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Gaël Monfils après sa victoire folle au 1er tour : "C'est un des meilleurs moments de sport que j'aie pu vivre"

Cyril Morin

Mis à jour 31/05/2023 à 08:33 GMT+2

Sorti vainqueur d'un duel homérique face à Sebastian Baez dans une ambiance électrique (3-6, 6-3, 7-5, 1-6, 7-5), Gaël Monfils a livré l'un des matches les plus marquants de sa carrière. Dans une arène en fusion derrière son champion, le Parisien a su se dépasser pour s'offrir une victoire qui restera. Mais comment a-t-il fait ? A sa manière, forcément.

Gaël Monfils lors de son premier tour à Roland-Garros

Crédit: Getty Images

C'est un mot qu'il utilise à foison pour définir sa relation à Roland-Garros : la folie. Irrationnel, Gaël Monfils l'aura été ce mardi, dans toute sa splendeur, pour offrir au Majeur parisien un soir qui restera. Et pour s'offrir, à lui aussi, un souvenir éternel. L'habitué des night sessions de Melbourne ou New York a enfin pu électriser sa ville. L'attente fut longue mais elle valait le coup.
Après ce dernier passing monstrueux et cette célébration magnifique, il ne savait pas comment décrire l'œuvre d'art qu'il venait d'achever, après 3h47 de combat face à Sebastian Baez (3-6, 6-3, 7-5, 1-6, 7-5). "Exceptionnel, je n'ai pas de mots, a-t-il soufflé au micro de Marion Bartoli. Je ne sais même pas quoi dire. J'ai eu un nouveau souffle, poussé par le public. Je me suis dit 'allez, on y va encore'. Malade. Exceptionnel".
Je m'étais entraîné avec lui la semaine dernière, je l'avais trouvé monstrueux
Une bonne heure plus tard, la magie n'avait pas fini d'opérer au moment d'évoquer, à froid et perclus de douleurs, ce mardi enchanteur. "Sur le coup, tu oublies que c'est le premier tour, tu te dis 'putain, j'ai vécu un truc de dingue'. J'oublie où je suis, en réalité". Sur le Philippe-Chatrier, il est passé par tous ses états. La résignation, elle, l'a guetté d'un œil, avant même le début du combat.
"Au fond, je savais que ça allait être très, très dur. Je m'étais entraîné avec lui la semaine dernière, je l'avais trouvé monstrueux, a-t-il avoué. En voyant le tirage, je n'étais pas très content. Ce n’était pas le gameplay que je voulais. Mais, une fois dedans, tu acceptes. Je suis très content d'avoir réussi à trouver des solutions inespérées. C'est un des meilleurs moments de sport que j'aie pu vivre".
Il n'est pas le seul. Le Central a sans doute vécu l'une de ses soirées les plus électriques depuis l'intronisation de ces matches de nuit et il n'y avait sans doute que Monfils pour offrir pareil scénario. Parce qu'avec lui, au fond, on ne peut jamais rien prévoir, surtout pas l'issue. Après une fin de troisième set haute en couleurs et en émotions, le Parisien s'est écroulé. Logique. Mais presque tactique, à l'écouter.
"Je fais quelque chose de très courageux, de lâcher le quatrième, un truc avec les tripes, a-t-il expliqué. Mais quand je le fais, je suis mort. Beaucoup de personnes m'ont dit 'mais pourquoi tu n'essayes pas ?' mais je sens que je n'en peux plus. Je dis alors à mon coach : 'J'ai besoin de dix minutes'. Au final, j'ai eu besoin de 25 minutes (rires)". "C'est fou parce que je le fais inconsciemment mais tout en étant très conscient en réalité, reprend-il, plus sérieux. Je le fais parce que j'ai une certaine sérénité, que je n'ai pourtant pas du tout en ce moment. Mais je le fais quand même parce qu'à Roland-Garros, j'ai réussi mentalement à me dire 'non mais t'inquiète, je récupère et je vais le niquer dans le cinquième set'. Imaginez le malade que je suis !".
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Gaël Monfils, à la bagarre sur son premier tour à Roland-Garros

Crédit: Getty Images

Le multiverse, façon Monfils

Mais ce cinquième set tourne au vinaigre. Mené 4-0, balle de triple break contre lui, Monfils renverse alors une situation désespérée pour ne pas dire plus. A ce moment-là, y croyait-il seulement encore ? "Je me dis 'Putain, je n'ai pas envie de prendre 6-0 au cinquième, il n'y a que Murray et Robredo qui ont réussi à faire ça, se marre-t-il encore. J'ai envie de gagner un jeu. Et, inconsciemment, je me dis : 'Si j'arrive à pousser, il y a un monde où j'ai le vent avec moi, le public, on ne sait pas...' Je suis hyper content de gagner mon jeu, je me relâche un peu en me disant 'c'est bon, je n'ai pas pris 6-0'. Derrière, je mets deux coups droits. Et là, je me dis 'il y a un monde'". Le multiverse, à sa façon.
Dans cette folie "monfilsienne", il ne fut pourtant pas seul. Son papa, Elina Svitolina, à qui il a promis de se lever pour assister à son 2e tour ce mercredi, sa fille : tous sont venus l'accompagner mentalement dans sa chevauchée. "A 3-0, je me dis, 'je n'ai pas gagné un match depuis que je suis papa' et ma fille est à Paris. Je me suis dit 'je vais quand même en gagner un'. Je me suis un peu plus relâché, à déconner dans ma tête, à être moins dans le match, en prenant l'énergie du public". La suite ? "Un kiff", tout simplement.
A chaud, difficile pour lui de placer ce match dans son panthéon personnel. "Top 1 ou Top 2", a-t-il répété en conférence de presse, où le souvenir de son duel homérique en 2015 avec Pablo Cuevas sur le Suzanne-Lenglen lui revenait spontanément en tête. Peu importe, à dire vrai. Ce mercredi, Monfils a retrouvé le sens de ce pourquoi il s'accrochait encore à ce sport qu'il aime tant. Et s'est rappelé au bon souvenir d'un public français qui refusait d'abandonner sa coqueluche sans un dernier monument. Une folie furieuse. Mais une folie si délicieuse.
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