Next Gen ATP Finals : Arthur Fils, un beau tremplin et des exemples à suivre en 2024

Il n'a donc finalement pas succédé aux Stefanos Tsitsipas, Jannik Sinner et autres Carlos Alcaraz au palmarès du jeune Masters Next Gen. Mais le plus important était sans doute ailleurs cette semaine pour Arthur Fils à Jeddah. En enchaînant cinq matches – dont quatre victoires et une défaite au bout du suspense –, le Français a avant tout bien lancé sa préparation hivernale pour la saison 2024, se donnant d'ores et déjà quelques repères intéressants.

Malgré son échec en finale, le jeune Français a ainsi confirmé son potentiel athlétique au-dessus de la moyenne par son explosivité offensive et sa couverture de terrain défensive sur le court, mais aussi par ses résultats dans des exercices physiques classiques de pré-saison. Sprint court sur 10 mètres (1"72), saut vertical sans élan (51 cm), temps de réaction et changements de direction (5"21) ou encore déplacement avec cibles à toucher au sol (16"27) : Fils a établi tous les records face à ses concurrents en Arabie Saoudite. Et pour franchir encore un palier en 2024, la progression dans ce domaine est un élément-clé.

Un petit retour en arrière s'avère très éclairant dans ce domaine : au moment où il triomphait dans le Masters Next Gen fin 2021, Carlos Alcaraz était 32e mondial, peu ou prou le classement occupé en ce moment par Arthur Fils. L'Espagnol, qui avait ébloui quelques mois plus tôt à l'US Open mais aussi montré les limites physiques liées à son âge, s'était ensuite imposé une intersaison monstrueuse qui l'avait vu gagner 3 kilos de muscle, le faisant entrer dans une nouvelle dimension. La saison 2022 avait non seulement été celle de l'entrée dans le Top 10 mais aussi de la conquête d'un Grand Chelem (US Open) et de la place de numéro 1 mondial pour le Murcien.

Peut-on espérer une progression aussi fulgurante chez Fils dès la saison prochaine ? Ce serait bien présomptueux : après tout, Alcaraz est une exception, pas la règle. "Je ne veux pas devenir numéro 1 mondial dans trois mois parce que c'est impossible. Je dois travailler, encore et encore et voir ce qu'il se passe. Ça passera par le travail au quotidien et donner mon maximum à chaque match. Et peut-être qu'un jour je serai un champion. J'espère ! Je progresse vite, mais pas autant que Carlos. Ce qu'il a fait est dingue", a-t-il d'ailleurs souligné après sa défaite samedi en conférence de presse.

En revanche, le Français s'inspire de l'Espagnol et espère combler le gouffre qui l'en sépare encore. Pour ce faire, il saisit toutes les opportunités, lui qui va taper la balle à partir du 8 décembre au Koweït avec le stakhanoviste le plus célèbre de ces vingt dernières années sur les courts et en dehors : Rafael Nadal. "Je vais m'entraîner pendant une ou deux semaines avec lui et j'en suis très, très heureux. C'est fantastique. Je vais profiter de chaque moment sur le court avec lui et je vais faire de mon mieux pour rivaliser et apprendre avec lui", a-t-il aussi affirmé lors de la remise des trophées à Jeddah.

Véritable éponge, Fils pourra ainsi profiter des conseils d'une légende du jeu pour gagner du temps dans sa progression. Et si les exemples espagnols de Nadal et Alcaraz, bien qu'inspirants, peuvent sembler difficiles à suivre dans un premier temps, il pourrait bien en trouver d'autres parmi les anciennes gloires tricolores. Dans la génération de ceux que l'on a appelés malgré eux les "nouveaux Mousquetaires", Fils se rapproche particulièrement par le jeu, le potentiel physique et les ambitions de Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga. Le premier n'a pas caché son désir de le protéger et leurs temps de passage sont assez proches. L'année de ses 19 ans en 2005, "La Monf" avait débuté la saison 239e pour la terminer 31e (de 251e à 36e pour Fils).

En termes de classement, il avait stagné la saison suivante mais cela ne l'avait pas empêché de commencer 2006 par une finale à Doha (perdue contre un certain Roger Federer) et d'atteindre les huitièmes pour la première fois en Grand Chelem à Roland-Garros. Quant à Tsonga, qui avait progressé de la 212e à la 43e place mondiale en 2007, il avait entamé 2008 en fanfare par une finale à l'Open d'Australie et avait conclu l'année par un premier titre en Masters 1000 à Bercy. Mais Tsonga avait alors 23 ans et une autre maturité.

Avec son tennis de puncheur et sa mentalité décomplexée, Fils s'est sans doute déjà fixé des objectifs pour 2024 avec son nouveau duo d'entraîneurs Sébastien Grosjean et Sergi Bruguera. Et si ce n'est pas encore le cas, les références de ses glorieux anciens doivent lui donner des idées. Alors qu'il compte déjà un titre en ATP 250, décrocher un ATP 500 doit figurer en tête de liste, de même que de découvrir la seconde semaine en Majeur ou encore de se qualifier pour les Jeux Olympiques et de devenir numéro 1 tricolore.

A pas encore 20 ans, Arthur Fils a encore bien des progrès à faire physiquement, tennistiquement comme dans la gestion de ses émotions, la finale du Masters Next Gen l'a montré. Apprendre à gagner quand les sensations sont moyennes est sûrement un axe d'amélioration dont Nadal pourrait lui toucher deux mots. Mais c'est bien cette marge alors qu'il flirte déjà avec le statut de tête de série en Grand Chelem qui est enthousiasmante. Plus que celle de la confirmation, 2024 doit être la saison de nouveaux sommets pour un joueur dont le potentiel fait rêver.