ATP Monte-Carlo - "Je les respecte, ils doivent me respecter en retour" : Holger Rune assume face au public

S'il y a bien une chose qu'on ne pourra jamais lui reprocher, c'est de manquer de caractère. Holger Rune sait ce qu'il veut et il n'a pas l'intention d'attendre pour l'obtenir, quitte à froisser ses adversaires ou à émouvoir l'assistance par son comportement. Pris en grippe par une partie du public en demi-finale face à Jannik Sinner, il avait semblé se nourrir de cette électricité pour l'emporter au bout du suspense. Dimanche en finale, il ne s'est à nouveau pas fait que des amis dans les tribunes. Et à voir son état de tension tout au long de la partie, il a peut-être fini par le payer.

Un petit rappel des événements s'impose. A 5-5 dans le troisième set sur son service, après avoir manqué deux smashes consécutifs dans le filet, le jeune Danois a dégoupillé, envoyant deux balles le plus haut possible dans le public. Résultat : un "warning" bien entendu d'Aurélie Tourte, l'arbitre du match, et surtout une vague de sifflets assourdissants. La suite, on la connaît : un break concédé et un dernier jeu de relance raté pour s'incliner. Alors, Rune s'est-il laissé cette fois submerger par la foule ?

L'intéressé a préféré évoquer son état de fatigue générale pour expliquer cette implosion. "Le match d’hier soir a été très long (la demie contre Sinner a duré 2h46, NDLR), nous avons terminé tard et je n’ai pas eu beaucoup de temps pour récupérer. C’est comme ça. J’ai tout donné. J’étais vidé. J’ai fait ce que j’ai pu, et c’était très serré", a-t-il lâché en conférence de presse. Pas question donc pour Rune de se livrer à une introspection sur le torrent d'émotions qui a semblé le traverser tout au long de cette finale.

Si Rune était sûrement fatigué, il était surtout tendu, de bout en bout. Peut-être pas si à l'aise que cela dans la peau du léger favori, alors qu'il avait été un fantastique outsider face à Novak Djokovic lors de sa première finale de Masters 1000 à Bercy. Difficile pour autant d'affirmer que l'éventuelle hostilité du public a contribué à son état de tension. Et s'il s'est montré réticent à l'idée d'endosser le rôle du méchant, à l'instar d'un Daniil Medvedev à l'US Open 2019 – avec lequel il semble d'ailleurs bien s'entendre –, il est resté droit dans ses bottes devant les journalistes.

"Je ne me vois pas comme Daniil Medvedev. Je pense seulement que quand quelqu’un crie pendant que vous servez, ce n’est pas normal. C’est pour ça que j’ai demandé à l’arbitre si elle pouvait dire quelque chose au public, et que si elle ne le faisait pas, je le ferais moi-même. C’est une question de respect. C’est important de respecter les gens. Je les respecte, ils doivent me respecter en retour, c’est tout", a-t-il assumé.

Chahuté en demi-finale par les supporters italiens nombreux sur le Rocher, Rune ne regrette rien. Et peu importe ce que l'on peut bien penser de lui. Il le sait, ce côté "tête à claques" est aussi sa grande force : une manière d'affirmer sa confiance en soi. Quitte à subir un éventuel retour de bâton lors du Masters 1000 de Rome (10-21 mai prochains) dans un petit mois.

"Si vous avez entendu le bruit quand j’ai battu Jannik hier (samedi, NDLR) – et je pense que 90% du public était italien –, ils sont devenus fous quand j’ai gagné !! De toute évidence, ils étaient pour Jannik. Il joue très bien, c’est normal que le public soutienne le joueur local, peu importe d’où vous venez ou comment vous jouez. J’ai quand même réussi à gagner. J’espère pouvoir le faire aussi à Rome si je joue de nouveau contre lui." Soyez-en sûrs, Rune ne changera pas. Et ce n'est peut-être pas plus mal.