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Jean-Paul Loth sur l'évolution de Roland-Garros : "J'avais dit à Chatrier : 'la terre battue c'est fini'"

Bertrand Milliard

Mis à jour 04/06/2024 à 19:24 GMT+2

Intimement lié à Roland-Garros, Jean-Paul Loth y a un peu tout connu depuis sa première visite Porte d’Auteuil il y a plus de sept décennies. Tour à tour joueur, enseignant, dirigeant, capitaine de coupe Davis et consultant télé, il nous raconte avec passion sa relation permanente avec un stade dont il a contribué au développement et qu’il a vu peu à peu se transformer.

Jean-Paul Loth en tribune lors de l'édition 2022 de Roland-Garros.

Crédit: Imago

Jean-Paul, vous rappelez-vous votre première venue à Roland-Garros ?
Jean-Paul Loth : Bien sûr, c’est un souvenir exceptionnel. J’avais un bienfaiteur qui m’avait repéré et avait trouvé que je pouvais faire quelque chose au tennis. Il m’avait pris en main à Strasbourg et offert la possibilité de voir Roland-Garros. C’était en 1953. D’une manière assez incroyable, je me promenais dans ce stade comme on pouvait le faire facilement à l’époque, en short et avec une raquette en main (rires). Et lors de mes pérégrinations dans le stade, je vois Pierre Ostertag (juge-arbitre du tournoi à l’époque, ndlr) qui me dit "tiens, tu as ta raquette, tu ne veux pas échanger quelques balles avec une dame, là, qui joue le tournoi ? Je t’ai vu jouer une fois aux championnats de France Cadets, tu dois pouvoir".
Et vous acceptez ?
J-P.L : J’accepte et je me rends sur un court "à la campagne" et je rencontre une petite jeune femme, pas très grande, presque un peu "boulotte" dans mon souvenir. Je vais sur le court avec elle, je ne comprenais pas un mot de ce qu’elle me disait puisque je ne parlais pas anglais. Elle ne rate pas une balle, toutes les balles qui sont dans le filet ou dans les grillages, ce sont les miennes. Au bout de vingt minutes, elle devait en avoir assez, elle me remercie gentiment et une fois sorti du court, Ostertag me dit : "tu sais avec qui tu as joué là ?". Je réponds : "non mais elle joue bien la dame !". Et là, il me dit : "oui, c’est la favorite du tournoi cette année, Maureen Connolly". Je ne savais toujours pas qui c’était. Et à la fin de l’année, quand j’étais chez moi en Alsace en train de ressasser ce beau souvenir de Roland-Garros, je me suis rendu compte que Maureen Connolly venait de réaliser le premier Grand Chelem calendaire ! J’avais donc fait connaissance avec Roland-Garros et la meilleure joueuse du monde pendant quelques minutes.
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Maureen Connolly

Crédit: Imago

C’est une sacrée première ! Vous revenez ensuite chaque année ?
J-P.L : Je reviens de temps en temps, pour jouer le championnat de France cadets, puis juniors. Je fais partie des jeunes provinciaux qui peuvent faire un résultat et je n’en fais jamais (rires). Puis je m’y installe quasiment pendant mon service militaire au Bataillon de Joinville. J’avais devancé l’appel car on pouvait y jouer au tennis et comme Joinville était quand même très ouvert, on allait jouer à Roland-Garros très souvent et on y rencontrait des joueurs.
Le stade vous devient familier…
J-P.L : Je commence même à être le Belphégor de Roland-Garros, je vais dans tous les coins, dans les sous-sols, là où habitent mes copains de l’entretien des terrains, je furète derrière le mur désormais rasé où se situait le Club Fédéral, je tourne sur la piste d’athlétisme, là où se trouvent actuellement tous les bâtiments de la télé… Je connais Roland-Garros à l’époque aussi bien que le gardien du stade.
Il y avait déjà le Court numéro 1 ?
J-P.L : Ah non, il a été construit à la fin des années 70. Avant qu’il n’existe, il y avait à sa place l’Institut Marey, au dernier étage duquel on élevait des oies et des canards pour voir comment réagissait leur foie. Ce qui me reste comme souvenir de cet Institut, c’est que ceux qui y travaillaient s’installaient au dernier étage et sur le toit pour voir les matchs sur le Central. Car, à l’époque, ce dernier était coupé là où les loges finissent aujourd’hui. C’était amusant parce qu’à chaque fois qu’on rentrait dans la tribune présidentielle, on disait "tiens, ils travaillent aujourd’hui à l’Institut" ou "aujourd’hui, ils n’ont rien à faire, ils sont tous sur le toit" (rires).
Vous avez ensuite connu Roland-Garros en tant que dirigeant, auprès notamment de Philippe Chatrier. Comment en êtes-vous arrivé à ces fonctions ?
J-P.L : Je commence à véritablement m’intéresser au tennis quand je comprends que je ne serai peut-être pas bon. Je me dis que ça serait intéressant, au lieu d’être le quinzième joueur de France, d’être le numéro 1 des entraîneurs. J’installe dans ma tête le fait que ma vie dans le tennis va se situer dans l’enseignement et l’entraînement. Et quand le tennis devient professionnel en 1968, on a un tout petit stade, ridicule comparé à Wimbledon et l’US Open. L’Open d’Australie, lui, navigue d’une ville à l’autre, mais à chaque fois l’endroit est fabuleux. À Roland-Garros, on avait que 9 courts, le Central était en train de se détruire. De mon côté, je reviens systématiquement à Roland-Garros, pour jouer encore un peu en tant qu’amateur, le Criterium, et une ou deux fois les qualifications, puis les championnats des enseignants de tennis en France. J’écris aussi des choses sur le tennis à titre personnel.
Des écrits qui vont vous faire évoluer ?
J-P.L : Un jour, en 1968 ou 69, j’envoie un petit cahier de notes et de réflexions à Gil de Kermadec. Il en parle à Philippe Chatrier en lui disant : "il y a un type qui est pas mal, là, en Alsace, qui a l’air de s’intéresser au tennis". Puis je rencontre Georges Deniau et, de fil en aiguille, on devient une bonne équipe de copains, avec aussi Marcel Bernard. Roland-Garros devient mon univers et j’assiste à toute son évolution. Je participe aux réunions du Bureau Fédéral et à chaque fois qu’il y a une décision concernant Roland, je suis présent et acteur.
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Jean-Paul Loth (au centre) et Philippe Chatrier (à droite) en visite à Rennes dans une école de tennis.

Crédit: Getty Images

Vous voilà installé et influent ?
J-P.L : Il n’était pas question que je laisse Roland-Garros s’agrandir sans peser de tout mon poids pour dire : "il me faut des courts pour entraîner les joueurs, des courts couverts, un Centre National etc…" Je comprenais parfaitement qu’il fallait que le stade évolue mais j’avais aussi en tête que Roland-Garros devait en premier, une fois le tournoi terminé, servir mes desseins pour que les joueurs puissent s’entraîner.
Tout cela en "électron libre" ?
J-P.L : Je n’avais pas de contrat à la Fédération. Pendant quinze ans, c’était à la poignée de mains. Si vous en avez marre de moi, vous me jetez, si j’en ai marre de vous je m’en vais. Toutes les décisions prises, j’y ai participé activement.
Y compris celles d’extension de Roland-Garros donc ?
J-P.L : La première oui, celle du court Suzanne-Lenglen, en 1994. Ça a été un combat assez important mené d’abord par Philippe Chatrier et très bien suivi par Christian Bîmes. Ce dernier a fait en sorte qu’on obtienne ce terrain, au terme d’une vraie bagarre. Puis une fois le Lenglen construit, on s’est rendu compte qu’on était toujours le dernier Grand Chelem en nombre de courts et on a pu s’étendre jusqu’au Rond-Point de Boulogne. Et aujourd’hui, le stade s’étend de ce rond-point jusqu’aux Serres d’Auteuil, ce qui était impensable quand je revois le Roland-Garros de l’époque, que j’avais l’impression de pouvoir tenir dans mes deux paumes. C’est devenu le plus beau stade du monde.
Il y a quelques années, il était question d’un éventuel déménagement en raison de la petite taille du site en comparaison des autres tournois du Grand-Chelem. Étiez-vous partisan de ce départ ou favorable au maintien du tournoi à Roland-Garros ?
J-P.L : Bêtement, j’ai fait partie de ceux qui disaient qu’on était à l’étroit à Roland-Garros et qu’il fallait qu’on en sorte. Je suis même allé visiter des terrains à Bièvres et dans d’autres endroits en Ile de France, j’étais convaincu qu’il fallait trouver un terrain pour s’agrandir et devenir l’égal des autres Grands Chelems. Et dans ma bêtise, j’avais en plus dit à Philippe : "la terre battue c’est fini, il faut qu’on fasse un stade en dur !".
J-P.L : Parce que j’avais encore dans la tête en filigrane qu’en cas de déménagement, j’allais pouvoir agrandir et favoriser mon Centre d’Entraînement et le confort des joueurs. J’avais des raisonnements un peu stupides mais Chatrier, qui était tout à fait dans la ligne opposée, disait : "il faut qu’on reste ici, c’est le plus bel endroit au monde pour un tournoi de tennis". Marcel Bernard également. Et j’ai lâché prise quand on a commencé à avoir de bonnes nouvelles concernant l’extension. J’aurais eu raison si on n’avait pas eu ces terrains mais comme tout cela a été obtenu, non seulement je n’ai pas eu raison mais j’ai été stupide car c’est une merveille que le tournoi soit resté à cet endroit-là.
Les évolutions les plus récente concernent le fait de jouer le soir avec des lumières artificielles et les deux toits, au-dessus du Central d’abord, puis du Lenglen cette année. Est-ce que cela nous permet de rattraper les autres Grands Chelem ?
J-P.L : Là, on est à niveau. Les matchs en nocturne sans toit, je ne suis pas pour. Parce que nous sommes à une période de l’année où il n’a jamais fait réellement bon. Les conditions de jeu se modifient entre midi, où il peut faire éventuellement 30 degrés et neuf heures du soir où il fait 12 avec de l’humidité, donc des conditions qui n’ont plus rien à voir. En revanche, les deux courts couverts, on se rend compte de leur utilité et si un jour on peut en faire un troisième, ce serait très bien. Le gigantisme du stade, j’y suis opposé, on est sur un territoire largement suffisant. Ce n’est pas la peine d’avoir un million de spectateurs qui se marchent dessus. On a 35000 personnes au minimum dans le stade quand tout va bien, on peut arriver à 40 ou 42 mais ça fait un peu beaucoup. Le Central est largement assez grand et le stade est bien dans sa dimension actuelle et future, si on y apporte quelques aménagements comme un peu plus d’espaces publics couverts lorsqu’il pleut par exemple.
On a parlé du Jean-Paul Loth joueur, entraîneur, dirigeant mais celui que les Français connaissent le mieux, c’est le Jean-Paul Loth consultant. Votre voix est souvent considérée comme la voix du tennis en France. Comment cela a-t-il commencé ?
J-P.L : C’est une belle histoire. Je me retrouve un jour à Flushing, je suis sur le bord du court et je sais qu’Hervé Duthu est tout seul dans sa cabine. Je n’ai pas grand-chose à faire à ce moment-là et je grimpe vers la cabine. Au cours de la conversation, je lui dis : "les commentaires qui sont faits sur le tennis, particulièrement le tennis féminin, ce n’est pas acceptable, il faudrait changer quelque chose". Et là, il me répond : " si tu es tellement sûr de faire mieux, tu n’as qu’à commenter avec moi". J’ai dit "avec grand plaisir" et on a commencé comme ça. Le lendemain de notre premier commentaire, un monsieur de TF1 appelle Hervé, j’étais à côté de lui et je l’entends dire "c’est Jean-Paul Loth, il est DTN à la Fédération". Son interlocuteur lui rétorque alors : "vous ne pourriez pas lui demander de venir commenter pour nous ?".
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Jean-Paul Loth en plein commentaire en 1983

