PARIS 2024 | Corentin Moutet sur sa qualification aux JO : "Ce qu'a fait Adrian Mannarino est courageux et respectable"

Mis à jour 26/06/2024 à 12:33 GMT+2

Corentin Moutet est un homme heureux. Le Français a décroché sa place pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Une qualification actée en fin de semaine dernière qui valide une longue route semée d'embûches, rendue possible grâce à son huitième de finale joué à Roland-Garros mais aussi à Adrian Mannarino qui a renoncé à participer. Dans l'émission Retour Gagnant, il nous explique son soulagement.

Moutet : "Ce qu'a fait Adrian est courageux et respectable"

Qu'est-ce que ça représente pour vous de disputer les Jeux olympiques ?
C.M. : C'est quelque chose que je suis, évidemment. C'est un peu le lien qui est fait entre tous les sports. Comme une réunion tous les quatre ans, c'est quelque chose d'unique, une compétition super prestigieuse. On représente son pays au-delà de se représenter soi-même. Et puis, c'était un objectif aussi récemment, quand j'ai appris que ça allait être à Paris, dans notre pays. Donc voilà, c'est évidemment un des plus gros objectifs ces deux dernières années. J'ai joué beaucoup de tournois, j'avais toujours ça en tête. Et du coup, de réussir à avoir ma place cette année, c'est un peu un objectif qui se réalise et aussi un rêve d'enfant.
Pendant Roland-Garros, votre coach Petar Popovic nous a dit que quand vous vous étiez blessé assez gravement au poignet à l'Open d'Australie 2023 il y a un an et demi. Vous aviez tout de suite pensé aux Jeux olympiques, en disant que peut-être vous alliez les rater. À quel moment vous avez commencé à vous dire que c'était possible d'y participer ?
C.M. : C'est vrai que la première chose à laquelle j'ai pensé, parce que je l'avais déjà en tête avant ma blessure, où j'avais planifié mon année aussi pour avoir les points nécessaires. J'avais ça en tête, évidemment. Et du coup, quand je me suis blessé, je me suis demandé combien de temps ma blessure allait me tenir hors des cours et que ça aussi jouait dans la décision de recommencer à jouer, même si ma blessure n'était pas encore guérie, pour ne pas perdre de temps et se laisser une chance d'être aux Jeux olympiques.
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Donc ça a vraiment rythmé notre année et demie qui vient de s'écouler, où à chaque fois, les décisions étaient vraiment prises en vue de cette participation aux Jeux olympiques. C'est vrai que c'était compliqué. C'étaient un peu les montagnes russes émotionnelles et c'était assez éprouvant physiquement parce que j'ai joué énormément de tournois malgré les blessures où on a un peu fermé les yeux, on a essayé de faire avec. Donc c'était très dur physiquement et émotionnellement aussi, parce que je n'étais pas qualifié jusqu'au dernier tournoi. Donc c'était vraiment intense.
En préparant pour les Jeux, vous avez visité tous les pays, Argentine, Brésil, Chili, Maroc. Vous avez fait des Challengers en Croatie, en Italie avant Monte Carlo. C'était un sacré parcours... et une sacrée motivation !
C.M. : Oui, c'était dense. Et puis, il y a souvent des décisions quand on est joueur, évidemment qu'on joue tous avec des douleurs différentes, mais il y a des moments où c'est plus, comment dire, plus intelligent de se reposer, de prendre quelques semaines de repos pour guérir certaines blessures. Et là, on n'avait pas trop le choix. En fait, il fallait que je joue absolument. J'avais des points à rattraper. Donc, on a beaucoup voyagé, beaucoup enchaîné. Normalement, on a fait des tournois sur des semaines qui auraient dû être des semaines d'entraînement ou de repos. Et donc, voilà, il y a eu peu de repos au final pendant un an et demi. Et du coup, je suis content que ça paye à la fin, parce que c'était vraiment intense. Et je savais que ce qu'on faisait, c'était pas forcément idéal. D'habitude, mais là, c'était des circonstances différentes.
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Vous étiez en lien avec Adrian Mannarino, qui vous a dit assez vite qu'il ne ferait pas les Jeux Olympiques, puisque le fait qu'il ne participe pas, ça a libéré aussi une place. Ça a compté aussi dans la dernière ligne droite de savoir que la place, elle était atteignable ?
C.M. : En fait, oui, c'est sûr que je n'y serais pas allé s'il avait participé. Donc, ça m'a laissé la place. Après, je n'ai pas su avant qu'on le sache officiellement, parce que ce n'est pas que le choix des joueurs. Il y a tout un processus à faire d'inscription. Les choses sont plus compliquées, moins simples que ce qu'on ne pense. Et du coup, souvent, quand il y a des décisions de ce genre-là aussi importantes, j'attends vraiment l'annonce officielle pour que ce soit sûr que j'y sois, que je ne me fasse pas de fausses joies. Mais en tout cas, c'est sympa de sa part aussi de laisser la place. Il a estimé que peut-être d'autres joueurs avaient plus de chances que lui de faire un résultat. Donc, je pense qu'Adrian ait laissé sa place aux Jeux, c'est courageux, c'est respectable. Il a pensé avant tout aussi qu'il pouvait ramener des médailles. Il a laissé sa place à des gens qu'il estimait plus en pouvoir que lui...
Dès qu'ils ont annoncé la date, j'ai vraiment dit à mon ancien entraîneur que c'était immanquable
On a vu que vous aviez un super rapport au public, que ça vous portait, que c'était ça qui vous aidait aussi à aller chercher des victoires...
C.M. : Oui, ça change tout. Ça change tout parce qu'encore plus à Roland-Garros, parce qu'il y avait ma famille, mes amis, tous mes proches qui étaient présents. Donc, on joue aussi devant eux et ça arrive une ou deux fois dans l'année, peut-être aussi à Bercy. Donc, c'est toujours un moment spécial. Et puis aussi, je pense que ces dernières années, le public de Roland-Garros a un peu évolué, dans le sens où je pense que c'est un public plus engagé, plus présent pour soutenir les joueurs. Ils sont plus nombreux, plus bruyants aussi.
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C'est vrai que ça change un peu l'ambiance qu'il y a et on peut plus communiquer avec eux, plus partager. Et en fait, ça crée quelque chose de fort, au final, sur le terrain, quand tout le monde est ensemble. Et du coup, c'est ça qui fait aussi que j'aime jouer à domicile, c'est spécial. L'atmosphère est différente de tous les tournois que j'ai l'habitude de jouer. Et on se sent soutenu et on peut partager beaucoup plus que quand on joue devant des gens qui ne nous soutiennent pas ou qui sont moins nombreux, tout simplement.
Le fait que les JO soient à Paris a-t-il décuplé votre motivation ?
C.M. : Dès qu'ils ont annoncé la date, j'ai vraiment dit à mon ancien entraîneur (Laurent Raymond, NDLR) que c'était immanquable, en fait, que des Jeux Olympiques, c'est tous les quatre ans, c'est à Paris. C'est quelque chose d'immanquable. Ça n'arrive qu'une fois dans une vie et j'ai la chance de pouvoir avoir accès à ça. Donc, je ne peux pas rater l'occasion. Je ne peux pas rater le rendez-vous. Donc, je lui ai dit direct. Et puis, je suis curieux de voir comment ça va se dérouler. Je pense que comme tous, on est un peu curieux de voir comment vont se passer les Jeux Olympiques. Et je suis curieux de voir un peu s'il y aura du monde dans les tribunes. Quelle ambiance il y aura... Vraiment, on arrive dans l'inconnu, mais je suis méga motivé de pouvoir participer à cet événement.
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Qu'est-ce qui vous fait rêver le plus ? Le village, un athlète que vous rêveriez de rencontrer peut-être ?
C.M. : C'est aussi une des raisons pour lesquelles je voulais participer aux Jeux Olympiques. C'est que c'est un moment où on découvre. Moi, je ne regarde pas beaucoup le sport, pas de manière générale à la télé. Donc, je connais peu le monde du sport. Et du coup, je trouve que c'est une occasion aussi de rencontrer d'autres gens, peut être de s'intéresser à un sport, du fait de rencontrer une personne qui donne envie de s'intéresser à son sport. Et puis, voilà, comme je dis, on est un peu tous dans le même bateau. On vit tous les mêmes choses malgré nos différents sports.
Mais du coup, ça serait hyper intéressant d'entendre des parcours d'autres personnes, de comment ils perçoivent leur sport, comment, la manière dont ils s'entraînent. Je pense que c'est super riche. Il y a beaucoup à apprendre, je pense, des autres et des autres disciplines, des autres personnes. Et du coup, si j'ai l'occasion de rencontrer des athlètes, moi, je serais le plus heureux. En plus, je n'aurais pas ce point de vue de les regarder un peu comme des stars parce que je n'y connais rien. Donc, c'est vraiment rencontrer la personne avant tout et puis écouter son histoire. Et c'est vrai que si j'ai l'opportunité de faire ça, je pense que les Jeux Olympiques, c'est le meilleur moment pour le faire.
L'interview en intégralité est à retrouver sur la chaîne YouTube d'Eurosport France dans l'émission Retour Gagnant :
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