L’antisèche de France-Australie : Les Bleus sont prêts

Il n’y a pas eu tant de différence entre le XV de France et l’Australie, qu’on disait malade et en quête de repères, durant la première période (16-5). Avec un buteur un peu moins maladroit, à l’inverse d’un Thomas Ramos qui a tout passé pendant quarante minutes, les Wallabies auraient même été au coude à coude au tableau d’affichage au moment de rentrer aux vestiaires. Cela n’a en revanche pas été la même chanson en seconde période, pendant laquelle les hommes d’Eddie Jones, visiblement émoussés, ont ouvert grand les portes du saloon. Avec plus d’espaces, les attaquants que sont Matthieu Jalibert et Damian Penaud se sont régalés, déchirant le rideau jaune à l’envi.

Largement dominateurs après la pause, les Bleus se sont aussi permis de relâcher l’étau, ce qui a engendré deux essais australiens, à chaque fois consécutifs à des petits par-dessus. Deux absences qu’on leur pardonnera volontiers vu l’ampleur du score.

Rentrés un peu mollement dans la rencontre, les Bleus ont trouvé en Jonathan Danty un exemple à suivre pour élever le curseur. Saignant, le centre rochelais a été impliqué de bout en bout sur le premier essai français et est parvenu à imposer sa puissance par la suite. Il a logiquement été élu homme de ce match. Devant, Grégory Alldritt et François Cros ont été là où on les attendait, le premier dans la générosité et la puissance de ses charges, le second par son âpreté au plaquage.

Très timide en première période, Matthieu Jalibert a nettement gagné en influence au retour des vestiaires, se révélant l’attaquant inspiré qu’on connaît. Il est impliqué sur le deuxième et surtout le troisième essai français, où il délivre une passe au pied parfaite pour Gabin Villière.

Villière justement et son pendant Damian Penaud ont été longtemps dans le dur. Un peu plus encore le Toulonnais, qui a subi les impacts et s’est mis plusieurs fois en difficulté avec des choix peu pertinents. Mais les deux sauvent leur match avec deux essais pour le néo-Bordelais et un pour le Varois.

En seconde période, les Aussies montrent rapidement des signes d’usure. Sur une charge comme il les adore, Grégory Alldritt gagne plusieurs mètres à l’impact. Jonathan Danty met un peu plus la tête sous l’eau des Australiens avec une course tranchante et un impact qui met son adversaire direct sur les fesses. La continuité du jeu est assurée par Antoine Dupont qui donne à Jalibert. Ce dernier parvient à glisser après contact à Fickou qui troue le rideau australien. Le Racingman est arrêté près de la ligne mais Dupont suit, ramasse le ballon et délivre une passe au pied précise pour Penaud qui n'a plus qu’à effectuer les dernières encablures qui le séparent de la ligne d’essai, en marchant.

Les six dernières confrontations entre la France et l’Australie se sont toutes terminées avec un écart inférieur ou égal à trois points. Il faut remonter à 2012 pour voir une victoire aussi écrasante des Bleus, qui s’étaient imposés avec 27 points d'avance. Soit 3 de plus que ce samedi.

Si le XV de France a surclassé l’Australie en seconde période, et un peu plus encore à partir de l’heure de jeu, ce n’est pas un hasard. Cela valide une préparation physique intense mais qui semble porter ses fruits, avec des Bleus capables jusqu’au bout de placer des estocades, à l’inverse de Wallabies cuits comme la braise. Comment ne pas relever aussi cette patience pour construire sa victoire, en gérant finalement bien les temps forts.

Ce n’était pas l’Afrique du Sud ou l’Irlande en face, et tout n’a pas marché non plus comme sur des roulettes. Mais quelle satisfaction pour Galthié et son staff d’avoir su passer avec de la marge l’obstacle australien, qui demeure une nation forte du sud malgré ses problèmes actuels ! Mieux, aucune blessure sérieuse ne semble à déplorer, ce qui demeure un sacré point positif. En cela, ce quatrième et dernier test se révèle autant rassurant que prometteur pour la suite, avec des Bleus prêts au combat. Vivement le 8 septembre !