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Euro 2024 - France - Pologne : Comment l’Italie a métamorphosé Adrien Rabiot

Guillaume Maillard-Pacini

Publié 25/06/2024 à 00:20 GMT+2

Devenu intouchable dans le onze de Didier Deschamps, qu’il soit aligné à son poste ou même un autre, comme lors du match face aux Pays-Bas (0-0) vendredi dernier, Adrien Rabiot a gagné en maturité depuis son départ en Italie à l’été 2019. Dans son jeu, d’abord, mais aussi dans sa personnalité, qui a mûri au contact de grands joueurs.

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Adrien Rabiot hésite encore. Mais qu’importe sa décision finale, celui dont le contrat avec la Juventus Turin expire dans quelques jours gardera un souvenir impérissable de son passage en Italie. Là où il a pris une nouvelle dimension. Là où il a grandi, sur le terrain comme en dehors. Là où sa carrière aura basculé dans le bon sens. Au fil des années et des saisons, l’ex-Parisien s’est imposé comme un titulaire à part entière du club piémontais, pourtant dans un moment de creux de son histoire. Les entraîneurs ont eu beau se succéder (Allegri, Sarri, Pirlo, puis encore Allegri), tout comme les dirigeants et les problèmes parfois extra-sportifs du club (création de la Super Ligue, pénalisation pour fraude comptable, démission du conseil d’administration…), le ”Duc” est toujours resté un élément fiable sur lequel s’appuyer.
Il est devenu un grand joueur ici, se félicitait Massimiliano Allegri en 2022. Il a su évoluer, grandir, progresser, à l’écoute des conseils et des consignes. Tout le monde l’apprécie à la Juve. Je le considère un très grand joueur, avec encore une marge de progression. Il a l’âge de la maturité.” Entre les deux, le feeling a toujours été présent, malgré parfois quelques remontrances publiques du technicien toscan, dont l’estimation a toujours été à la hauteur de l’exigence. Dans un club comme la Juve, les trous d’air ne sont pas permis. Les écarts de comportement non plus.
Côtoyer des grands joueurs, cela m'a fait du bien
Côtoyer des grands joueurs, faire partie d'une institution comme la Juve, ça fait grandir. Cela m'a fait beaucoup de bien”, reconnaissait Rabiot, qui a fêté ses 29 ans début avril. Si son caractère n’a pas vraiment changé, le natif de Saint-Maurice (Val-de-Marne) n’est plus le même joueur qu’à son arrivée. "Le simple fait de partir de chez moi a eu un impact positif, rembobinait-il en juillet 2021. On s’ouvre à d’autres personnes, à une nouvelle langue… Et puis, en Italie, il y a la discipline, la rigueur, le travail tactique, des éléments qui m’ont beaucoup apporté (…) Quand j’en avais parlé avec Gigi Buffon au PSG, il m’avait dit qu’une saison à la Juve vaut deux ou trois saisons ailleurs. Quand tu viens de l’étranger, tu peux juste grandir."
Là-bas, dans le Piémont, l’international français a notamment appris la culture du détail et l’exigence du quotidien. Plus question de prendre un entraînement par-dessus la jambe. Sur le terrain, son jeu a également évolué. Influence plus importante, volume de jeu majeur, densité de tous les instants, sens tactique plus aiguisé… Rabiot a bien changé. Au point de porter à plusieurs reprises le brassard de capitaine, signe de la confiance et de l’estime dont il fait l’objet.
”Je me sens bien, physiquement ou dans la tête. J'ai l'impression d'être au mieux de ma forme avec assez d'expérience pour gérer les matches, les moments forts, ceux plus compliqués. Déjà, à la Coupe du monde, je me sentais très bien. Autour des 30 ans, c'est là qu'on se sent le mieux. J'espère que ça va continuer”, se félicitait-il la semaine dernière. Pas vraiment étonné de sa progression à la Juve, un club qu’il connaît très bien, Didier Deschamps a fini par l’installer lui aussi dans son onze. Qu’importe les erreurs du passé.

