Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Euro 2024 - 46% de possession contre la Croatie : L'Espagne a-t-elle fait sa révolution culturelle ?

Arthur Merle

Publié 20/06/2024 à 00:04 GMT+2

Très convaincante lors de son entrée en lice contre la Croatie (3-0), l'Espagne a marqué les esprits par son style de jeu plus vertical et une possession de 46%, "seulement". Une vraie rareté pour la Roja, qui aborde pourtant son choc face à l'Italie jeudi (21h), sûre de ses forces. Le fruit d'un changement de paradigme... sans pour autant renier son identité.

Luis de la Fuente, sélectionneur de l'Espagne

Crédit: Getty Images

16 ans. Voilà le temps qui s'était écoulé depuis la dernière fois où l'Espagne, plus fière représentante du jeu de possession dans le football de sélections, avait "laissé" le ballon à son adversaire en match officiel. 136 matches entre la finale de l'Euro 2008 remportée contre l'Allemagne (1-0, 46%) et cette entrée en lice à l'Euro 2024 contre la Croatie samedi dernier (3-0, 47%).
Il faut mesurer ce que cela signifie. Vicente Del Bosque, Julen Lopetegui, Fernando Hierro, Luis Enrique : tous ceux qui ont succédé à Luis Aragones, sélectionneur lors de l'Euro 2008, ont eu la possession. Luis de la Fuente aussi, depuis qu'il a succédé à l'actuel entraîneur parisien. Avant cette victoire face à la Croatie, donc.
Adapter le système aux footballeurs, et non l'inverse
"Peut-être qu'à un autre temps, passer plus de temps avec le ballon garantissait de meilleurs résultats. Maintenant, c'est nous qui pouvons surprendre nos rivaux comme nous l'avons fait aujourd'hui. Nous avons utilisé le ballon avec beaucoup de sens, de manière à provoquer des situations de frappes dangereuses", a réagi le sélectionneur espagnol après cette victoire inaugurale samedi.
Son équipe en a parcouru du chemin, depuis son arrivée sur le banc. Lors de son deuxième match, l'Espagne s'était inclinée 2-0 en Ecosse avec... 75% de possession, dans la lignée d'un Mondial 2022 au Qatar où la possession stérile des hommes de Luis Enrique avait causé leur perte. Moins obnubilé par le ballon, le triple champion d'Europe a désormais appris à varier. Oui, on voit désormais des défenseurs espagnols allonger le jeu. A s'en frotter les yeux, chez ceux qui n'avaient plus vu évoluer la Roja depuis la Qatar. Ce n'est pourtant pas dû au hasard, mais à un vrai changement de paradigme.
"Le problème du football espagnol ces dernières années est qu'il n'avait pas voulu changer, nous éclaire notre confrère d'Eurosport Espagne Jorge Ordás. Après les années magiques du tiki taka (2008-2012), l'Espagne a perdu des joueurs irremplaçables comme Xabi Alonso, Xavi, Andres Iniesta, David Silva, David Villa... Elle avait de très bons joueurs mais ils ne rentraient plus dans cette façon de jouer. Avec l'arrivée de Luis Enrique d'abord et maintenant de Luis de la Fuente, il y a eu un très grand changement générationnel, donnant des opportunités aux très jeunes joueurs et adaptant le système aux footballeurs et non l'inverse".
picture

Nico Williams et Lamine Yamal

Crédit: Getty Images

Un style beaucoup plus vertical, un football beaucoup plus rapide
Et en l'occurrence, les footballeurs ont changé. Là où Dani Olmo et Ferran Torres entouraient le "faux neuf" Marco Asensio en 8e de finale du dernier Mondial, Nico Williams et Lamine Yamal, de vrais ailiers de percussion, ont débuté cet Euro 2024 sur les côtés. "C'est un style beaucoup plus vertical, un football beaucoup plus rapide, qui combine peut-être moins mais avec beaucoup plus de débordements grâce à l'apparition de Nico Williams et Lamine Yamal", complète Felix Martin, notre autre confrère espagnol.
Qu'on ne s'y trompe pas, la Roja a encore récemment enregistré 74% de possession contre l'Irlande du Nord, 73% contre Andorre, mais surtout 59% contre le Brésil ou encore 61% contre l'Italie il y a un an. "L'Espagne est, aussi, toujours fidèle à son essence, puisqu'il s'agit d’une équipe qui peut parfaitement combiner à l'intérieur avec des joueurs comme Fabián Ruiz ou Pedri", reprend Felix Martin.
En clair, le champion du monde 2010 n'a pas décidé du jour au lendemain qu'il allait désormais laisser le ballon à son adversaire et cette entame contre la Croatie ne reste, jusqu'à preuve du contraire, qu'une exception. Mais l'Espagne a clairement ajouté d'autres cordes à son arc. Et peut surtout compter sur de vraies flèches.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité