France - Pays-Bas - Bleus - Kylian Mbappé, mystère et boule de gomme

Jouera ? Jouera pas ? Dans quel état ? Faut-il prendre le risque ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Forfait ! Peut-être pas finalement. Le nez en sang, le pansement, le masque. Comment va-t-il le supporter ? Pourra-t-il respirer normalement ? Aussi vrai que la terre tourne autour du soleil, la semaine des Bleus, elle, a pivoté autour d'un autre astre : Kylian Mbappé et de sa fracture du nez. Ces 72 dernières heures, il n'a jamais été question des Pays-Bas, de Memphis Depay, du rôle restrictif de Marcus Thuram ou des très bons débuts de Mike Maignan. Comme si de la présence ou de l'absence de leur capitaine dépendait l'issue du deuxième match des Bleus. Et au fond, peu importe le reste.

On a craint la fin de son Euro, on espère désormais le voir à Leipzig. Mais le mystère est savamment entretenu par une équipe de France qui ne veut pas dévoiler son jeu trop tôt. Laisser planer le doute, voilà la stratégie de Didier Deschamps et de son staff. Mbappé a laissé sa place en conférence de presse à Antoine Griezmann, il n'a pas participé à l'opposition collective à huis clos ce qui donne tout de même une indication claire sur sa probable absence au coup d'envoi. Mais Didier Deschamps a rappelé que tout allait dans le bon sens. Ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle quand on connaît le poids de l'attaquant dans les résultats des Bleus depuis trois ans.

Comme le dit Griezmann : "Que l'un des meilleurs joueurs du monde soit ou non sur le terrain, ça change énormément." Et s'il n'a pas été époustouflant face à l'Autriche, c'est de lui qu'est venu le seul but de la rencontre. Imaginer la suite sans lui donnait le vertige alors que Randal Kolo Muani, Kingsley Coman ou Olivier Giroud, pour des raisons différentes, ne semblent pas dans la forme de leur vie et que tout miser sur Bradley Barcola revient à jeter une pièce en l'air. Bref, il faudra se réinventer si le néo-Madrilène ne revient pas dans les temps.

Mais acter son forfait face aux Bataves n'aurait rien de bouleversant non plus. Parce que la victoire initiale contre l'Autriche offre une marge aux Bleus dans une compétition où les 8es de finale s'offrent même aux meilleurs troisièmes. Terminer premier ne garantit même pas d'affronter un adversaire plus docile dans le grand tableau.

Si le salut des Bleus en grande compétition est quasiment toujours venu d'un héros, l'équipe de France a su gagner, en 1998, un 8e de finale sans Zinedine Zidane et en 1986, elle a atteint a la demi-finale de la Coupe du monde avec un Michel Platini diminué par une blessure lancinante au tendon d'Achille. Alors laisser Mbappé, tout glouton qu'il est, sur le banc pour un deuxième match de poule histoire d'amortir les risques reste une option à la fois sage et envisageable. L'ombre de l'avant-centre masqué planera sur Leipzig jusqu'au coup d'envoi. Pourtant l'enjeu dépasse sa seule présence.

Malgré le succès de dimanche, la France doit encore se rassurer collectivement. Elle affronte pour la première fois depuis mars une valeur sûre du continent et la dernière fois, le match avait viré au vinaigre (défaite 0-2 face à l'Allemagne). Si les Bataves ont bien du mal contre les équipes de Didier Deschamps (7 défaites en 8 confrontations depuis 2014), si la génération actuelle semble moins brillante que ses devancières, en particulier celle qui avait botté les fesses des Bleus à l'Euro 2008, les Pays-Bas sont passés à deux doigts de sortir les champions du monde argentin du tournoi au Qatar en quarts et restent redoutables face à l'odeur du sang.

Le test est réel pour une équipe qui se cherche encore avec ou sans son capitaine. Antoine Griezmann va-t-il retrouver de son influence ? Que faire d'Aurélien Tchouaméni qui postule dans un milieu qui déborde ? Ousmane Dembélé va-t-il sortir de sa torpeur ? Marcus Thuram peut-il enfin apporter autant dans la surface adverse que celle des Bleus ? La nouvelle charnière tiendra-t-elle le coup contre des Néerlandais armés offensivement ? A Leipzig, il est temps d'apporter des réponses nettes et d'avancer un peu moins masqués.