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Xavi va quitter Barcelone : Pourquoi entraîner le Barça ne fait plus rêver

Vincent Bregevin

Publié 30/01/2024 à 23:29 GMT+1

Le départ annoncé de Xavi en fin de saison pose quelques questions, bien au-delà du nom de son successeur. Il s'inscrit surtout dans la continuité des difficultés rencontrées par les derniers entraîneurs du FC Barcelone. Pour diverses raisons, coacher le Barça ressemble bien plus à un cadeau empoisonné qu'à la promesse d'une aventure glorieuse. Explications.

Xavi

Crédit: Getty Images

Il a pris tout le monde de court. Et donné une nouvelle dimension à une soirée déjà pleine de rebondissements après la défaite du Barça samedi face à Villarreal (3-5). Xavi a désarçonné tous les médias en annonçant en conférence de presse son départ en juin. Une décision que personne n'attendait, du moins pas si tôt. Mais que le technicien catalan avait déjà prise depuis longtemps. "Notre travail n'est pas assez valorisé, a-t-il confirmé mardi. Et au début de la saison, je pensais que ce serait ma dernière".
Xavi sortait pourtant d'une année assez faste. Il avait offert au FC Barcelone son premier titre de champion d'Espagne depuis 2019. Il avait auparavant ajouté un autre trophée à la vitrine catalane en remportant la Supercoupe d'Espagne. Il avait même prolongé son contrat à l'automne dernier. Sa direction lui proposait un nouveau bail de deux ans. Il n'avait accepté qu'une année de prolongation. Comme s'il sentait déjà que cette aventure ne pourrait pas durer. Comme s'il était déjà rincé après deux années sur le banc barcelonais.

"On te fait sentir au quotidien que tu ne vaux rien"

Son cas vient confirmer une tendance. Au Barça, les entraîneurs ne durent pas bien longtemps. Même pas un an et demi pour Ronald Koeman (2020-21), prédécesseur de Xavi avant le court intérim de Sergi. A peine plus de six mois pour Quique Setien (2020). Ernesto Valverde (2017-2020) a tenu deux ans et demi et Luis Enrique trois ans. Ce sont les deux coaches qui ont eu le mandat le plus long depuis les quatre ans de Josep Guardiola entre 2008 et 2012. Le métier d'entraîneur est usant. Mais il l'est peut-être plus à Barcelone qu'ailleurs.
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C'est ce qui transpire des paroles de Xavi. Comme ceux qui ont occupé le banc du Barça avant lui, il n'était pas en mesure de survivre éternellement au contexte barcelonais. "On a supporté toute la pression du monde, a-t-il avancé mardi devant les médias. On te fait sentir au quotidien que tu ne vaux rien. C'est ce que m'a dit Pep (Guardiola, NDLR). C'est aussi arrivé avec Valverde. J'ai vu Luis Enrique souffrir. J’ai la sensation que quoi que je fasse ou quoi que je dise, personne ne sera d’accord. Même en gagnant la Liga, la Supercoupe ou en faisant jouer les jeunes."

Le mirage de la nostalgie

Xavi suscitait pourtant des espoirs. Il porte l'ADN du Barça et fait partie des légendes qui incarnent les grandes années du club catalan entre 2006 et 2015. Il ressemblait à une solution pour replacer Barcelone au sommet. Mais pour tout coach blaugrana, les difficultés viennent justement de là. "Le principal problème d'un entraîneur barcelonais est la nostalgie des meilleures années de Pep Guardiola et Messi, avance Adrian Garcia, journaliste pour la rédaction espagnole d'Eurosport. Ni l'un ni l'autre ne sont encore là, pas plus que les joueurs qui pratiquaient un football parfait. Barcelone doit construire un nouveau projet loin du miroir d'excellence du Barcelone 2009-2012 de Pep."
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Cette nostalgie, c'est tout le mal qui ronge Barcelone. Il reste invariablement fixé sur la référence du "grand Barça" de Guardiola sur ses ambitions de jeu et de résultats. Alors que c'est un mirage. La Masia sort toujours des jeunes très talentueux, à l'image de Pedri ou de Gavi. Mais cela n'atteint pas le niveau de la génération emmenée par Messi, Xavi, Iniesta et consorts. L'institution blaugrana avait aussi, à l'époque, des moyens qu'elle n'a plus aujourd'hui. Elle en est réduite à vendre ses actifs les uns après les autres pour pouvoir survivre. Le Barça n'est plus vraiment en mesure d'être le club dominant qu'il a été. Mais il fait comme si de rien n'était.

Des exigences invariablement surélevées

Les exigences restent surélevées et sont inlassablement relayées par la direction du Barça, ses supporters et la presse catalane. Le contraste n'en est que plus criant avec la réalité, celle à laquelle ont fait face tous les entraîneurs barcelonais depuis le départ de Guardiola. Xavi l'a bien ressenti l'été dernier. Il venait à peine de replacer Barcelone au sommet de la Liga que sa direction lui demandait déjà de remporter la Ligue des champions, une compétition dont le club n'avait pas dépassé la phase de poules depuis deux ans. Xavi pouvait légitimement trouver l'objectif démesuré. Surtout avec des renforts en prêt ou en fin de contrat, dans un mercato estival qui illustrait la crise financière du Barça.
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Xavi a lui aussi fait des erreurs. Il n'est pas parvenu à maintenir son équipe au même niveau que la saison passée, notamment sur le plan défensif. Mais au moins, il ne rêvait pas. Il était totalement conscient de la réalité. Son départ annoncé, la presse catalane n'a pas perdu de temps pour lui chercher un successeur et évoquer de multiples pistes, de Jürgen Klopp à Mikel Arteta en passant par Roberto De Zerbi, Luis Enrique, Thiago Motta, Hansi Flick, Sergio Conceiçao ou Imanol Alguacil. Là aussi, entre le rêve et la réalité, il y a un grand écart.

Le cadeau empoisonné

Pour tout technicien qui envisagerait le poste, il y a matière à y réfléchir à deux fois. Le cas de Xavi suit une tendance qui incite forcément à la prudence. "En ce moment, comme on dit en Espagne, être entraîneur de Barcelone est un cadeau empoisonné, résume Adrian Garcia. Une situation embarrassante. Des légendes comme Koeman ou Xavi s'y sont brûlés et des entraîneurs nationaux avec une bonne réputation comme Imanol Alguacil ou Míchel (Gérone) ne voudraient pas aller se 'cramer' dans ce Barça. Oui, dans un autre contexte. Mais pas maintenant."
Car maintenant, entraîner Barcelone n'a plus de quoi faire rêver comme par le passé. Xavi reste encore le mieux placé pour en parler. "Je ne peux pas lui donner de conseil, a-t-il dit mardi devant la presse au moment d'évoquer la tâche qui attendra son successeur. Il faut qu’il soit lui-même, naturel, qu’il ne se laisse pas influencer. C’est ce que j’ai fait, et j’en suis fier. Mon rêve était de coacher le Barça et de gagner des titres en jouant bien, et on l’a fait. Mon conseil, c’est qu’il profite. Mais ça sera impossible." Le message peut difficilement être plus clair.
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