Après Pays-Bas - France (0-0) | Antoine Griezmann, coupable et victime

ParCyril Morin

Mis à jour 22/06/2024 à 15:37 GMT+2

Aligné comme second attaquant dans le 4-4-2 tricolore ce vendredi face aux Pays-Bas, Antoine Griezmann a raté deux énormes occasions. Le Français refusait de s'alarmer après coup, convaincu que la réussite allait revenir. Pour autant, son positionnement dans cet Euro reste une énigme que Didier Deschamps doit vite résoudre.

"Il faut assumer que Griezmann soit le cerveau de cette équipe"

Il paraît que le foot de très haut niveau est une affaire de détails. Ce vendredi, ces détails s'apparentaient à des centimètres, ceux qui ont manqué à Antoine Griezmann pour être l'homme du match et le fer de lance d'une victoire tricolore face aux Pays-Bas. Au lieu de ça, le chouchou du sélectionneur fut le symbole d'une France maladroite et peu inspirée, aussi brillante défensivement que frustrante offensivement (0-0).

Frustrante, d'ailleurs, c'est sans doute le terme qui qualifie le mieux la position de "Grizou" sur ce match. Dans un 4-4-2 à l'accent russe, l'attaquant de l'Atlético de Madrid a été placé en second attaquant, censé tourner autour de Marcus Thuram et finir les actions. Problème, ce fut tout l'inverse face au but, avec deux énormes ratés indignes de son sens du but habituel (16e et 65e).

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C'est un peu plus le style que j'ai à l'Atlético

"J'ai eu deux occases où ça se joue à quelques centimètres, commentait-il en zone mixte après coup. La première, je savais qu'Adrien Rabiot allait me la donner mais elle vient un peu trop derrière et sur mon mauvais pied, ça arrive. La deuxième, "NG" me voit donc je sais qu'elle va venir mais je pense que le défenseur va intervenir. Il y a un faux rebond donc je suis surpris de la recevoir. Mon corps part en arrière, j'essaie de la rattraper comme je peux et, pareil, ça se joue à quelques centimètres. Il n'y a rien d'alarmant. C'est ce qu'il faut améliorer offensivement, il faut être plus tueur."

Seul face au but, Adrien Rabiot n'a pas osé frapper face aux Pays-Bas

Crédit: Getty Images

Difficile de ne pas être d'accord avec lui. Sa prestation n'a rien d'inquiétante et son début d'Euro piano n'est pas exactement dans la lignée de 2016 où son cas avait fait la Une. Mais son positionnement questionne, a minima. Dans ce schéma, a fortiori sans son compère de toujours Olivier Giroud, ce n'est pas le chef d'orchestre habituel. Pourtant, à l'écouter, il a pris son pied.

"J'avais trois milieux donc je n'avais pas besoin de venir descendre pour créer le jeu, a-t-il avancé. C'est un peu plus le style que j'ai à l'Atlético, plus près de la surface." Sur le papier, l'analogie se tient. Mais son tableau noir d'après-match dessine plutôt un manque d'influence dans des zones où, par le passé, il fut crucial. Sa capacité à décrocher, orienter, rythmer et déclencher les offensives bleues est trop essentielle pour s'en passer. Mais, c'est l'histoire de sa carrière en Bleu, c'est encore à lui qu'on a demandé de s'adapter.

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Encore victime ?

Parce que l'équation du milieu de terrain était devenue insoluble pour Deschamps, et parce que le sacrifier sur un côté façon 2021 est une option – on l'espère – définitivement écartée, Griezmann a donc retrouvé son costume d'attaquant. Avec la réussite qu’on connaît.

La réintégration d'Aurélien Tchouaméni a rebattu les cartes et ni Rabiot ni lui n'ont hérité du meilleur jeu. Politiquement, Deschamps reste inattaquable. Sportivement, éloigner son cerveau des zones de réflexion ressemble à un pari risqué…