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Formule 1, Grand Prix d'Espagne - Est-on trop gentil avec Lando Norris ?

Tanguy Mantovani

Publié 24/06/2024 à 12:01 GMT+2

Deuxième du Grand Prix d'Espagne ce dimanche derrière Max Verstappen alors qu'il partait en pole, le pilote McLaren Lando Norris a été, après la course, au centre d'une dichotomie sévère : d'un côté les lauriers tressés par les observateurs et de l'autre son auto-critique sans concession avant même de descendre de la voiture. Car l'Anglais a de bonnes raisons d'attendre plus de lui-même.

Lando Norris déçu après sa deuxième position au Grand Prix d'Espagne, le 23 jun 2024

Crédit: Getty Images

C'est une ironie qui a été loin d'être savoureuse pour Lando Norris. Alors que le pilote anglais achevait son tour d'honneur d'un Grand Prix d'Espagne qu'il venait de terminer à la deuxième position, la réalisation internationale se braquait sur sa McLaren MCL38, affichant son élection de 'Pilote du Jour' par les fans. En fond sonore, l'ambiance était tout autre dans le cockpit : "On aurait dû gagner cette course dès le départ, pestait-il à son ingénieur de course à la radio. La voiture était incroyable, mais elle méritait plus."
Soupirs et exaspération étaient au programme en descendant de la voiture. Et les congratulations avec son équipe ont été bien plus sobres que la veille, lorsqu'il avait arraché la seconde pole position de sa carrière en qualification. Ses yeux étaient même emplis d'émotions en arrivant à l'interview protocolaire des pilotes ayant signé un podium en course : "J'ai réalisé un mauvais départ, c'est aussi simple que ça. Je pense que nous étions les plus rapides aujourd'hui et j'ai tout perdu au début, c'est décevant."
McLaren était plus rapide
Pourtant, des tribunes du tracé de Barcelone aux colonnes des canards spécialisés, les critiques étaient dithyrambiques à propos de son nouveau podium. Sa capacité à revenir sur la Red Bull de Max Verstappen en fin de course, faisant passer l'écart de huit à moins de deux secondes en une quinzaine de tour sur son dernier relais, était saluée comme un tour de force.
Sauf que les avis étaient presque unanimes dans le paddock : c'est bien la McLaren qui était la plus performante ce week-end. Norris l'a répété à qui voulait l'entendre, au pied du podium et plus tard devant la presse. Max Verstappen a lui trouvé "un peu inquiétant" que "McLaren était plus rapide aujourd'hui". Et même Helmut Marko, responsable de la filière jeune talent de Red Bull, craignait que McLaren soit "le clair favori" de la course après les qualifications ce samedi.
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Lando Norris au pied du podium après sa deuxième place au Grand Prix d'Espagne 2024

Crédit: Getty Images

Ce dimanche, Lando Norris et McLaren auraient pu, et dû, gagner la course. Tout du long du week-end, la MCL38 avait certainement un cheveu d'avance sur la RB20, mais l'écurie anglaise n'a pas su en profiter. Et les fautes sont certainement partagées, évidemment. Le départ raté de Lando Norris, d'abord, le faisant passer de la première à la troisième place dès le premier virage. Ses difficultés à dépasser George Russell ensuite, passant près de 16 tours dans les échappements de sa Mercedes en début de course.
Est-ce qu'on joue la première ou la troisième place ?
La stratégie de battu de McLaren, aussi. La décision d'étendre au maximum le premier relais du pilote anglais sur des pneus tendres aurait été plus logique si l'écurie avait un coup à jouer avec une voiture moins performante. "Est-ce qu'on joue la victoire ou la troisième place ?" s'est même agacé le pilote depuis son cockpit. Son deuxième arrêt en 3"6 secondes, près d'une seconde et demie de plus que ceux de Red Bull, a aussi coûté. Les stratèges de McLaren n'ont pas encore l'habitude de se retrouver en position de favori, cela s'est vu ce week-end. Et cette crise existentielle de l'éternel second enfin capable de regarder ses ambitions dans les yeux, c'est toute l'écurie anglaise qui va devoir la traverser.
C'est ce qui a fait la différence pour Red Bull ce week-end. La RB20 a un triple champion du monde dans son cockpit, et était déjà en tête à la fin du troisième tour. Et Max Verstappen peut compter sur des stratèges qui ont l'habitude de dicter le rythme de la course depuis leur muret des stands. Même avec un matériel un peu moins bon, l'exécution chirurgicale de l'écurie autrichienne lui permet de garder l'avantage.
McLaren va donc devoir apprendre à gagner. Et Lando Norris, se mettre au niveau de Max Verstappen s'il veut devenir un vrai prétendant au championnat du monde. S'il semble avoir déjà intériorisé cette capacité à gagner tous les week-ends, l'écart de niveau sur la piste avec le Néerlandais a été bien trop visible ce week-end. "L'Autriche et Silverstone sont deux de mes pistes favorites" s'est-il réjoui à l'approche d'un enchaînement de deux Grands Prix en deux week-ends. Lewis Hamilton avait Sebastian Vettel. Max Verstappen devrait avoir Lando Norris. Mais l’Anglais est-il capable de rehausser le curseur ?
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