France - Belgique | Problème de création ou de finition ? Les Bleus, pas improductifs mais pas assez tueurs

Didier Deschamps n'a pas eu l'audace de dire que tout allait bien. Mais le sélectionneur de l'équipe de France est particulièrement adroit quand il s'agit de ne pas montrer que certaines choses vont mal. Ainsi, quand on lui rappelle que les Bleus se sont qualifiés pour les huitièmes de finale de l'Euro 2024 sans inscrire le moindre but dans le jeu, l'entraîneur se raccroche à une thèse qu'il n'a cessé d'avancer depuis le début de la phase de groupes : "l'équipe de France a la capacité de se créer beaucoup d'occasions."

Le contre-argument a au moins le mérite d'être recevable : les coéquipiers de Kylian Mbappé ont effectivement été en mesure de générer du danger dans la surface adverse, comme le démontre le domaine statistique. Seuls l'Allemagne, le Portugal et la Turquie ont été capables de générer plus d'actions menant à un tir que les Bleus.

Cela a débouché sur des occasions assez franches puisque les Tricolores ont frappé relativement proche du but (15,5 mètres en moyenne contre 16 pour le Portugal ou 16,6 pour l'Allemagne). Et aucune équipe n'a cumulé plus d'expected goals, c'est-à-dire de "buts attendus", que la France (5,7).

Si l'impression visuelle globale est si différente, c'est aussi parce qu'elle est biaisée par la frustration générée par certains joueurs tricolores dans le tiers adverse. Les percées solitaires de N'Golo Kanté mal accompagnées mais aussi et surtout les innombrables ballons perdus ou abandonnés en sont à l'origine. Ousmane Dembélé en est l'incarnation, avec deux petits centres réussis et seulement quatre passes dans la surface adverse.

L'ailier du Paris Saint-Germain est aussi l'un des visages d'une attaque à l'inefficacité chronique. "Quand il n'y a pas l'efficacité qu'on souhaite, on reproche surtout ça aux joueurs offensifs", a glissé Deschamps après le nul face à la Pologne. "On a encore ce problème d'efficacité, a lui insisté Adrien Rabiot au micro du diffuseur. [...] Il y a moyen de faire beaucoup mieux."

Y parvenir dépendra de plusieurs critères. Il faudra d'abord faire les bons choix. Le milieu de terrain de la Juventus, par exemple, a certainement été trop altruiste face aux Pays-Bas en préférant chercher Antoine Griezmann, à quelques mètres du but, plutôt que de frapper. Régler la mire est également un impératif. Dans cet exercice, les Bleus font partie des plus mauvais élèves avec seulement 27,7% de frappes cadrées (seulement 13/47). L'énorme occasion manquée par Kylian Mbappé, seul face au gardien autrichien, est un symbole.

"Des fois, on peut manquer de précision et tomber sur un super gardien qui fait beaucoup d'arrêts", a tenté de défendre Didier Deschamps à ce sujet. L'équipe de France est effectivement tombée sur des derniers remparts performants mais elle a aussi manqué de véritables tueurs dans la zone de vérité. Dans ce domaine, et outre le capitaine tricolore, Marcus Thuram, Antoine Griezmann, Ousmane Dembélé ou encore Olivier Giroud ont tous failli, à différentes échelles, depuis le début de la compétition. Désormais, il est urgent de monter le curseur.