ATP Barcelone : Carlos Alcaraz sous pression ? "J'ai mûri par rapport à l'an dernier"

Le revoilà à peine et il monopolise déjà l'attention. C'est le prix à payer quand on est un prodige, que l'on s'apprête à reprendre la compétition dans son pays, qui plus est en la qualité de tenant du titre. Si Barcelone avait mis en scène le retour tant attendu de Rafael Nadal, légende aux 12 titres dans le tournoi qui a aussi donné son nom au court central, Carlos Alcaraz aurait sans doute plus que partagé les projecteurs. Mais ce ne sera pas le cas et tous les espoirs espagnols ou presque reposent donc sur ses épaules.

Ajoutez à cela le fait qu'il sera aussi le champion sortant au Masters 1000 de Madrid la semaine prochaine, et on comprend aisément que ce début de printemps sur ocre ne s'annonce pas de tout repos pour "Carlitos". D'autant qu'il n'a pas pu compenser en emmagasinant des points à Monte-Carlo : touché physiquement à Miami, il a eu besoin de repos avant de faire la transition sur ocre. Mais il l'assure, il est désormais prêt. "Pour moi, jouer sur terre, c'est comme livrer bataille et c'est ce que j'aime. Chaque point est un combat, il faut bien jouer tactiquement et c'est ce qui est super sur cette surface", a-t-il affirmé en conférence de presse d'avant-tournoi.

Habitué à évoluer sur ocre comme la plupart des Espagnols, Alcaraz ne devrait pas avoir besoin de beaucoup de temps pour s'adapter. Il a d'ailleurs déjà joué sur la surface cette année, en février, en Amérique du Sud à Buenos Aires puis à Rio de Janeiro. A la clé un titre en Argentine et une finale au Brésil, on a vu pire comme reprise sur terre battue après plusieurs mois de dur. A priori pas d'inquiétude donc pour le protégé de Juan Carlos Ferrero, surtout s'il est à 100 % physiquement.

Reste une autre incertitude tout de même : comment Alcaraz gérera-t-il les attentes liées à son statut de tête de série 1 et champion sortant ? La question peut sembler hors de propos pour un champion qui ne cesse d'émerveiller malgré sa jeunesse. Et pourtant, une statistique interpelle : l'intéressé n'a pas encore réussi à défendre un de ses titres sur le circuit. Il a même échoué à trois reprises dont deux fois en finale à Umag contre Jannik Sinner et Rio face à Cameron Norrie, ainsi qu'en demie à Miami, toujours face à l'Italien.

D'ailleurs, il pourrait retrouver ce dernier en finale en Catalogne. Une perspective qu'il espère, même si "Carlitos" ne veut pas trop se projeter. "A chaque fois que nous jouons, je pense que c'est très sympa à regarder et ce sont de grands matchs. J'espère avoir une rivalité avec Jannik à l'image de celles entre les grands champions comme Rafa, Djokovic et Federer. Je penserai à tout, sauf à défendre le titre. Barcelone est un endroit où j'adore jouer, où j'ai vraiment des souvenirs fantastiques, pas juste de l'année dernière mais aussi quand j'y jouais plus jeune. Je vais essayer d'éviter cette pression de la défense du titre."

Si Stefanos Tsitsipas ou encore Casper Ruud font aussi partie du tableau à Barcelone, leurs performances respectives à Monte-Carlo ne sont pas vraiment de nature à impressionner Alcaraz. Les retraits de Nadal et de Daniil Medvedev lui ouvrent d'ailleurs davantage de perspectives pour s'offrir un doublé catalan. Mais à l'image de l'humilité légendaire de son glorieux aîné majorquin – une méthode qui a fait quelque peu ses preuves –, le numéro 2 mondial ne veut pas mettre la charrue avant les bœufs.

"Je suis un joueur de tennis, mais aussi un fan de tennis, a-t-il encore insisté. Et je veux toujours voir les meilleurs joueurs à chaque tournoi. Vu ce qu'a réalisé Rafa dans ce tournoi, c'est dommage qu'il ne soit pas là, qu'on ne puisse pas profiter de son tennis. Je lui souhaite un rétablissement rapide. Les absences ne me font pas me sentir encore plus favori. Chaque match est un défi et tous les joueurs du tableau peuvent me battre, sans problème. Je dois rester concentré et jouer à mon meilleur niveau. Je ne me sens pas du tout favori."

Enfin, Alcaraz doit éviter un dernier écueil majeur à éviter : l'obsession de la défense de ses points. Il en remet en jeu 1500 entre Barcelone et Madrid, de quoi craindre un décrochage par rapport à Novak Djokovic dans la course à place de numéro 1. Mais il a beau ne pas avoir encore 20 ans, "Carlitos" se sent désormais assez armé face à la pression. "Sur et en dehors du court, j'ai mûri, je lis mieux le jeu et la situation sur le court de façon à pouvoir changer quelque chose si ça se passe mal. C'est la seule différence que je vois par rapport à l'an dernier. Au niveau de mes coups, je me sens pareil." Il n'y a plus qu'à joindre les actes aux paroles.