Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Bormio - Début de saison, polyvalence dingue… Marco Schwarz, le skieur ultime et le vrai rival d’Odermatt ?

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 27/12/2023 à 21:59 GMT+1

Impressionnant depuis le début de la saison, ultra régulier, Marco Schwarz vient de passer Noël en tête de la Coupe du monde, une première pour lui. Si son avance sur Marco Odermatt est évidemment loin d’être significative à ce stade, être devant le Suisse l’est bien plus. D’une polyvalence rare, l’Autrichien semble avoir tous les atouts pour lutter avec le double tenant du gros globe.

Ski alpin

Le podium pour Noël, la totale pour Schwarz

00:08:56

C’était l’événement de vendredi dernier. Vainqueur à Madonna di Campiglio, Marco Schwarz s’était emparé de la tête du classement général de la Coupe du monde. A ce stade de la saison (8 épreuves disputées seulement), cela tiendrait de la simple anecdote si sa victime n'était pas Marco Odermatt. Le double tenant du titre, l’homme habitué à écraser la concurrence au général et vainqueur avec respectivement 702 (en 2023) et 467 (en 2022) points d’avance sur son dauphin. D’ailleurs, en soit, Odermatt possède déjà une marge monumentale (258 sur le 3e, Zubcic) sur le reste de la concurrence. Mais pas sur Marco Schwarz.

58 pts de moyenne par course sur 4 disciplines !

Il faut dire que l’Autrichien ait déjà prévenu pendant l’été qu’il voulait essayer de jouer le général cette saison. C’est pour cette raison qu’il a décidé de disputer absolument toutes les courses de la saison, de la descente au slalom en passant par le géant ou le Super-G. On savait depuis l’an passé qu’il était capable de briller dans chaque discipline (6e de la descente à Wengen, 2e du Super-G de Soldeu), lui qui avait glané le petit globe de slalom en 2021 et avait fini dans le top 6 de chaque épreuve individuelle aux Mondiaux l’an dernier. Mais personne n’aurait imaginé le voir aussi régulier, aussi haut.
GurglVal d'IsèreVal GardenaAlta BadiaMadonna
Résultat de Schwarz2e du slalom2e du géant40e et 9e en descente, 5e en Super-G4e et 2e en géantVainqueur du slalom
Depuis le début de la saison, Marco Schwarz a disputé 8 courses, soit toutes celles qui n’ont pas été annulées en raison des conditions climatiques. Il l’a dit, il veut faire le calendrier en entier et il s’y tient. Mais ce qui est dingue, c’est qu’il n’est sorti du top 10 qu’une seule fois sur ces 8 courses, alors qu’il a disputé les quatre disciplines ! Cette saison, Schwarz, c’est 7 top 10, 6 top 5, 4 podiums dont 1 victoire, lors du slalom de Madonna di Campiglio, vendredi dernier. Soit une moyenne de 58 points, l’équivalent - quasi - d’une 3e place (60pts). Un rythme de folie. S’il reste incomparable à celui de Marco Odermatt l’an dernier à pareille époque (78,8 pts par course), il n’en demeure pas moins hallucinant, d’autant que contrairement au Suisse, il dispute toutes les courses. Et c’est justement le plus fou.

Schwarz, successeur d’Aamodt

Etre polyvalent dans le ski actuel est une quasi-normalité. Mais voir un géantiste en descente est une rareté, il suffit de voir le chemin de carrière difficile entamé par Alexis Pinturault. Marco Schwarz est sans doute le skieur le plus polyvalent depuis le Norvégien Kjetil André Aamodt, vainqueur dans toutes les disciplines en Coupe du monde, médaillé olympique ou mondial dans chacune des épreuves et vainqueur de tous les petits globes sauf descente (mais top 7 de la discipline en 1999, 2001, 2002 et 2006). "Je ne crois pas qu'on ait vu plus polyvalent depuis Aamodt, même Bode Miller lâchait souvent le slalom pour faire la descente, explique notre consultant Gauthier de Tessières. Ils n'ont pas le même style, Aamodt c'était un gros très fort qui appuyait fort sur la neige alors que Schwarz c'est de la caresse, mais on peut les comparer c'est clair". Surtout à ce niveau-là.
picture

Schwarz sait tout faire : sa deuxième manche, avec la victoire au bout

Dans son interview d’après-course à Madonna, Clément Noël expliquait qu’il "y avait quelque chose qui n’allait pas à être derrière quelqu’un qui faisait de la descente, du Super-G, du géant et du slalom". Car si les polyvalents ont toujours existé, ils ont rarement été aussi dominants sur chacune des disciplines. Ils étaient favorisés dans la course au général mais gagnait rarement face aux ultra-spécialistes. Chose que l’on retrouve globalement dans la carrière de l’Autrichien, qui ne compte à 28 ans que 6 victoires en Coupe du monde et un titre mondial dans la seule discipline qui sacre la polyvalence (le combiné, aux Mondiaux 2021). Cela fait-il de Schwarz le rival le plus dangereux pour Odermatt ? À ce rythme, oui.

La fatigue, principal adversaire de Schwarz ?

"Il peut battre Odermatt mais il faut qu'Odermatt ait une petite défaillance, estime Gauthier de Tessières. Le Suisse prend énormément de risques donc il n'est pas à l'abri d'une chute et d'un petit arrêt. S'il est un tout petit peu moins bien, Schwarz peut être extrêmement régulier. il est un peu moins dans le risque". L’Autrichien est un énorme danger pour Odermatt, dont la polyvalence moindre (il ne fait pas de slalom) pourrait finir par se payer. Ou, peut-être, obliger le Suisse à venir se battre entre les piquets serrés, s’il s’en estime capable.
picture

Précision, engagement et gestion : Schwarz a réalisé un slalom parfait pour décrocher l'or

Mais Odermatt n’en a disputé aucun, quelle que soit la catégorie, depuis 2018 (21e du championnat de Suisse) et n’a pas disputé le moindre slalom de combiné au plus haut niveau depuis Bansko en 2019 (21e mais 19e temps du slalom). C'est donc probablement peine perdue et c'est à celui qui craquera le premier. Et à ce niveau-là, Schwarz a sa chance. "Quand il skie, il dégage une espèce de sérénité, de calme fou, analyse notre consultant. Et sur une saison de ski alpin, la différence peut se faire là. Mais sinon, Odermatt a trop de marge, il va trop vite. Si Odermatt fait une course bonne, il est toujours dans les 3 premiers. S'il ne lui arrive rien, il va être dur à prendre mais il est prenable". Mais la véritable question réside dans la capacité de Schwarz à perdurer à ce niveau.
L’Autrichien ne s’est mis à la vitesse que l’an dernier, n’a pas encore d’énormes repères sur les difficiles pistes de janvier-février (Wengen, Kitzbuhel…) et, surtout, va devoir supporter l’énorme fatigue qu’il a choisi de s’infliger, puisqu'il veut tout disputer. Un enchaînement dingue de 41 courses en l’espace de 5 mois est donc à son programme, soit huit courses par mois. En ajoutant les entraînements, cela laisse très peu de repos possible pour le champion du monde de combiné 2021. Pourra t-il continuer ainsi ? Devra t-il finalement faire des pauses en 2024, et ainsi laisser passer des opportunités de profiter de son seul réel avantage, sa polyvalence ultime ? De cette question dépend sans doute une bonne partie du suspense dans la course au gros globe.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité