Après France-Écosse : Antoine Dupont, leader par le jeu et par l’envie

Une poignée de secondes pour symboliser toute une prestation. À la 54e minute du test-match entre la France et l’Écosse, samedi soir à Saint-Étienne, Antoine Dupont a suscité l’emballement du public en envoyant avec autorité Duhan van der Merwe - qui lui rend pourtant une vingtaine de centimètres et sans doute autant de kilos - hors des limites du terrain. Non content d’avoir annihilé cette action adverse, le demi de mêlée français a ensuite récupéré le ballon et exécuté la touche rapidement, sans attendre l’alignement de ses avants. Histoire de dynamiser le jeu et donner du rythme à une rencontre qui en a parfois manqué.

À l’arrivée, les Bleus se sont imposés de justesse (30-27) et ils le doivent en grande partie à leur capitaine. Ce dernier a été à la fois à la pointe du combat et au cœur de l’animation offensive de son équipe, là où on l’attend toujours de pied ferme. Là où, encore une fois, il n’a pas déçu, grâce à sa clairvoyance dans l’orientation du jeu et sa capacité, d’une passe millimétrée ou d’un coup de pied parfaitement senti, à dynamiter n’importe quelle défense. Et même si la troupe de Fabien Galthié a été malmenée, même si elle a eu du retard à l’allumage et si certains ont eu du mal à finir le match, le Toulousain, lui, a été omniprésent.

À tel point qu’il a été directement impliqué sur les trois essais inscrits par ses partenaires, en étant passeur décisif pour Romain Ntamack puis Damian Penaud, avant de servir de relais idéal à Thomas Ramos, qui a ensuite mis Charles Ollivon sur orbite. Le génial demi de mêlée aurait même dû agrémenter sa performance cinq étoiles d’un essai personnel, en concluant une action folle dont il était d’ailleurs à l’origine. Mais cet essai n’a pas été accordé, à cause d’une sortie en touche pourtant très contestable.

"J’ai revu l’image au ralenti comme tout le stade, et je n’ai pas l’impression que mon pied était sur la ligne. J’ai dit à l’arbitre de touche qu’il m’avait enlevé un essai au compteur mais ce n’est pas très important", a réagi Dupont après la rencontre, dans des propos rapportés par Rugbyrama. L’action de son plaquage sur Van der Merwe, suivie de sa relance rapide, a donc illustré avec éclat l’omniprésence et l’influence du numéro 9 sur le jeu tricolore. Mais elle a aussi montré à quel point il avait faim de ballons.

Au terme d’un long bloc de travail, démarré à Monaco début juillet, le ministre de l’Intérieur n’avait en effet qu’une seule envie : rejouer, tout simplement. "Nous sommes impatients, avait-il déclaré à la presse avant la rencontre de samedi. Il nous tarde toujours ces premiers moments à balles réelles après plusieurs semaines de préparation, encore plus avec les Bleus. Il y a beaucoup d’excitation et d’envie de la part de tout le groupe."

Impatient, le joueur originaire des Hautes-Pyrénées a mordu dans ce match à pleines dents. En étant partout sur le terrain, en ne trichant jamais dans l’intensité et en jouant chaque ballon avec sérieux et détermination, Antoine Dupont a donné l’exemple à toute sa bande. On le savait leader par le jeu. On l’a vu leader par l’envie, dégageant une énergie positive censée être contagieuse. D’ailleurs, l’intéressé débordait tellement d’énergie qu’un ballon n’a pas résisté à l’un de ses puissants coups de pied.

"Il faut s’engager pleinement dans une rencontre. C’est le meilleur moyen de ne pas se blesser", avait prévenu le joueur de 26 ans, comme pour annoncer la couleur. Il a beau enchaîner les matches et étirer ses saisons qui sont déjà bien longues, en club comme en sélection, Dupont ne change donc pas. Il reste un amoureux transi du jeu, qui n’affectionne rien de plus que chausser ses crampons, monter sur le terrain et se livrer pleinement. Quel que soit l’adversaire, quel que soit l’enjeu, en entraînant ses coéquipiers dans son sillage. À l’évidence, cela le rend encore plus indispensable qu’il ne l’est déjà.