteint la seconde semaine depuis 2020. Pire : comme lors des trois dernières années, elle ne verra même pas le troisième tour, battue sèchement par Sofia Kenin (6-3, 6-3), certes finaliste en 2020 mais 56e mondiale.

La force de cette mauvaise habitude l'a sûrement dissuadée de s'épancher. "C'est la troisième fois qu'on se joue. Elle a un jeu difficile pour moi, elle prend la balle tôt, elle change beaucoup de direction, elle retourne assez bien donc ça m'enlève pas mal de mes points forts, a-t-elle expliqué. Elle fait une saison solide, elle a bien joué à Rome (Kenin y a notamment battu Ons Jabeur, NDLR) et elle était plus forte. Je suis déçue, forcément. Je n'ai pas réussi à imposer mon jeu et c'est ce qui m'a coûté aujourd'hui, elle ne m'a pas laissé beaucoup de place. Au service, je n'ai pas réussi à être aussi dominatrice, j'ai perdu des jeux alors que j'avais des balles pour les faire. C'est là que se situent les regrets."

Après un 1er tour où elle évoluait déjà sur un fil, force est de constater qu'une fois de plus, Garcia n'a pas réussi à lâcher les chevaux Porte d'Auteuil. Mais elle a réfuté toute idée de blocage par rapport au Majeur parisien, faisant justement remarquer qu'elle avait été déjà éliminée au même stade de la compétition à l'Open d'Australie. En revanche, comme elle l'avait déjà exprimé par le passé, elle a confirmé avoir un problème avec le court Philippe-Chatrier.

"Ma relation avec lui ? Compliquée. C'est un court grand, mais autour du court, il y a beaucoup de place. Quand les parties basses du stade ne sont pas très pleines, même si c'est plus rempli en haut, ça peut paraître un peu froid, a-t-elle glissé dans un tacle implicite aux loges souvent vides. J'ai vécu de supers émotions sur ce court, mais aussi de grands moments de solitude. Sur le Lenglen généralement, c'est un peu moins vrai. Sur le Central, les gens sont moins proches, tu n'entends même pas ton équipe parler. C'est vrai que c'est assez inconfortable."

Plaisantant sur la sonnerie d'un portable d'un journaliste dont elle connaissait le thème musical, Garcia a tenté de dédramatiser. Mais ce sourire de circonstance cachait mal une certaine résignation sur sa capacité à briller à nouveau à Roland-Garros. "Quand il fait froid, la terre battue n'est pas une surface qui réussit beaucoup à mon jeu, même si j'y ai fait des bonnes choses de temps à autre. Même si c'est peut-être le tournoi de l'année où j'ai envie d'aller le plus loin… Pour défendre, c'est aussi plus facile sur cette surface, donc tu peux te faire contrer et passer au filet. L'adversaire a plus de temps. A chaque fois, je suis contente de venir sur terre battue, mais quand deux-trois trucs commencent à partir à droite à gauche, ça commence à m'énerver !", a-t-elle lâché en souriant.

Celle qui avait atteint les quarts de finale en 2017 semble s'être fait une raison. Et ce n'est pas cette nouvelle défaite précoce à Roland qui la fera changer de stratégie. Un confrère un brin maladroit qui le lui suggérait l'a appris à ses dépens. "Vous êtes nouveau ?", a interrogé la numéro 1 tricolore avec un humour piquant. "Mon jeu a toujours été comme ça, ça fait 15 ans que je joue comme ça. J'ai envie de garder mon identité de jeu, c'est comme ça que je joue le mieux. J'ai essayé à un certain moment de mettre un petit peu plus d'effet, d'attendre un petit peu plus mais croyez-moi, ce n'est pas très beau à voir !"