Jeux Olympiques Paris 2024 - Interview de Clarisse Agbégnénou : "Je suis encore plus guerrière qu'avant"

Mis à jour 26/06/2024 à 22:39 GMT+2

À un mois de l'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, Clarisse Agbégnénou s'est confiée à Eurosport. La sextuple championne du monde des -63 kg a fait le point sur son état de forme et a longuement expliqué en quoi la naissance de sa fille Athéna, désormais âgée de deux ans, a eu une grande influence sur son état d'esprit au moment de monter sur le tapis.

Agbégnénou : "Grâce à ma fille, j'ai l'impression d'avoir un tempérament de feu"

Clarisse, comment allez-vous à un mois du début des Jeux Olympiques ?
Clarisse Agbégnénou : Je vais bien, je me sens bien. Depuis Tokyo, j'ai eu le temps d'accoucher, de passer du temps avec ma fille, de profiter et de revenir en forme. Donc tout va bien ! 
Mi-mai, à Abu Dhabi, vous avez été battue en quart de finale des Mondiaux et avez fini la journée avec du bronze autour du cou, au lieu de l'or espéré. Que retenez-vous de cette compétition ?
C.A. : Je retiens le fait que j'étais vraiment forte physiquement, et j'insiste là-dessus. C'est aussi ce qui m'a le plus énervée, en fait, parce que j'avais tout pour gagner, même si ça ne s'est pas passé comme prévu. Au plus profond de moi, je dois également conserver le fait de rester concentrée jusqu'au bout du bout, et c'est ce que je vais faire aux Jeux. Quand tout sera aligné, que j'aurai réuni tous les ingrédients pour ma potion magique, ce sera parfait (sourire).
picture

Une activité récompensée : comment Agbegnenou s'est parée de bronze

Est-ce qu'il vous reste des réglages à faire dans la dernière ligne droite ?
C.A. : Je pense que je suis prête. Il n'y a plus qu'à garder le cap, à rester concentrée. Je dois faire en sorte que le stress ne m'atteigne pas et que le jour J, je n'ai plus qu'à me dire : "Tout est prêt, j'ai eu le temps, je me sens bien, donc maintenant, amuse-toi !"
Qu'est-ce qui a changé entre la Clarisse qui préparait les Jeux de Tokyo, il y a trois ans, et celle d'aujourd'hui ?
C.A. : Beaucoup de choses ont changé ! Une grossesse, un enfant, l'allaitement, le manque de sommeil… Je suis une Clarisse totalement différente par rapport à 2021, avec un corps différent, un état d'esprit différent. Ce qu'on ne peut pas me retirer, c'est que maintenant que j'ai vécu tout ça, je suis encore plus guerrière qu'avant.
picture

Clarisse Agbégnénou.

Crédit: Getty Images

Comment l'expliquez-vous ?
C.A. : Tout ce que je vis au quotidien me forge, et que quand je me dis : "Là, c'est trop dur, je ne vais pas y arriver", je pense à ma fille (Athéna, née en juin 2022, ndlr). Elle me suit tout le temps, elle est dynamique, à fond, et je ne peux pas baisser les bras. Je ne peux que lui montrer que je suis forte. C'est pour ça que j'ai l'impression d'avoir un tempérament de feu grâce à elle.
Lors de votre passage dans l'émission Mon Paris Olympique, en octobre 2022, vous vous interrogiez beaucoup sur la façon dont vous alliez concilier maternité et exigences liées au haut niveau. Est-ce que tout s'est passé comme vous l'aviez imaginé ?
C.A. : Très honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile. Ça a été très dur, physiquement et mentalement. Beaucoup de fois, il m'est arrivé de pleurer en me disant que j'avais vu trop haut, trop loin. Au bout d'un an, cette sensation s'est estompée, et il m'a fallu un an et demi pour que tout commence à aller vraiment comme avant. Une fois que j'ai réussi à retrouver cette force, qui est forcément différente, je me suis sentie encore plus redoutable. Parce que je ne lâche rien.
picture

La domination de Riner, l'explosivité d'Agbegnenou : il n'y en avait que pour les Bleus à Paris

Vous avez émis le souhait de pouvoir passer du temps avec votre fille pendant les Jeux. Comment ça va se passer, concrètement ?
C.A. : Il y a eu beaucoup de discussions, avec les fédérations nationale et internationale, le CNOSF, le CIO… Pendant la journée, je serai avec mes coéquipières au village olympique, puis j'irai dans un hôtel à proximité, afin de pouvoir dormir avec ma fille. C'est parfait, car je pourrai poursuivre mon allaitement et ne pas l'arrêter brutalement. Il reste encore des petites choses à gérer, mais c'est dérisoire. L'important, c'est que je sois bien à la veille de ma compétition et que j'arrive à combattre le jour J.
Vous continuez à allaiter. N'est-ce pas trop contraignant au quotidien, en tenant compte de votre emploi du temps ?
C.A. : Pour l'instant, ça va. La première année, ça a été compliqué, mais là, je n'ai quasiment plus de douleurs. On kiffe toutes les deux. Parfois, ma fille est à la crèche et ne tète que le soir, mais si je reste avec elle pendant une grande partie de la journée, elle fait comme elle veut. Maintenant qu'elle a deux ans, ça lui arrive de me déshabiller pour pouvoir téter, c'est animal ! Néanmoins, après les Jeux, j'aimerais arrêter. J'aime beaucoup ça, donc ça va être difficile, mais on va essayer de trouver une autre solution (Rires). 
Vous projetez-vous au-delà des Jeux de Paris ?
C.A. : Je commence à me sentir bien et je me dis que je ne peux pas m'arrêter comme ça. C'est maintenant que je suis à mon apogée. Après les Jeux, je vais quand même faire une petite pause, ensuite j'aimerais bien avoir d'autres enfants. Revenir après une grossesse, je l'ai déjà fait une fois, je connais la formule ! Donc pour Los Angeles, j'aurai assez de temps, c'est parfait.
Et après Los Angeles ?
C.A. : Non, là… D'ailleurs, je ne sais même pas où les Jeux auront lieu après. 
À Brisbane ! 
C.A. : Oui, c'est vrai que c'est beau. Mais j'irai en vacances, c'est bien aussi !
Retrouvez l'interview de Clarisse Agbégnénou dans l'émission "Mon Paris Olympique", ce mercredi à partir de 20h45 sur Eurosport 1 !
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité