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Bâle - Nice - De Messi à l'anonymat en Suisse : Augustin, chronique d'une trajectoire en chute libre

Martin Mosnier

Mis à jour 13/04/2023 à 13:24 GMT+2

Immense promesse, Jean-Kevin Augustin renoue avec les terrains du côté du FC Bâle et retrouvera Nice ce jeudi en Ligue Europa Conférence. Celui qu'on présentait comme le futur attaquant des Bleus a traversé 5 ans de grandes turbulences. Broyé par un système qui a fait dérailler sa carrière, fragilisé par un Covid long, il a subi des épreuves. L'ancien Parisien a aussi sa part de responsabilité.

Jean-Kevin Augustin en décembre 2019 sous le maillot de l'AS Monaco

Crédit: Getty Images

Il a connu le faste de la Ligue des champions et les espoirs de titre suprême avec le PSG époque Ibrahimovic. Il avait 20 ans, l'âge de tous les possibles. Aujourd'hui, il ferraille dans l'anonymat du championnat suisse et va retrouver Nice en quart de finale de la troisième Coupe d'Europe. Il a 25 ans, l'âge pour un footballeur de se faire une raison. JKA n'a pas eu la carrière qui lui était promise. Au moins a-t-il retrouvé aujourd'hui le plaisir des terrains et du but, lui qui n'avait plus marqué en championnats depuis plus de trois saisons. Comment a-t-il pu en arriver là ?
En 2016, c'est pourtant lui que Lionel Messi, par l'entremise de leur sponsor commun Adidas, choisit comme potentiel successeur ainsi que quatre autres promesses du football mondial. Évidemment, Paris, comme à d'autres, ne pourra pas lui donner le temps de jeu nécessaire à sa progression. Comme Kingsley Coman, Moussa Diaby ou Christopher Nkunku après lui, il décide de rejoindre la Bundesliga et devient le deuxième Titi le plus cher de l'histoire (16 millions d'euros, juste derrière les 18 de Mamadou Sakho).
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La joie de Thiago Silva et de Jean-Kévin Augustin lors de la victoire du PSG face au Gazélec Ajaccio

Crédit: AFP

Septembre 2018, le tournant

Sa première saison à Leipzig, puissance montante en Ligue des champions, est tout à fait conforme à ce qu'on peut atteindre d'un 'prospect' qui change d'environnement : 12 buts, 6 passes décisives et une découverte de Bundesliga qui ressemble à une mise en orbite. Le mois de septembre 2018 marque un tournant dans sa carrière. Le 3, un an après une altercation avec son sélectionneur qui lui avait valu une exclusion du groupe, il décline une convocation chez les Espoirs en évoquant une fatigue musculaire. Même Didier Deschamps condamne cette situation "hallucinante" et Augustin ne portera plus jamais le maillot bleu (35 sélections en catégorie de jeunes) alors qu'il représentait alors l'une voire la plus grande promesse du football tricolore à ce poste.
"A cette époque, j'essayais de faire à ma manière dès que je n'étais pas content, rembobine-t-il chez nos confrères de RTS. Quand j'étais plus jeune, je ne pensais pas de la même manière, je voulais aller directement affronter la personne avec laquelle j'étais en conflit. Mais ce n'est pas la solution."
Plus jeune, je me reposais trop sur mes acquis et j'avais un peu la flemme de bosser
En club, Ralf Ragnick promet "une lourde sanction" alors que l’attaquant français a retardé la préparation de son équipe dans l’avant match face à Salzbourg en Ligue Europa en ne rentrant pas assez tôt aux vestiaires. "Ce n'est pas normal qu'on voyage trois mois à travers l'Europe pour nous qualifier, et qu'après certains joueurs voient ça comme une corvée", le charge son coach. Il marquera en novembre son dernier but de la saison et disparaîtra peu à peu des feuilles de match.
"Plus jeune, je me reposais trop sur mes acquis et j'avais un peu la flemme de bosser, avoue-t-il aujourd'hui. Quand on arrête de travailler, on se fait dépasser par les autres." Et Augustin se fera dépasser partout où il ira. La situation lui échappe et il devient le symbole (et la victime) d'un système qui broie les jeunes en les prêtant aux quatre coins de l'Europe sans se soucier d'eux. 2019/2020 : il jouera pour Leipzig, Monaco et Leeds. En Angleterre, il joue 48 minutes.
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Jean-Kévin Augustin salue les supporters avant un match de Leeds United, en février 2020.

Crédit: Getty Images

Bâle, la fin des problèmes ?

Leeds et Leipzig se battent pour ne pas le garder. Le club anglais a signé une clause obligatoire d'achat (21 millions d'euros) en cas de montée en Premier League. Mais la formation entraînée par Marcelo Bielsa fait valoir que son prêt s'est achevé le 20 juin alors que l'accession, pandémie mondiale oblige, a été acquise en juillet. JKA vient d'obtenir gain de cause et Leeds doit aujourd'hui lui payer 18 millions d'euros pour ne pas avoir respecté les termes du contrat.
Sa carrière va alors s'enliser à Nantes. Christian Gourcuff, Raymond Domenech et Antoine Kombouaré pointe tour-à-tour ses défaillances physiques et ne quittera que très rarement la réserve des Canaris, un affront pour l'ancienne promesse du PSG qu'il justifie aujourd'hui. "On a pensé que j'avais la flemme ou que j'étais fainéant", confesse-t-il au Journal du Dimanche.
Sauf qu'Augustin a contracté un Covid long qui l'a complètement mis à plat. "Mon corps m'a échappé." A Bâle, il se reconstruit petit à petit, très loin des attentes qui l'ont escorté au début de son aventure dans le football professionnel. Augustin n'a pas encore retrouvé toutes ses capacités physiques mais il progresse. Loin de Messi, loin des promesses, loin de la Ligue des champions.
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Jean-Kevin Augustin en discussion avec Raymond Domenech alors entraîneur de Nantes

Crédit: Getty Images

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