Crédit: Getty Images

Et vous avez donc accepté…
J-P.L : Oui, pour moi c’était le jackpot parce que non seulement je voulais essayer d’améliorer ce commentaire, pour le tennis en général, mais surtout j’allais pouvoir passer tous les messages que je voulais à mes enseignants. À l’époque, je faisais des tournées dans une cinquantaine de villes en France pour aller voir les profs, les parents, faire des clinics avec les gamins, etc… On a continué à le faire mais je passais la majorité de mes messages concernant les programmes, l’entraînement des petits, par la voie de la télévision. J’avais, en tant que DTN, grâce à la télévision, un niveau de prise en mains des enseignants et de respectabilité parce que j’étais en même temps capitaine de l’équipe de France…
Vous étiez en même temps DTN et capitaine ?
J-P.L. : D’abord DTN seulement pendant trois ans puis les deux en même temps. En plus, je causais dans le poste, alors ils disaient : "ce type-là, il ne peut dire que des vérités". J’étais là en permanence, on avait pas mal de liberté, on s’entendait bien avec Duthu, ce qui fait que je passais tous les messages que je voulais, et pour le tennis et pour la Fédération, que je magnifiais en permanence. C’était absolument tout ça que j’espérais pouvoir faire pour le tennis au travers d’un média. J’avais un background qui n’existait pas. Je pouvais parler du débutant qui passait à côté de la balle, du gamin de 13 ou 14 ans, qui avait quelque talent et qu’il fallait mettre en perfectionnement, etc… Je pense que ça reste le parcours le plus incroyable qu’il y ait pour un consultant de télévision. Ça ne veut pas dire que je suis meilleur ou moins bons, mais j’ai passé toutes les strates pour pouvoir en parler.
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Yannick Noah et Jean-Paul Loth en 1982 (Coupe Davis France)

Crédit: AFP

En 1983, Noah accède en finale face à Wilander et ce jour-là vous ne prenez pas place en cabine mais en loge. Comment cela s’est-il passé ?
J-P.L : Au niveau des responsabilités, je suis encore à ce moment-là en mesure de demander des choses qu’on m’accorde. Et j’avais demandé à Philippe Chatrier une loge qui donne sur le Central, en dessous de la tribune présidentielle. Elles étaient toutes vendues. Il y avait un escalier que les vainqueurs grimpaient lorsqu’ils avaient gagné pour aller recevoir leur trophée. Il y avait là un mètre, si on prenait un mètre à côté ça faisait une loge de quatre places où je pouvais mettre Patrice Hagelauer (coach de Noah, ndlr), mon adjoint et le masseur. C’était un mois et demi avant le début du tournoi et Philippe Chatrier m’a fait installer ça par la maintenance de Roland-Garros. J’avais une petite loge Direction Technique, je voulais être sur le court. Je suis capitaine de l’équipe de France, le type est en finale, je ne vais pas commencer à faire le saltimbanque à la télévision, même si ça me chatouillait. Il fallait que je sois là.
Mais vous saviez un mois et demi avant qu’il allait se retrouver en finale ?
J-P.L. : Je voulais vivre la victoire de Yannick sur le court, parce qu’on était persuadé qu’il allait gagner. Et je voulais, lorsqu’il monte l’escalier, faire partie des deux personnes qu’il salue avec "Hagel". J’étais ravi de ce qui s’est passé, après il a sauté le filet sans dire vraiment merci à Wilander (rires) puis il est allé dans la tribune.
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Yannick Noah et Patrice Hagelauer en 1983.

Crédit: Getty Images

En revanche, l’année suivante, se joue une des finales les plus marquantes de l’Histoire de Roland-Garros entre Lendl et McEnroe et là vous la commentez bien aux côtés d’Hervé Duthu. Est-ce un de vos plus grands souvenirs de consultant ?
J-P.L : C’est un grand souvenir. On n’a pas toujours été très gâté pour les finales masculines. Les finales femmes étaient souvent les plus jolies à regarder. Cette finale là avait un sens un peu particulier. D’abord, Lendl n’était pas très aimé. Moi, j’étais très copain avec lui. On allait jouer au golf ensemble et j’aimais bien ce bonhomme que j’avais vu bien longtemps auparavant sur la coupe Galéa où il y avait déjà cet antagonisme entre lui et Yannick. Et puis il y avait ce McEnroe, que je n’aimais pas beaucoup, parce que sur le court c’était un voyou, sans arrêt en train de perturber le jeu. Mais c’était l’inventeur du jeu qui allait contrarier ces inlassables lifteurs qui me cassaient un peu les pieds. Pas Borg, parce qu’il rinçait tout le monde en une heure et demi mais quand c’était des joueurs comme Vilas et que ça durait cinq sets, c’était parfois des purges.
Vous aviez donc votre favori pour la finale…
J-P.L : Quand il joue contre Lendl, qui est une espèce de Borg en plus puissant, je suis tantôt pour lui parce que je me dis qu’il va inciter des gamins à jouer comme lui et qu’on va sortir de l’ère Borg et à d’autres moments je me dis : "il ne faudrait pas qu’Ivan perde ce match parce que c’est mon pote !". J’étais partagé, ce qui fait que le commentaire a dû être assez sympathique, il n’y avait pas de parti pris réellement de ma part. Et quand McEnroe rate cette volée au 4ème set, on sent qu’il va se passer quelque chose et il a fini par perdre le match.
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Ivan Lendl et John McEnroe lors de la finale de Roland Garros 1984

Crédit: Eurosport

Ensuite, ça a continué pendant de très nombreuses années…
J-P.L : J’ai fait quasiment toutes les finales car je n’avais plus de raison particulière de ne pas le faire. J’ai commenté Henri en 1988 contre Wilander. On s’était parlé auparavant, je voulais m’excuser mais il m’a dit : "non non, ça serait bien que tu sois à la télé parce que toi tu connais bien mon jeu". Mais malheureusement les gens n’ont rien compris à son jeu… C’était un moment un peu difficile.
Je reviens sur le fait que vous soyez amis avec Lendl alors qu’en Coupe Davis à l’époque, il est pratiquement l’ennemi public numéro 1 de la France, il y a eu des France-Tchécoslovaquie…
J-P.L : (il coupe) Ben tiens, il y en a eu un terrible à Roland-Garros où j’ai failli me battre avec Jan Kodes, le capitaine tchécoslovaque !
Les joueurs savaient que vous vous entendiez bien avec Lendl ?
J-P.L : Non, les joueurs français ne le savaient pas mais ils ne pouvaient pas s’en rendre compte parce que sur le court, quand il était là, avec des joueurs français contre lui, il n’y avait pas photo, j’étais dans mon rôle de capitaine. Mais Ivan, je l’aimais bien parce qu’il m’avait apporté quelque chose d’important.
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Ivan Lendl

Crédit: Getty Images

Quoi donc ?
J-P.L : À l’époque, on commençait déjà à confondre ce que le mental pouvait apporter par rapport à ce que le reste devait apporter et inversement. Ivan perdait pas mal de finales et, un jour, je discute avec lui longuement et il me dit : "écoute, j’ai compris quelque chose d’une importance capitale. Je pensais que je n’avais pas le mental pour gagner les finales que je dois gagner. Quand j’arrive à un certain moment du match, par exemple à 3 partout au dernier set, il y a toujours un moment où je baisse au niveau de ma confiance par rapport à ce que je fais. Et je me suis rendu compte que mon niveau physique baissait. Au niveau mental je voulais toujours gagner mais mon physique me taraudait l’esprit, le ver était dans le fruit et petit à petit je pensais que je ne pouvais pas gagner. À partir du moment où je suis devenu un monstre sur le plan physique, je n’ai plus jamais eu de doutes au niveau mental. J’ai perdu des matchs parce que l’autre était meilleur, mais pas pour les raisons pour lesquelles je les perdais avant".
Et ça vous a servi ?
J-P.L : C’était l’époque où déjà on disait : "Les Français n’ont pas le mental pour gagner les grandes compétitions". J’avais compris que pour être vraiment un très grand, il fallait être aussi costaud physiquement, techniquement que mentalement. Ça m’avait permis d’équilibrer l’importance du commentaire par rapport à toutes les phases qui font qu’un joueur est un grand joueur. En 1984, Ivan a gagné parce qu’il a pris le dessus sur McEnroe au niveau mental.
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