The Masters – "Prince of Persia", offensif, l'Iran au cœur : Vafaei, le débutant qui vient bousculer les maîtres

ParFabien Esvan

Mis à jour 12/01/2023 à 10:50 GMT+1

THE MASTERS - La folie Hossein Vafaei a encore frappé. Trublion du circuit depuis son arrivée chez les professionnels en 2012, le "Prince of Persia" n'a pas manqué ses grands débuts au tournoi des maîtres avec une victoire autoritaire sur Mark Selby (6-2). Premier joueur professionnel iranien de l'histoire, le N°19 mondial entend bien faire honneur à son pays. Avec le sourire, comme toujours.

Les absents ont toujours tort. Le fameux dicton n'a jamais aussi bien collé à Hossein Vafaei cette semaine à Londres. Grand bénéficiaire du retrait de Zhao Xintong, pris la main dans le sac dans le scandale des matches truqués qui a touché une large frange des joueurs chinois, l'Iranien n'a pas laissé passer sa chance.

Pour sa première participation au tournoi des maîtres, le "Prince of Persia" n'a rien changé ou presque de sa ligne de conduite. Offensif et entreprenant dans son jeu, comme à son habitude, le joueur de 28 ans a créé la sensation en écartant le quadruple champion du monde Mark Selby, sa troisième victoire consécutive contre le Jester. Une victoire qui renforce sa sympathie auprès du grand public, mais qui lui offre aussi une échappatoire alors que son pays est secoué par la révolution.

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Un jeu pour soulever les foules

Premier joueur iranien à disputer le championnat du monde en avril 2022, Vafaei a fait une entrée remarquée au Masters. Pour le plus grand bonheur du public londonien. Avec son jeu chatoyant, offensif et bourré de prises de risques, le natif d'Abadan a ravi les 2000 spectateurs de l'Alexandra Palace dimanche soir.

"Quand je suis arrivé à l'Alexandra Palace, j'étais en effervescence. J'ai toujours rêvé de jouer ici. On a envie de donner le meilleur de soi-même devant les fans londoniens", confiait-il après la rencontre à Eurosport UK. "J'ai reçu beaucoup d'énergie positive de la part du public, je me devais de leur donner quelque chose en retour". Disciple de Ronnie O'Sullivan dans le jeu, malgré une petite "guéguerre" avec ce dernier il y a quelques mois, Vafaei est l'un des animateurs lorsqu'il est autour de la table.

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Une histoire d'amour avec le snooker, vraiment ?

Pourtant, le joueur n'ambitionne pas de tout donner à sa discipline comme il l'expliquait à WST l'été dernier. "Ma vie vaut plus que les tables de snooker. Je ne veux pas cligner des yeux et découvrir que j'ai 40 ans, que je n'ai pas d'enfants, pas de famille, avec personne à mes côtés."

Alors que plusieurs joueurs, Ronnie O'Sullivan et Mark Selby en tête, ont alerté sur les difficultés psychologiques du jeu, Hossein Vafaei suit le même sillon. "Nous sommes humains, nous ne sommes pas des robots. Je n'aime pas du tout l'ambiance du jeu et je ne sais pas pourquoi. C'est vraiment mauvais. Beaucoup de joueurs ressentent parfois ce sentiment. Cela m'est déjà arrivé, puis je retrouve l'amour du jeu. J'essaie à nouveau d'en profiter."

Hossein Vafaei at the UK Championship in first round action against Mark Selby in York

Crédit: Eurosport

Pour l'amour des siens

Méfiant, l'Iranien s'est pourtant appuyé sur le snooker pour se faire une place dans son pays. Chaque victoire, chaque sortie est d'ailleurs dédiée à ses suiveurs du côté de la Perse. "J'essaie de rendre fier mon peuple", lancait-il après la rencontre dimanche. D'autant plus que le snooker lui a permis d'accéder à un sacré statut. "Je suis si heureux quand je suis là-bas en Iran et ils me traitent comme un roi", se targuait-il presque à WST l'été dernier. "J'essaie d'être une bonne personne et un bon champion pour le peuple."

Les récents événements en Iran n'ont d'ailleurs pas manqué de secouer le joueur comme il l'avait expliqué à MetroUK. "Parfois je regarde les informations et je pleure. Ce sont mes sœurs, ce sont mes frères. Je ne peux rien faire d'autre que d'être une voix pour eux."

Et quoi de mieux qu'un beau parcours au Masters pour rendre hommage à ses compatriotes ? Vafaei le sait et veut capitaliser sur ses forces pour briller. "Je suis à ma place ici. J'ai prouvé de par mon jeu et de la manière dont je suis. Je ne veux pas que le tournoi se termine au tour suivant, je veux rester le plus longtemps possible." Face à l'autre surprise Jack Lisowski, tombeur de John Higgins, le "Prince of Persia" entend bien frapper un nouveau coup de maître jeudi.

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