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Coupe du monde 2022 - France - Australie : Le football, révélateur de l'histoire de l'Australie

Mis à jour 22/11/2022 à 00:04 GMT+1

COUPE DU MONDE - Importé par les Britanniques au XIXe siècle, puis porté par l'immigration européenne après la Seconde Guerre mondiale, le football s'est installé progressivement sur l'île-continent. L'effectif des Socceroos est composé de joueurs aux origines et histoires diverses, reflétant le fonctionnement d'une nation "melting-pot", où l'influence des différentes communautés est considérable.

Encore plus efficace qu'Haaland : Garang Kuol, l'enfant prodige de l'Australie

Video credit: Eurosport

En Australie, à l'instar de la France, l'immigration a toujours eu une place importante dans de nombreux pans de la société. Près de 30% de la population, soit 7,6 millions de personnes, sont nés à l'étranger. Le ballon rond n'échappe pas à ce phénomène. D'ailleurs, relater l'histoire de l'Australie par le prisme de son football est très représentatif. Dans un premier temps, ce sont les colons britanniques – anglais et écossais notamment – qui l'ont importé à l'autre bout du monde, jusqu'à la création de l'équipe nationale en 1922.
Un centenaire qui a été célébré avec une double-confrontation contre la Nouvelle-Zélande en septembre dernier. Puis, après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'aux années 1980-1990, de nouvelles populations en provenance d'Europe arrivent. Ces dernières fuient le champ de ruines du Vieux continent, la misère, les conflits, la Dictature des colonels en Grèce, le Printemps de Prague ou encore la révolution en Hongrie, alors que les tensions Est-Ouest font rage. S'il y avait déjà eu une importante vague d'arrivées pendant l'Entre-Deux-Guerres, l'immigration est encouragée dans la seconde moitié du XXe siècle pour grossir la population.

Plus que du football : les clubs, outils d'intégration

Ces nouveaux australiens vont reprendre le flambeau pour contribuer à façonner et développer le soccer. Pour ces personnes qui ne connaissent pas le rugby, le football australien et encore moins le cricket, le football est une évidence. Il les rattache à leur pays d'origine. Une certaine hostilité envers ces populations demeure tout de même, certains font même face au rejet down under. Des équipes sont créées, très souvent avec une dimension communautaire assumée, voire revendiquée.
Pour beaucoup, le club devient un vecteur d'intégration dans cette deuxième vie. Au-delà de sa fonction primaire, les familles y retrouvent les habitudes de la maison, avec des gens qui ont la même culture, la même langue, et se comprennent. Quand on joue, non seulement on s'amuse, mais on garde ce lien avec ses racines. Cet outil social permet aussi de trouver du travail, un logement, de rencontrer des amis, de fonder une famille… Et même de passer des messages politiques.
Lors de la qualification historique pour la Coupe du monde 1974, huit joueurs sur 22 sont nés en Australie. Dès les années 1950, le football commence à se structurer. En 1977, ce sont ces mêmes générations de migrants européens qui vont contribuer à la création du premier championnat national, la National Soccer League. Des équipes dites ethniques, composées d'Italiens, de Croates, de Serbes, d'Hongrois, de Grecs vont en affronter d'autres garnis de Macédoniens, d'Allemands, de Maltais, d'Anglais… Mais finalement, c'est bel et bien cette dimension communautaire qui, entre autres, aura raison de la compétition.
Loin d'être le sport roi, le football souffre d'une mauvaise publicité. Le soccer véhicule une vision péjorative dans un panorama sportif très compétitif, alors que le rugby league ou le football australien sont des mastodontes intouchables. Il reste régulièrement marginalisé dans l'opinion publique. Les médias n'hésitent pas à taper sur ce "sport étranger", relayant notamment les violences qui émaillent parfois par exemple des rencontres entre équipes estampillées de l'ex-Yougoslavie. Aujourd'hui encore, le football doit lutter contre un certain snobisme, voire un mépris.
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La sélection d'Australie célèbre sa qualification pour la Coupe du monde 2022 après sa victoire aux tirs au but contre le Pérou, le 12 juin à Doha

Crédit: Getty Images

L'Australie, un héritage mondial

En 2004, la National Soccer League est démantelée, et la A-League voit le jour. Avec elle, l'interdiction d'afficher ostensiblement des signes d'appartenance à une communauté, que ce soit dans le logo, les couleurs, le maillot ou le nom du club. Direction les ligues locales pour beaucoup de ces équipes. Mais la transition vers ce football professionnel épuré ne change pas la donne. Les joueurs émergent toujours de ces clubs ou d'autres mis sur pied pour l'occasion dans l'élite, et le mélange opère toujours dans cette société multiculturelle.
Dans les années 2000, les stars sont nombreuses à avoir des origines étrangères : Mark Viduka, Mark Bresciano, Kevin Muscat, Mile Sterjovski, Mark Schwarzer, Robbie Slater, James Troisi, John Aloisi, Tony Popovic, Zeljko Kalac, Tim Cahill… Et la liste est loin d'être exhaustive, se prolongeant dans le temps. A l'image du pays, l'équipe nationale est un melting-pot. Ironie de l'histoire, en 2006, lors du match contre la Croatie au Mondial, trois joueurs de l'équipe adverse sont nés… en Australie. Cette année-là, les Socceroos se qualifient pour la première fois depuis 32 ans. Autres exemples : Ange Postecoglou, le sélectionneur au Brésil et vainqueur de la Coupe d'Asie 2015, est né en Grèce. Son adjoint, Ante Milicic, est issu d'une famille croate.
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Tim Cahill, légende du football australien.

Crédit: Getty Images

Tout au long de cette périlleuse campagne pour le Mondial 2022, Graham Arnold a appelé des joueurs aux origines extrêmement diverses : Royaume-Uni, Serbie, Italie, Pays-Bas, Turquie, Bosnie, Nouvelle-Zélande, Malte, Irlande, Nigéria, Liban, Afghanistan… Depuis quelques décennies, les nouvelles arrivées viennent davantage d'Asie ou du Moyen-Orient. D'après l'Australian Bureau of Statistics, entre 1960 et 1975, l'immigration provient d'Europe à 80,28%, le chiffre est de 37,5% entre 1975 et 1990, et passe ensuite sous la barre des 20%. Ces dernières années, là-aussi à cause des guerres, d'importantes diasporas de pays africains se sont formées en Australie. L'influence africaine sur le football australien est déjà très visible.
Trois joueurs issus de la communauté sud-soudanaise et de familles ayant fui la guerre, Awer Mabil, Thomas Deng (nés au Kenya) et Garang Kuol (en Egypte), sont du voyage. Keanu Baccus est lui né en Afrique du Sud. En réalité, à l'exception de l'Amérique du Nord, tous les continents ont été représentés lors de ces éliminatoires. Bruno Fornaroli, Uruguayen, a même joué deux fois pour les Socceroos en mars 2022. Milos Degenek et Fran Karacic ont vu le jour en Croatie. Il y a également eu des naturalisations sportives récentes, avec les Ecossais Harry Souttar, Martin Boyle et Jason Cummings qui iront aussi au Qatar. A quelques jours d'affronter les Bleus, les Australiens comptent plus que jamais sur cette diversité pour briser le signe indien et enfin remporter leur premier match en Coupe du monde depuis 2010.
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Du Brésil au Portugal : voici nos favoris pour la Coupe du monde

Video credit: Eurosport

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