Euro 2024 - France - Pologne - Bleus - Faut-il sacrifier Aurélien Tchouaméni ?

Aurélien Tchouaméni aime la NBA, le piano et LinkedIn. Dans un post partagé sur le réseau entre professionnels, il énumère ce que le foot et l'entreprenariat, deux autres de ses passions, ont un commun. "La recherche de solution" en fait partie et il développe : "les start-ups sont obsédées par l'idée d'apporter une solution à un problème que peuvent rencontrer des individus." Et il faut bien avouer, c'est vrai, que la petite entreprise Didier Deschamps turbine pour faire rentrer des ronds dans des carrés. Le postulat de départ : comment réussir à faire jouer ensemble Adrien Rabiot, N'Golo Kanté, Aurélien Tchouaméni et Antoine Griezmann alors qu'a priori, le milieu de terrain n'offre que trois places ?

Penser que Didier Deschamps a placé Adrien Rabiot sur l'aile gauche simplement pour bloquer Denzel Dumfries face aux Pays-Bas, c'est détenir une partie de la vérité. Le sélectionneur voulait aussi, et peut-être surtout, offrir une place dans le onze à Aurélien Tchouaméni. Blessé depuis le 8 mai, l'un des vice-capitaines a un poids gigantesque dans le groupe depuis deux ans et les effacements progressifs de Paul Pogba et… N'Golo Kanté.

Deschamps ne minimise jamais les équilibres des egos et il ne fallait pas braquer celui qui aurait pu pâtir du retour de NG. Tchouaméni est un cadre, il piaffait d’impatience et Deschamps lui a envoyé un message. Lui ne dit pas le contraire : "Le préparateur physique et moi on a fait un gros travail, ce qui m’a permis de jouer tout le match contre les Pays-Bas. Mentalement, c’était important car j’avais manqué la finale de Ligue des champions", a avoué le Madrilène en conférence de presse ce dimanche.

Une décision politique ? En partie, mais pas seulement. Il faut se souvenir des prestations sensationnelles de celui qui n'étaient encore qu'un gamin lors de la Ligue des Nations 2021 notamment. Depuis, il a grandi, pris la place que d'autres lui ont laissé, marqué un but capital en quart de finale de Coupe du monde et régné sur le milieu de terrain. Alors, vendredi, Deschamps a passé son onze au shaker pour le replacer au centre de l'échiquier. Et tant pis si l'animation offensive en a souffert, tant pis s'il a fallu sortir Antoine Griezmann du cœur du jeu ou étouffer les qualités offensives d'un Théo Hernandez privé de relais et d'espace sur son côté.

Le jeu en valait-il la chandelle ? Non, les sacrifices furent trop grands pour un bénéfice trop fin. Tchouaméni s'est contenté, pour son retour, d'un match avec le frein à main : relances courtes, faciles et apport offensif très maigre. Alors, si Kylian Mbappé revient sur le terrain, que faire ? N'Golo Kanté a repris sa place comme s'il n'était jamais parti. Couvert d'éloges par tous, et surtout par son sélectionneur, il ne bougera pas. Adrien Rabiot non plus : ses deux premiers matches ont montré toute son importance. Antoine Griezmann tient toujours le volant malgré sa maladresse face au but et quand on parle de cadre, il est le premier nom que couche DD sur la feuille de match.

Tchouaméni le reconnaît avec franchise : "N’Golo, quand je regarde ses performances, je suis le premier content. J’ai envie de gagner cette compétition, pour ce faire il faut avoir les 25 joueurs au meilleur niveau, dont N’Golo. Adrien, de son côté, apporte beaucoup. Il a beaucoup d’abattage."

Tchouaméni a-t-il encore sa place dans ce onze ? Sa version face aux Néerlandais ne justifie pas de mettre d'autres joueurs cadres (Griezmann, Rabiot, Hernandez) dans le pétrin. La question était inenvisageable il y a encore deux mois. Mais sa blessure conjuguée au fantastique retour de Kanté la rend aujourd'hui légitime. Pour éteindre le débat, il lui faut simplement retrouver son meilleur niveau, un sacré défi après sa sérieuse blessure. Mais en parcourant LinkedIn, Tchouaméni se rendra compte que toute entreprise peut gagner gros en challengeant ses collaborateurs. Encore un point commun avec le foot…