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ATP Rosmalen : Milos Raonic, l'improbable renaissance : "Fin 2021, je me suis dit que j'étais fini"

Maxime Battistella

Mis à jour 15/06/2023 à 09:31 GMT+2

De retour à la compétition à 's-Hertogenbosch après quasiment deux ans sans jouer, Milos Raonic a d'ores et déjà remporté une sacrée victoire sur lui-même en redevenant un tennisman professionnel. Le Canadien, qui avait quasiment tourné la page de sa carrière sportive à cause d'un enchaînement invraisemblable de blessures, compte bien profiter de cette seconde chance, aussi éphémère soit-elle.

Milos Raonic à 's-Hertogenbosch en 2023

Crédit: Getty Images

Un colosse aux pieds d'argile. Difficile de trouver une expression plus adéquate pour décrire Milos Raonic, son quasi-double mètre, ses 98 kilos, son service de canonnier et… ses blessures à répétition. Terreur sur gazon – il a atteint la finale à Wimbledon en 2016 – et en indoor où il a raflé 5 de ses 8 titres, le Canadien a ainsi vu son corps le lâcher à l'approche de la trentaine. A tel point qu'il n'avait plus joué en compétition depuis une défaite d'entrée à Atlanta en août 2021. Et s'il s'était refusé à mettre un terme à sa carrière, on avait bien fini par croire qu'il ne la reprendrait pas.
Quelle erreur ! Le bougre n'en avait pas fini et il l'a prouvé cette semaine en effectuant son grand retour à 's-Hertogenbosch. Avant de défier Jordan Thompson ce jeudi, il a complètement éteint Miomir Kecmanovic, pourtant 39e mondial, en deux sets (6-3, 6-4) et 1h25 de jeu pour son match de reprise au 1er tour. Raonic n'a rien perdu de sa formidable première balle (92 % de points gagnés derrière, 34/37), de ce tennis de bombardier robotique associé à un calme désarmant, quasi-inexpressif, comme s'il n'avait jamais vraiment arrêté.
Et pourtant, mille émotions l'ont bien traversé. "C'était très stressant par séquences, a-t-il confié en conférence de presse d'après-match. J'ai joué plusieurs fois après des blessures, après avoir manqué trois ou quatre mois, même après six mois il me semble quand je m'étais fait opérer de la hanche quand j'étais bien plus jeune. Mais deux ans, ça n'a rien à voir. Après un an sans avoir vraiment touché à une raquette, vouloir revenir m'a pris beaucoup d'énergie. Je ne voulais pas revenir pour revenir et être un joueur dont je ne serais pas fier. Je suis heureux d'en être arrivé là."
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Un enchaînement désespérant de pépins physiques

Raonic savoure d'autant plus ce retour sur les courts que lui-même avait fini par perdre espoir dans la foulée de sa dernière blessure au tendon d'Achille. A l'été 2021, il souffrait de quatre à cinq petites déchirures à ce niveau-là qu'il avait choisi de traiter par le repos et la rééducation, craignant les conséquences d'une éventuelle intervention chirurgicale. La suite a été un enchaînement invraisemblable de malchance et de pépins physiques.
"Je me suis cassé l'orteil deux jours après mon mariage. J'ai essayé de faire quelques exercices de rééducation, un poids est tombé sur mon pied, et je n'ai plus pu mettre de chaussures pendant deux mois…, a-t-il raconté. Puis, j'ai eu une déchirure au mollet avant d'attraper le Covid pour la première fois. J'aurais pu traiter tous ces maux si j'avais été dans une dynamique de matches ou si j'avais eu un objectif pour accélérer les choses… Mais vu comme tout cela est arrivé, j'ai décidé d'être un peu plus conservateur."
Comment être optimiste dans ces conditions ? Son corps, incapable désormais d'encaisser les charges de travail liées à un sport de haut niveau, semblait lui envoyer un message clair. Raonic avait donc fini par se faire une raison.
"Il y a eu des moments où je me suis dit : 'Je suis fini.' A la fin de l'année 2021, je n'avais plus l'intention de rejouer. Je pensais : 'Je vais reconstruire ma vie', un peu après m'être marié. J'ai appris une chose, qui est une bonne leçon, c'est que ça ira dans ma vie après le tennis. C'est une crainte parce qu'on consacre tant de temps à une seule et unique occupation. On ne prend jamais le temps de réfléchir sur le fait d'y dévouer sa vie entière… ça devient juste votre vie. Et puis essayer de trouver ce à quoi on veut dédier sa vie après le tennis, c'est assez dur… Je me suis fait à l'idée."
Rejouer Wimbledon et Toronto encore une fois coûte que coûte
Mais le temps a passé, les blessures ont cicatrisé et l'envie de jouer est revenue. D'abord simplement pour entretenir sa forme physique, puis pour tenter un improbable come-back à 32 ans quand il a constaté que son corps tenait le coup à l'entraînement. En sera-t-il de même avec le stress de la compétition ? Combien de temps durera cette seconde carrière ? Lui-même ne le sait pas, tant cette blessure chronique au tendon d'Achille est une épée de Damoclès. Mais il a fait tout ce qu'il a pu pour atteindre deux objectifs à court terme.
"Revenir sur gazon, ce n'était pas du hasard. Wimbledon est le tournoi qui est le plus important pour moi, et je ne l'ai pas joué depuis 2019. Il y a aussi le Masters 1000 de Toronto cette année, j'ai grandi à 10 minutes du stade. Il faut que je sois rapide et agressif. Sinon je ne peux pas jouer de la manière que je pense être la meilleure pour moi et accomplir les choses que je veux accomplir", a-t-il précisé.
Et de conclure : "Tout cela nécessite un certain niveau de préparation physique. Maintenant, je peux le faire, mais je ne sais pas comment ce sera dans deux jours, ou dans deux semaines. Mais je sais que même si je souffre avant mon prochain match, je me présenterai sur le court pour jouer encore une fois à Wimbledon et Toronto. Il faudrait qu'on me dise que je risque beaucoup plus que mon avenir d'athlète de haut niveau pour y renoncer." Si son tennis glace souvent ses adversaires, le feu intérieur brûle toujours en lui. Indubitablement.
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