Alexander Zverev : "J’avais préparé tout mon speech pour mon staff, j'allais leur en mettre plein la gueule"

ParCyril Morin

Mis à jour 02/06/2024 à 09:05 GMT+2

Le couperet est passé proche pour Alexander Zverev. Branché sur courant alternatif, l'Allemand a vu le gouffre de près en étant mené 1-4 dans la dernière manche. Il s'en est finalement sorti, à la faveur d'un réveil salutaire face à Tallon Griekspoor (3-6, 6-4, 6-2, 4-6, 7-6). Pourtant, son langage corporel et son attitude ont longtemps rappelé le joueur inconstant des années passées.

Ce fut un curieux flashback auquel a assisté le court Philippe-Chatrier. Pendant près de 4h15, les spectateurs ont pu admirer un joueur du passé, un joueur disparu depuis plus de cinq ans, un adepte du tennis sinusoïdal, tantôt passif, tantôt impressionnant. Ce samedi, Alexander Zverev n'avait pas grand-chose à voir avec le récent vainqueur du Masters 1000 de Rome ou avec le tombeur de Rafael Nadal. La tête de série numéro 4 ressemblait plutôt à la version de ses jeunes années, où ses sorties de route précoces en Grand Chelem jalonnaient son parcours presque impeccable ailleurs.

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Inconstant, passif, avec un déchet inhabituel, le grand Allemand se laissait boxer par un Tallon Griekspoor longtemps entreprenant. La première grosse sensation de ce tableau masculin fut proche : dans le dernier set, Zverev fut mené 1-4, double break concédé. Il l'avoue sans problème, il s'est vu dehors. "Oh mon dieu, si vous saviez…, a-t-il souri en conférence de presse. J'avais déjà tout mon speech préparé pour mon équipe. Je savais ce que j'allais dire à mon coach, à mon sparring partner, à mon préparateur physique. Vraiment, tout était prêt. J'allais leur en mettre plein la gueule, vous ne pouvez pas imaginer (rires)".

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Choix tactique et maturité mentale

Finalement, c'est dans le soulagement d'une qualification que Zverev a pu retrouver les siens après la rencontre. Soulagé mais surtout fier que son instinct de survie l'ait sorti d'un mauvais pas. "Quand vous êtes mené 4-1, double break contre vous, il y a quand même peu de chances de revenir, analysait-il. Mais j'ai joué un très bon jeu à 4-1 puis à 4-3, il a commencé à trop réfléchir. Puis, dans le tiebreak, j'ai eu l'impression de jouer mon meilleur tennis sur tout ce match". A l'écouter, tout est parti d'un choix tactique.

Dos au mur, Zverev s'est révolté. Fini d'être maltraité par le service de son adversaire, l'Allemand a décidé de prendre son courage à deux mains pour s'approprier un peu plus le jeu. "La première chose que j'ai faite, c'est de changer ma position au retour, a-t-il expliqué. J'étais vraiment loin de ma ligne donc je me suis rapproché parce qu'il me tuait avec ses services-volées dans le quatrième et le cinquième set." Plus offensif, et donc plus percutant, Zverev a semé la petite graine dans l'esprit du Néerlandais, soudain rattrapé par l'enjeu.

Alexander Zverev, Roland Garros 2024

Crédit: Getty Images

"A ce moment-là du match, mon état d'esprit était simple : comment me donner le plus de chances pour revenir ?", a-t-il enfin détaillé. Cette victoire, Zverev a été la chercher bien plus avec sa tête qu'avec sa raquette. Un réel pas en avant et un vrai signe qu'il n'est plus tout à fait le même joueur. Même face à des décisions arbitrales qui auraient pu le sortir du match, il est resté fidèle à sa tâche et sa quête.

Rune, comme un miroir

"Je crois que la différence se fait au niveau de l'âge, a-t-il estimé quand il fut interrogé sur cette attitude nouvelle. Ça vient avec la maturité en réalité. Je me suis dit récemment que je voulais devenir un autre joueur, que je voulais être plus exemplaire en fait. Donc je ne casse plus de raquettes, j'ai très peu d'avertissements. C'est quelque chose que j'ai intériorisé, je me suis rendu compte que je ne faisais de bien à personne : ni à moi ni aux gamins qui me regardent. Je suis fier que ça fonctionne".

Après le piège émotionnel face à Rafael Nadal au 1er tour, Alexander Zverev a réussi à éviter celui de la facilité au 3e tour. En 8e de finale, il défiera Holger Rune. Le Danois ressemble d'ailleurs au jeune Sasha : ses matches sont des montagnes russes permanentes avec des gros moments forts suivis de passages à vide inexplicables. Le duel aura le mérite de proposer encore un autre défi à l'Allemand. Mais, jusqu'à présent, Zverev a réponse à tout.

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