Avec Deschamps, fini les bisbilles

Durant la longue éclipse de N’Golo-Kanté éloigné de l'équipe de France pour cause de blessure et d'exil en Arabie Saoudite (Al-Ittihad), Rabiot a pris du galon, devenant un homme de base de ”DD”, qui apprécie ses capacités à sécuriser le côté gauche, à jouer en avançant et sa touche technique. Fini, donc, les bisbilles avec le sélectionneur. Le "Duc" avait notamment payé au prix fort des déclarations maladroites après une piètre production personnelle en Bulgarie en qualifications du Mondial 2018 (1-0, le 7 octobre 2017), se plaignant du froid et avouant sa peur de se blesser. Deschamps l'avait sanctionné en ne le retenant pas pour la phase finale de la Coupe du monde en Russie.
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Rabiot : "On a largement les moyens de remplacer Mbappé"

Il avait ensuite aggravé son cas en refusant d'être placé sur une liste de réservistes et avait été écarté durant près de deux ans par le technicien. Mais Deschamps n'est pas rancunier et a fini par le rappeler. Pour ne plus jamais l’oublier. Devenu indispensable, Rabiot, affaibli par une fatigue musculaire et des douleurs au mollet avant l’Euro, qui l'avaient empêché de participer aux séances collectives à Clairefontaine et aux deux rencontres de préparation contre le Luxembourg (3-0) et le Canada (0-0), a même dépanné sur l’aile gauche samedi dernier face aux Pays-Bas (0-0). Signe de la confiance ultime de son sélectionneur, avec qui les relations sont désormais beaucoup plus fluides.
On a toujours eu de bonnes relations, même avant ce qui s'était passé avant le Mondial (2018), estimait Rabiot avant le Mondial 2022. Après ça, il s'est passé deux ans où on n'a pas eu de contact, avant que je revienne en 2020. Quand je suis revenu, on a tout de suite discuté avec le sélectionneur, et cela s'est très bien passé. Je ne savais pas à quoi m'attendre au départ, mais on a eu une très bonne relation tout de suite et puis, de sélection en sélection, cette relation s'est vraiment améliorée. On a appris à mieux se connaître, il me comprend mieux, il connaît mieux ma personnalité et, aujourd'hui, on est beaucoup plus proches.

Son association avec Kanté avait fait merveille

Côté terrain, il s’adapte également aux demandes de ”DD”. Qu’importe le système de jeu et son positionnement sur le terrain. Sur cet aspect, Rabiot a aussi évolué. "Les consignes qu'on a, c'est de ne pas trop se projeter dans un premier temps, être plus dans la récupération pour alimenter les joueurs offensifs. Moi, j'aime me projeter donc j'ai pu le faire pendant le match. Mais le coach nous demande de rester assez en sécurité. Avec Kanté, les tâches étaient bien réparties, on a été efficaces à la récupération. On a fait un très bon match dans l'ensemble", analysait-il après le premier match face à l’Autriche (1-0). Son association avec Kanté avait en effet fait merveille alors que les deux joueurs n'avaient plus évolué ensemble depuis plus de deux ans.
 
Une interrogation, quand même, avant le troisième et dernier match de la poule face à la Pologne : Rabiot parviendra-t-il enchaîner une troisième titularisation consécutive en l’espace de moins de dix jours ? ”Il faut voir sur le moment, comment je me sens sur le terrain. Je pars dans l'optique d'être au mieux sans m'économiser. Il y a du monde derrière pour prendre le relais, c'est ce qui nous soulage en tant qu'équipe. Physiquement, je suis à 70 %. Sans avoir joué un mois, c'est quand même important l'enchaînement des matches”, prévenait Rabiot après l’Autriche. Son objectif dans cet Euro ? ”Là, on a l'envie de bien faire, d'aller au bout”, lâchait-il sans hésiter. Mettant ainsi le cap sur la finale du 14 juillet prochain, jour de fête nationale en France. Suivez le “Duc“.
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Adrien Rabiot en conférence de presse, le 19 juin

Crédit: Getty Images


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