Strasbourg - Lens | Elye Wahi, un bijou mais c'est tout : "Dans le jeu, il est capable de faire mieux"

On ne dira pas qu'on l'avait vu venir. Mais le foot aime lier les destins et le contexte était idéal : face à Strasbourg, qui aurait bien aimer l'accueillir après un transfert à Chelsea cet été, et à quatre jours d'une rencontre face à Arsenal, qui le suivait de près aussi, on imaginait bien Elye Wahi marquer son premier but avec le RC Lens. Ça n'a pas loupé.

Peu après le premier quart d'heure de ce match d'ouverture de la septième journée de Ligue 1, l'ancien Montpelliérain est subitement redevenu lui-même, s'offrant une réalisation typique de son jeu et de ses qualités. Servi par Florian Sotoca, dos au but à 25 mètres de la cage strasbourgeoise, l'international Espoirs s'est retourné, très vite, a feinté, crocheté le ballon derrière sa jambe d'appui avant de frapper du pied gauche. "J'avais vu dès le départ le déplacement du défenseur derrière moi", a-t-il analysé après coup au micro de Prime Video. Sobrement, comme si ce but n'avait pas plus de valeur que beaucoup d'autres.

"C'est un très joli but, avec beaucoup de conviction et de technique, a pourtant observé son entraîneur Franck Haise au micro du diffuseur. Je suis content pour lui parce que c'est un but important qui donne la victoire à l'équipe." Jusqu'ici, l'inefficacité de l'ancien Montpelliérain soulevait au moins autant d'interrogations que les prestations collectives lensoises. Et la semaine dernière, malgré la victoire du Racing face à Toulouse, l'étrange action de fin de match où Wahi, ainsi que son coéquipier Deiver Machado, ont manqué de tuer le match avait laissé une drôle d'impression.

Haise en avait fait un symbole de "l'impatience" qui entourait à la fois le joueur et l'équipe. Parce que Lens est vice-champion de France en titre, et que Loïs Openda est parti. Le technicien avait raison. "Je ne me mettais pas la pression mais je l'attendais, a admis le joueur de 20 ans. Pour un attaquant, marquer permet de forger la confiance. Et j'avais toujours marqué tôt lors des saisons précédentes."

On ne peut pas dire qu'il commençait à être tard. Avant cette rencontre, Haise avait rappelé que l'attaquant était arrivé dans le Nord avec une préparation loin d'être optimale, et qu'il n'avait travaillé que "trois semaines pleines" avec son nouveau club, en excluant la trêve internationale (où il avait rejoint les Espoirs) ainsi que les petits pépins physiques. Mais un transfert à 40 millions d'euros, bonus inclus, a toujours tendance à augmenter l'exigence et le temps. "Les gens pensent toujours au transfert mais pas moi, a certifié le buteur. Je suis toujours resté concentré sur mes objectifs."

La première case est désormais cochée mais le chemin est encore long. Jusqu'ici, son coach ne lui avait d'ailleurs jamais explicitement réclamé des buts, insistant surtout sur les progrès qu'il avait vus dans le jeu et sur ses axes de progression : "Avant Séville, je lui avais demandé d'avoir des courses à haute intensité plus régulières, expliquait Haise il y a deux jours. Pour le pressing mais aussi pour étirer le bloc adverse et attaquer la profondeur. Et contre Séville, pour la première fois depuis qu'il commence avec nous, ses données étaient vraiment intéressantes. Et son match également."

L'entraîneur lensois n'a visiblement pas été aussi satisfait de sa prestation en Alsace, bouclée par une sortie peu après l'heure de jeu et avec une pointe d'agacement. "Elye n’était pas agacé parce qu’il sortait, mais parce que des joueurs étaient exigeants avec lui, a souligné Haise. Je crois qu’ils ont raison d’être exigeants avec lui. Il a marqué un joli but, mais, dans le jeu, il est capable de faire beaucoup mieux que ce qu’il a fait ce soir." Face à Arsenal mardi, le contexte sera toujours bon pour faire mieux.