Grand Prix d'Espagne | Red Bull | Max Verstappen-Sergio Pérez : "Le meilleur duo", vraiment ?

Au Canada, le week-end de Sergio Pérez s'est à nouveau terminé par des excuses. Publiques, cette fois : "Je suis vraiment désolé pour mon équipe, a écrit le pilote Red Bull après un second abandon en autant de Grand Prix. Je les ai laissés tomber aujourd'hui." Sur le circuit Gilles-Villeneuve, comme à Monaco deux semaines auparavant, le coéquipier de Max Verstappen a débuté ses courses en fond de grille et les a finies dans le mur.

Une forme absolument chaotique, alors que la prolongation de son contrat pour deux saisons supplémentaires avait été annoncée après le Grand Prix en Principauté début juin. Le week-end de fête avait alors tourné au cauchemar : à la traîne dans les rues de Monaco, sa seconde élimination en Q1 sur les deux dernières éditions l'avait laissé sans voix. "Quelle blague, putain" s'était-t-il étonné dans la voiture.

Et devant la presse, tout était bon pour se dédouaner de la contre-performance : "Les pneus n'allaient pas, je n'ai pas réussi à me mettre dans le rythme et lors de mon tour chrono, j'ai eu du trafic dans les virages 6 et 7. Il y avait une sorte d'auto-collant dans le virage 7, c'est vraiment désastreux. Nous avions besoin que de quelques dixièmes pour passer en Q2 mais nous n'avions pas le rythme." Le lendemain, il ne dépassait même pas le premier tour d'une course qu'il savait d'avance "sans espoir" et devait abandonner après un énorme crash dès la deuxième ligne droite.

Résultat : le Mexicain n'est que cinquième au championnat du monde après un tiers de la saison. Et surtout, Ferrari et McLaren, de plus en plus proche de Red Bull en course, se rapprochent également de l'écurie autrichienne au championnat du monde. Sur les trois derniers Grand Prix, McLaren a ainsi inscrit 88 points au total, contre 65 pour Ferrari et 62 pour Red Bull dont seulement 4 pour Pérez.

Pourtant, avant le Grand Prix du Canada, le directeur de l'équipe Christian Horner était toujours persuadé que le Mexicain était le pilote idoine pour son projet : "C'est le meilleur duo qu'on ait eu à Red Bull Racing, a-t-il répondu à Canal+ dans la plus pure novlangue du directeur sportif embarrassé. Ils ont terminé premier et deuxième la saison dernière, et nous avons gagné les deux titres constructeurs. Il a aussi joué un rôle important pour le titre de Max en 2021, c'est un membre important de l'équipe."

Quelques heures plus tard, Sergio Pérez glissait sur une partie mouillée de l'asphalte montréalaise et détruisait son aileron arrière avant d'abandonner à nouveau. De quoi invalider, déjà, les propos tenus par son chef et remettre en question encore un peu plus la prolongation de son contrat, au moment où la domination de Red Bull n'est plus sans partage.

Yuki Tsunoda tapait à la porte et semblait enfin prêt pour ce second baquet. Carlos Sainz était disponible sur le marché et a prouvé qu'il pouvait être un excellent lieutenant. Mais Sergio Pérez a été conservé pour service rendus, et peut-être un tout petit peu trop de confiance dans le clan autrichien en la domination de la RB20. Au moment de faire les comptes en fin de saison, Red Bull ne risque-t-il pas, déjà, de regretter un choix loin d'avoir été pris faute de mieux ?

Et dans son malheur, Sergio Pérez a même écopé de trois places de pénalité sur la grille du Grand Prix d'Espagne pour avoir roulé en piste avec une monoplace dans un état dangereux pour les autres pilotes, laissant de nombreux morceaux de carbone sur le tracé. "Ces deux derniers week-ends ont été difficiles. On doit se reprendre, relever la tête et apprendre. L'année est encore longue" s'est-il désespéré au micro de Sky Sports après son incident.

A Barcelone, un circuit qui a toujours réussi aux Red Bull et où Max Verstappen reste sur deux victoires consécutives, tous les regards risquent d'être braqués sur son coéquipier mexicain. "J'espère que nous pourrons être de retour au meilleur de notre forme" s'est-il contenté au Canada, évoquant les prochains Grand Prix. Plus qu'espérer, Sergio Pérez doit être de retour s'il veut continuer d'être un "élément important" de son équipe, et conserver le titre constructeur.