L'antisèche de Pays-Bas - France (0-0) : Tellement Deschamps, tellement frustrant

Pour compenser l'absence de Kylian Mbappé, Didier Deschamps n'a pas voulu prendre de risque. En transformant Adrien Rabiot en ailier gauche de fortune qui s'est surtout baladé au milieu, les Bleus ont évolué dans un 4-4-2 asymétrique digne de Moscou. Malgré le retour d'Aurélien Tchouaméni en sentinelle, les Tricolores ont perdu en fluidité avec la position trop avancée d'Antoine Griezmann. Résultat : il y a bien eu des occasions mais pas vraiment de fil conducteur avec le ballon. En face, les Pays-Bas, très regroupés, se sont évertués à défendre en bloc pour exploiter d'éventuelles transitions. Face à cette animation offensive sclérosée, ils ne risquaient pas grand-chose et ont failli faire jackpot.

Dans l'anticipation et les duels, Dayot Upamecano a livré un match digne de son aventure au Qatar, bien secondé par un Mike Maignan vraiment rayonnant depuis son arrivée en Allemagne. Dans un rôle plus inhabituel avec les Bleus, N'Golo Kanté n'a pas démérité. A l'inverse, Ousmane Dembélé, maladroit, Aurélien Tchouaméni, trop discret, et Théo Hernandez, abandonné, ont sombré. Titulaire en pointe, Marcus Thuram a été parfois brillant mais a croqué la feuille de match, tout comme Antoine Griezmann, auteur de deux énormes ratés.

69e minute : Sur la seule attaque placée des Néerlandais de la seconde période, Xavi Simons réussit à marquer après une frappe de Memphis Depay repoussée par Mike Maignan. Après quelques secondes de célébration, le but est finalement annulé pour une position de hors-jeu de Denzel Dumfries. Le latéral droit néerlandais est bien en position illicite. Mais empêche-t-il vraiment Maignan de plonger ? Aux Pays-Bas, on se pose sérieusement la question.

Il y eut d'abord son apparition sur la pelouse de Leipzig, avec un masque noir sobre, conformément au règlement UEFA. Mais c'est surtout l'image d'un capitaine scotché sur le banc qu'il restera ce vendredi. Impuissant face à l'inefficacité des siens.

Comme le nombre de frappes des Bleus ce vendredi. Une stat trompeuse puisque seulement trois d'entre elles, toutes venues de Griezmann, ont été cadrées. Au final, Verburggen n'a jamais eu à chauffer ses gants laissant l'impression étrange que les hommes de Deschamps avaient largement les moyens mais vraiment pas l'œil du tigre face au but.

"J'ai deux 'occases' où ça me reste dans les pieds, c'est vraiment dommage. C'est ce qui nous manque sur les deux matchs, il faut le travailler. Défensivement on a été bons. Tactiquement, on a été bons. Il nous manque ce petit but. Tranquillité, ça va arriver."

En choisissant la sécurité d'un système connu et victorieux par le passé, Didier Deschamps est resté fidèle à sa ligne. Pour sa défense, ce 0-0 n'est pas un mauvais résultat en soi et les Bleus auraient même pu repartir de Leipzig avec une défaite dans les valises. Sa défense fut rarement exposée et ces Tricolores sont toujours aussi difficiles à manœuvrer.

Reste que les premiers échos venus des joueurs racontent un match où seul le déficit d'efficacité est à souligner. Mais l'explication ne tient pas complètement. En choisissant ce 4-4-2 russe, Deschamps a anesthésié son côté gauche où le pauvre Théo a semblé bien seul. Sachant que son côté droit ne brille pas spécialement pour sa réussite flamboyante, ces Bleus ont semblé sans munitions. Seules les projections de N'Golo Kanté, propulsé chef d'orchestre au milieu puisque Griezmann avait délaissé la zone, ont égayé la soirée. Ajoutez à cela la prestation perfectible de Tchouaméni et ça faisait beaucoup.

Même dans son coaching en fin de match, DD aura été conservateur. Jamais il n'a cherché à modifier cette asymétrie insipide avec les entrées de Coman et Giroud en lieu et place de Dembélé et Thuram. Prendre autant d'attaquants dans sa liste pour faire jouer des milieux à leur place, c'est tellement Deschamps. Jusqu'à présent, difficile de s'en plaindre. Mais ce vendredi, si ses Bleus ont été sans idée, c'est aussi parce que DD n'en a pas vraiment cherché.