Le Zenit et Hulk retrouvent des couleurs

Samedi après-midi, Hulk a fêté son deuxième but façon Balotelli à l’Euro 2012. Si une bimbo peut déposer comme propriété intellectuelle une phrase débile, David Ginola époque Aston Villa devrait peut-être songer à déposer cette célébration tout en contraction musculaire. La puissance athlétique du Brésilien illustrée par un buste imposant ne doit pourtant pas faire oublier la finesse technique qui a caractérisé son but, depuis la passe "xaviesque" de Danny jusqu’à la petite pichenette pour tromper le gardien qui s’attendait à une grosse frappe croisée.

La dernière fois que j’ai écrit sur le Zenit, c’était il y a pile deux mois (voir l'article). L’équipe venait de perdre coup sur coup contre Bâle en Ligue Europa, et contre le Rubin Kazan en championnat, ce qui les rejetait à la troisième place du classement, à huit points du CSKA. Je disais que sauf redressement spectaculaire, la Ligue Europa comme le titre de champion de Russie étaient perdus, des résultats décevant pour un club champion en titre qui a investi 100 millions d’euros à l’intersaison.

Evidemment, le football étant la chose la plus volatile du monde, il y a eu redressement, donnant (partiellement) tort à mon analyse. Soyons bon joueur, je préfère être démenti par Hulk et Spalletti, que j’admire profondément, plutôt que par Brandao comme 90% des spécialistes de la Ligue 1. En première partie de saison, Hulk a facturé deux buts et cinq cartons jaunes. Depuis deux mois, il tourne à cinq buts et deux cartons jaunes, un ratio déjà plus acceptable pour un joueur de sa qualité exilé à droite de l’attaque.

Emprunté, pas spécialement enthousiaste d’être venu, mal accueilli par ses coéquipiers et les supporters, très perturbé par l’enlèvement de sa sœur au Brésil, c’est un Hulk en toute petite forme qu’on a vu jusqu’à la fin février avant son retour en forme qui coïncide, sans qu’on puisse à coup sûr dire qui est l’œuf et qui est la poule, avec le retour en forme du Zenit qui n’a plus que trois points de retard sur le CSKA Moscou. En fait, cette défaite contre le Rubin est la dernière des hommes de Spalletti. Depuis, le Zenit a enchaîné six victoires en sept matchs de championnat, le plus souvent sur le score de 1-0, avec en bonus une demi-finale de Coupe de Russie à jouer mercredi contre l’Anzhi de Samuel Eto’o.

Mais cette bonne série n’a de sens que si on la croise avec le vilain coup de mou traversé par l’équipe de Makhachkala dont on se demande effectivement ce qu’elle a. Avec deux victoires lors des huit derniers matches de championnat, l’Anzhi avance à un rythme de relégable qui lui a fait perdre une deuxième place qui lui tendait pourtant les bras à la trêve, malgré le renfort du crack brésilien Willian. Fort heureusement, les hommes d’Hiddink ont remporté le premier match de l’histoire du championnat russe qui a opposé deux Français : Lassana Diarra contre Yann M’Vila. Contre le Rubin Kazan qui a ouvert la marque à la 82e, le géant Lacina Traoré puis Samuel Eto’o à la 90e ont permis à l’Anzhi de s’accrocher à leur 3e place.

Avec sept points de retard sur le Zenit, la Ligue des Champions s’envole, et le dernier objectif sera donc de remporter un premier titre avec la coupe de Russie, ce qui ne va pas être de la tarte comme dirait Thierry Roland. Non seulement il faudra sortir le Zenit en demi-finale, mais ensuite, c’est probablement contre l’armada CSKA Moscou qu’il faudra batailler en finale. Une équipe qui a elle aussi connu son petit coup de Trafalgar avec un seul point pris en trois matchs contre le Dynamo, le Spartak et le Rubin.

Une défaite dimanche prochain contre le décevant Lokomotiv Moscou ferait totalement dérailler les hommes de Slutsky qui voient fondre sur eux un Zenit lancé plein gaz, et qui dispose d’un calendrier facile pour les trois matchs restant. CSKA Moscou - Zenit Saint-Pétersbourg, l’armée rouge ou la ville blanche, Vagner Love ou Hulk ? Réponse dans trois semaines.

Loïc TREGOURES (@LoicTregoures) : Auteur du blog "balkans' sports", Loïc Tregoures a été coordinateur et co-auteur de la publication "Les Balkans et le sport", publiée par le Courrier des Balkans en juin 2010. Doctorant en sciences politiques à l'Université Libre de Bruxelles, ses travaux portent sur les aspects politiques, sociaux et identitaires du football en ex-Yougoslavie. Il séjourne régulièrement dans la région.