Euro 2024 I Pays-Bas - France I Xavi Simons, c'est quoi le problème ?

C'est un paradoxe qui prend un malin plaisir à persister. Si brillant en club ces deux dernières saisons, que ce soit au PSV Eindhoven ou au RB Leipzig, Xavi Simons peine toujours autant à reproduire le même niveau de performance en sélection. Son entrée dans l'Euro est venue le confirmer. Emprunté, imprécis, le milieu offensif néerlandais n'a jamais eu l'impact attendu sur le jeu des Pays-Bas face à la Pologne (2-1). Il a été le premier joueur à céder sa place, peu après l'heure de jeu. La décision de Ronald Koeman pouvait difficilement être remise en question.

Le sélectionneur néerlandais avait fait le choix fort de le titulariser sur le côté droit de l'attaque oranje. Il ne manque pas de solutions dans ce secteur, mais le champion d'Europe 1988 avait aussi des raisons de faire confiance au joueur appartenant au PSG. Il sortait d'une prestation enfin aboutie sous le maillot des Pays-Bas face à l'Islande (4-0) en match de préparation pour l'Euro, avec son premier but en sélection. Enfin. Xavi Simons avait dû patienter jusqu'à sa 14e sélection pour être décisif en équipe nationale. Mais l'espoir d'un déclic a rapidement été douché. Pour l'instant.

A 21 ans, l'ancien pensionnaire de la Masia a encore tout le temps devant lui pour s'imposer en sélection. La patience reste de mise mais le phénomène interpelle. "Les supporters néerlandais ne sont pas impatients avec Xavi Simons car c'est encore un jeune joueur, nous assure Bolo Zenden, l'ancien international néerlandais passé par l'OM. On voit ce qu'il fait avec Leipzig et on a désormais hâte qu'il fasse la même chose avec les Pays-Bas. On attend beaucoup de lui. Peut-être un peu trop. C'est parce qu'on croit beaucoup en son potentiel."

Ce potentiel immense, Xavi Simons le montre chaque semaine en club. Depuis assez longtemps pour être frustré par son rendement avec les Pays-Bas. "Xavi fait pas mal son autocritique, avançait récemment Koeman. S'il y a un joueur qui veut être bon et important pour l'équipe nationale néerlandaise, c'est bien lui." Peut-être trop. Il n'est pas impossible que Xavi Simons soit victime de ses propres exigences, que la pression qu'il se met pour réussir en sélection impacte négativement ses performances. "Avec l'équipe nationale, il a tellement envie que les choses ne se déroulent pas comme il le souhaiterait", affirme Zenden dans ce sens.

Il y a un paramètre psychologique à ne pas négliger. Et la configuration tactique, aussi. Son utilisation en équipe des Pays-Bas est différente de celles qu'il a connues en club ces deux dernières saisons, au PSV Eindhoven (22 buts et 12 passes décisives en 48 matches) puis à Leipzig (10 buts et 15 passes décisives en 43 matches). "Il a fait de très belles choses au PSV et à Leipzig, souligne Zenden. Peut-être qu'il a pu davantage s'exprimer en clubs parce que le système de jeu lui correspondait mieux. Peut-être que Leipzig joue plus en contre-attaque que les Pays-Bas."

Au PSV, Simons a brillé sur la gauche de l'attaque ou en soutien de l'attaquant dans un schéma le plus souvent articulé en 4-2-3-1. A Leipzig, il a d'abord été performant dans un rôle de meneur excentré sur le côté droit au sein d'un système en 4-4-2, et la présence de deux attaquants axiaux pour lui offrir des cibles n'y a pas été étrangère. Il a basculé sur le côté gauche en cours de saison, sans changer de registre, jouissant d'une grande liberté pour décrocher et initier les actions avant de se projeter vers l'avant pour participer à la finition.

C'est certainement dans ces conditions qu'il exprime le mieux ses qualités. Loué pour sa polyvalence, capable de jouer quasiment sur tous les postes de l'attaque mais aussi en milieu avancé, Xavi Simons reste un milieu offensif plutôt qu'un attaquant. Il est nettement plus à l'aise quand le jeu est devant lui. C'est le cas à Leipzig où sa créativité, ses talents de passeur et son instinct dans le dernier geste font merveille. Beaucoup moins avec les Pays-Bas, où la création repose davantage sur Joey Veerman, où Memphis Depay décroche beaucoup et limite les solutions en appui et en profondeur dont Xavi Simons dispose en club avec Benjamin Sesko et Loïs Openda.

Le plan de jeu de Koeman n'est pas forcément destiné à le mettre en valeur. Cela viendra peut-être un jour. Mais le sélectionneur néerlandais n'a pas vraiment de raisons de changer son fusil d'épaule pour cet Euro. Cody Gakpo est solidement installé sur ce côté gauche privilégié par Xavi Simons, qui fait face à une forte concurrence à droite avec Jérémie Frimpong et Donyell Malen. Le joueur prêté cette saison par le PSG à Leipzig doit s'adapter. Il n'y a pas d'urgence, mais l'ancien Barcelonais a quand même tout intérêt à saisir les opportunités qui lui sont offertes de briller sous le maillot oranje. Il n'a pas profité de cette chance contre la Pologne. Peut-être le fera-t-il contre la France.