Clément Noël et Val d'Isère, c'est tout ou rien

"La plus dure, la plus raide. Celle qui fait le plus peur", dixit Victor Muffat-Jeandet. La Face de Bellevarde traîne une sacrée réputation dans le grand cirque blanc. Tous la craignent un peu et sont excités à l'idée de la défier, en géant surtout mais aussi en slalom. Pour les Français, il faut ajouter à sa difficulté le fait de courir à la maison, devant un public tout acquis à leur cause. Un avantage quand il faut d'autres fois faire avec des publics suisses ou autrichiens tout aussi chauvins. Un inconvénient quand la pression s'en mêle.

"Trois semaines entre la première et la deuxième course, ça permet de se jauger, expliquait avant la reprise Clément Noël à Eurosport. Si on est là où on veut être, très bien. On va continuer dans ce sens-là. Si on est un peu plus loin, il n'y a pas de raison de s'inquiéter, on est en amont de la saison. On a le temps de faire les petits correctifs qui feront qu'on pourra être performants à Val d'Isère." La Fédération internationale a fait un petit cadeau aux slalomeurs cette saison, en ajoutant un slalom dès le mois de novembre, ce qui leur a permis de reprendre en même temps que les autres, et même avant les adeptes de la vitesse.

Le champion olympique en titre n'a pris que la 12e place finale après avoir pris la 2e en première manche, preuve que le ski est là. S'il a bien travaillé depuis trois semaines, Noel n'avait pas tout à revoir. Une bonne chose avant d'aborder un rendez-vous particulier pour lui, celui du public français. "Ce qui est cool, c'est de ne pas commencer à Val d'Isère, c'est une piste qui est difficile, nous disait-il début octobre. C'est une ambiance qui n'est pas forcément facile pour nous, Français. Un peu plus de sollicitations, de pression. Le public qu'on connaît…".

Skier en France change forcément quelque chose et l'ajout de Gurgl permet de ne pas cumuler cette pression supplémentaire à celle d'un début de saison inévitablement lié sinon à des doutes, au moins à des questions. Noël s'est dégourdi les jambes et c'est tant mieux car dans l'Hexagone, cela fait deux ans que ses résultats souffrent sans qu'il mette ses contre-performances sur le dos de la pression :

Des résultats d'autant plus surprenants que Noël avait dompté la "Face" en 2021, remportant le slalom avec le meilleur temps des deux manches et près d'une seconde et demie d'avance sur son dauphin. Le tout après avoir aussi triomphé à Chamonix quelques mois plus tôt, d'une courte tête cette fois.

Depuis qu'il est Clément Noël slalomeur parmi les meilleurs du monde, soit depuis 2018, le Vosgien compte trois succès en France. Un joli ratio à mettre en rapport avec ses dix victoires au total en Coupe du monde. Un nombre pourtant à relativiser au regard de ses cinq fautes qui ont conduit à autant d'éliminations en première ou seconde manches. Et même sur ses premières sorties chez les grands en France, on retrouve cette dualité : sortie en 1re manche en 2016 mais 20e place avec le dossard 51 l'année suivante.

Voilà donc deux ans que Val d'Isère et les neiges françaises sont inhospitalières pour celui qui avait tout de même pris la 4e place des championnats du monde à Courchevel/Méribel en février dernier. Gurgl pour se jauger et Val d'Isère pour tout exploser ? C'est le rêve du public évidemment bruyant qui se massera au pied de la désormais mythique Face de Bellevarde.