France - Pays-Bas - Bleus - La thèse de Didier Deschamps ne tient pas

Si on nous avait dit il y a un mois que N'Golo Kanté serait dépositaire du jeu des Bleus et qu'Adrien Rabiot aurait deux des plus grosses occasions du match, on aurait compris que la France ne marque pas un but face aux Pays-Bas tout en se demandant quelle mouche a bien pu piquer Didier Deschamps. Le manque de réalisme de l'équipe ne s'explique pas que par la maladresse ou l'absence de Kylian Mbappé. "Avoir autant d'occasions et ne pas marquer c'est le seul regret que j'ai ce soir", a sans surprise communiqué Didier Deschamps. Et pourtant....

C'est aussi parce que le sélectionneur n'a pas mis ses hommes dans leurs meilleures dispositions dans ce 4-4-2 asymétrique que ceux-ci n'ont pas réussi à forcer le verrou batave. Trop peu de changements de rythme et de combinaisons, une relation technique inexistante entre Marcus Thuram et Antoine Griezmann et un manque de créativité notamment dans le jeu long. Après deux matches, aucun joueur de l'équipe de France n'a encore marqué. Ça n'était jamais arrivé en compétition internationale hormis lors des deux plus mauvaises Coupes du monde de son histoire (2002, 2010). Cette fois, les défenseurs néerlandais n'ont pas donné de coup de pouce et les vice-champions du monde se sont retrouvés face à leur incapacité à marquer.

Alors bien sûr, le retour du château-fort et de ses interminables remparts assoit l'équipe sur un socle quasiment impénétrable. Mais ce nouveau système pose plusieurs problèmes dans l'animation offensive. Le premier : la position d'Antoine Griezmann. Le Maconnais n'a marqué que trois buts lors de ses 31 dernières sélections et ses ratés vendredi témoignent de son manque de confiance face au but. Mais ce rôle de second attaquant prive l'équipe de France de son rayonnement dans le cœur du jeu. Quand la machine est privée de son moteur, forcément, elle avance moins bien.

Le second problème tient, bien sûr, à la titularisation d'Adrien Rabiot à gauche. Comme Blaise Matuidi en Russie, le Turinois n'est pas un ailier et, plusieurs fois, il a semblé refuser l'obstacle quand le jeu demandait une frappe ou une course vers le but. Comment lui en vouloir ? Mais surtout sa position prive Théo Hernandez d'un relais. La prestation offensive complètement anonyme du Milanais s'explique facilement. Se priver de ses percussions c'est enlever 80% de la plus-value du latéral gauche.

Il faut se souvenir qu'avec deux buts et 8 passes décisives, Hernandez est un des joueurs les plus prolifiques du groupe depuis deux ans et demi. Même face à l'Autriche, il a ouvert des boulevards. Pourquoi s'en priver ? D'autant qu'à droite, Ousmane Dembélé ne créé par les mêmes différences que Mbappé en 2018 et qu'il a encore bien du mal à aller au bout de ses idées. Marcus Thuram, lui, ne semble toujours pas disposé à marquer. Au milieu, la créativité de Paul Pogba dans le jeu court et le jeu long n'est plus compensée parce que Griezmann est trop haut et qu'Aurélien Tchouaméni est encore trop court.

Le retour de Kylian Mbappé dans ce système peut-il tout résoudre ? Certainement pas puisque son association en pointe avec Griezmann est difficilement envisageable. Dès lors, un retour à la case départ comme contre l'Autriche pourrait résoudre une partie des problèmes. Mais pas tous.