Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Euro 2024, Georgie : Parmi les anciens joueurs de Willy Sagnol, peu sont étonnés "de le voir réussir"

Mis à jour 30/06/2024 à 18:01 GMT+2

Willy Sagnol a bâti quelque chose de grand en Géorgie, où il est considéré comme un héros. Une première qualification historique pour à l'Euro puis, dans la foulée, un huitième de finale contre l'Espagne qui se profile dimanche. Alors qu'il a quitté la France en mauvais termes après une dernière saison ratée à Bordeaux en 2016, ses anciens joueurs ne sont pas surpris de ce succès.

"Le principal problème des Bleus, c'est que Giroud et Griezmann sont à côté de leurs pompes"

Willy Sagnol, héros d'une nation. Les supporters des Girondins de Bordeaux, qui ne gardent pas tous un bon souvenir de la dernière saison du Français en tant qu'entraîneur de leur club, doivent être les premiers étonnés de voir l'ancien latéral des Bleus et du Bayern Munich porté au rang de star en Géorgie. Pourtant, après avoir pris les rennes de la sélection en 2021 et accepté le challenge de faire grandir l'équipe d'un pays dont il dit apprécier la culture et la résilience, il a d'abord qualifié ce "petit" pays pour le premier Euro de son histoire. Non content de l'exploit, il a ensuite envoyé ses troupes en huitième de finale, à la faveur d'une victoire contre le Portugal (2-0) dans le dernier match de la phase de groupes de cet Euro en Allemagne.
L'exploit est grand et le contexte opportun. Le ticket d'entrée pour la joute européenne a été arraché aux tirs au but, au bout du suspense contre la Grèce (0-0, 4-2 t.a.b). Et Khvicha Kvaratskhelia, qui est ciblé par les dirigeants parisiens sur ce mercato d'été, fait figure, à 23 ans, de sorte de Zinédine Zidane géorgien, au milieu d'un effectif où certains évoluent en deuxième division grecque. Si les supporters girondins sont surpris, certains qui sont passés sous les ordres de Sagnol sont loin de l'être. Le finaliste de la Coupe du monde 2006 a laissé un bon souvenir à ses ex.
Si tu arrives à reproduire ce qu'il veut faire, tu vas gagner des matches
"Je ne suis pas étonné de le voir réussir comme ça aujourd'hui", loue Thomas Touré. L'attaquant franco-ivoirien (30 ans), actuellement sans club, a connu les auspices de Sagnol entre 2014 et 2016. "On sentait déjà à l'époque qu'il voulait aller haut. Il avait beaucoup d'ambition. Aujourd'hui, quand je vois jouer la Géorgie, je ressens la patte Willy Sagnol. On sent que c'est maîtrisé et pas le fruit du hasard", martèle le joueur formé en Gironde. Pourtant, lorsque le natif de Saint-Etienne est limogé de son poste d'entraîneur en 2016, beaucoup pointent du doigt un discours qui ne passe plus auprès de ses joueurs, un vestiaire avec qui cela ne fonctionnait plus.
Sagnol a alors peut-être payé son image, entachée durant ses années bordelaises par sa sortie sur les joueurs africains "pas chers", "puissants", mais qui pourraient manquer "d'intelligence" et de "technique". Ou par une blague de plus ou moins bon goût à l'arbitre de Bordeaux-Nantes en Coupe de France en février 2016 qui lui avait valu trois matches de suspension. Car du côté des joueurs, en tout cas de Thomas Touré, les souvenirs fleurent bon le football : "Tout était carré dans la façon de jouer et d'animer son système. Tu sentais qu'il était dans le vrai. Malheureusement, on n'avait pas forcément l'effectif et l'équipe pour jouer exactement comme il le voulait. Si tu arrives à reproduire ce qu'il veut faire, tu vas gagner des matches. (...) Est-ce que son discours passait toujours ? Pour moi, oui. Je pense que son départ en 2016 nous a plus pénalisés qu'autre chose".

Un sélectionneur plutôt qu'un entraîneur ?

Au rayon bon souvenirs, Alexandre Coeff a de quoi faire aussi. Le défenseur qui évoluait encore à Caen la saison passée et qui a connu Sagnol chez les sélections de jeunes, ne garde en mémoire que du positif : "Dans mon souvenir, c'était quelqu'un qui voulait apporter beaucoup tactiquement, qui mettait beaucoup de rigueur. Et à côté de ça, surtout un bon meneur d'hommes". Et si c'était, le secret de la patte Sagnol ? Un discours efficace, le savoir-faire quand il s'agit d'emmener un vestiaire avec lui, de le piquer là où ça fait mal quand il le faut. Des qualités essentielles pour un sélectionneur, qui ne voit ses joueurs que lors des rares fenêtres internationales.
"Je me souviens du match Bordeaux-Lyon (0-5, 21 décembre 2014), se remémore Thomas Touré. A la mi-temps, on perd 1-0 et il s'en prend aux milieux : 'Les gars, vous êtes sérieux ? Vous vous faites bouffer dans l'entrejeu". L'un d'entre eux lui répond : 'si tu n'es pas content, tu me sors'. Et là Willy Sagnol sort de ses gonds : 'pardon ? Qu'est-ce que t'as dit ? Tu es le milieu de terrain en Europe qui a gagné le moins de duels depuis la 3e journée !' Il avait la stat' en tête et attendait le bon moment pour la sortir (rires)". Une anecdote représentative de sa méthode qu'il arrive visiblement à appliquer à l'international.
Tu le retrouvais derrière le vestiaire avec sa cigarette et sa bière pour rigoler avec toi
Sagnol s'est déjà fait les dents sur le football de sélection, parmi les catégories de jeunes en France. Ce métier si particulier, quelque part bien différent de celui d'entraîneur. Dans lequel "il faut aller à l'essentiel et jouer sur des choses comme l'état d'esprit, juge Alexandre Coeff, qui a été sous les ordres de l'ancien Bavarois en équipe de France U20 et Espoirs. Quand tu regardes la Géorgie aujourd'hui, c'est une équipe généreuse à mort, qui ne lâche rien et qui se rend compte de la chance qu'elle a. Je pense que c'est lui qui a su mettre ça en place".
Le statut et la carrière de l'homme, vainqueur de la Ligue des champions avec le Bayern en 2001 aident forcément un peu à obtenir les oreilles des cadres du vestiaire. Mais cela ne fait pas tout. "C'était quelqu'un de vachement proche. Dans son lexique, sa façon de parler aux joueurs, il était facile. Dans un vestiaire, il te parlait super sérieusement de tactique, il savait te mener et après tu le retrouvais derrière le vestiaire avec sa cigarette et sa bière pour rigoler avec toi", glisse l'ancien bleuet.
A l'époque, Sagnol mettait déjà l'accent sur l'assise défensive. Pour le reste, "on avait tellement de talent devant qu'il n'avait pas forcément besoin de donner beaucoup de consignes", dévoile Coeff, qui a évolué en Espoirs aux côtés d'Anthony Martial, Paul-Georges Ntep, Adrien Rabiot ou encore Jean-Christophe Bahebeck. Une recette qui rappellerait presque celle utilisée par cette sélection au profil de petit poucet dans cet Euro, à la défense bien rôdée et à l'attaque garnie de Georges Mikautadze et Khvicha Kvaratskhelia. Peu importe le résultat contre l'Espagne dimanche, la Géorgie a déjà plus que réussi son parcours. Un moyen pour lui de dire "Vous m'avez jugé trop vite", prédit Alexandre Coeff.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité