Coupe du monde féminine 2023 I France - Jamaïque : Kadidiatou Diani, l'heure de lever les doutes avec les Bleues

Elle aurait elle aussi pu manquer à l'appel. Comme Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino, Kadidiatou Diani a un temps vu ses chances de participer au Mondial contrariées par une blessure. Ses larmes et son bras en écharpe le 30 mars dernier, lors du quart de finale retour de Ligue des champions du PSG contre Wolfsburg, laissaient la place au doute sur sa présence à la Coupe du monde. Victime d'une fracture de la clavicule, Diani a gagné sa course contre la montre, contrairement à Katoto et Cascarino, plus sévèrement touchées. Une victoire en forme de soulagement pour les Bleues.

La France ne pourra pas s'appuyer sur sa force de frappe offensive habituelle en Australie et en Nouvelle-Zélande. Mais elle aura, au moins sur le papier, un atout fort à faire valoir avec l'attaquante de 28 ans. Malgré une saison délicate sur le plan extra-sportif, marquée par la mise en examen de son conseiller et compagnon pour extorsion en bande organisée et l'incertitude sur son avenir en club, Diani a fait abstraction pour répondre présent sur le rectangle vert. Avec 17 buts en 17 matches, elle a terminé meilleure buteuse et meilleure joueuse de D1 Arkéma.

De quoi porter les principaux espoirs de l'attaque française au Mondial. Mais sa capacité à retrouver le niveau qui était le sien avant sa blessure reste de mise. Contrainte de subir une opération, Diani a été mise au repos forcé pendant six semaines et n'a pas participé à la fin de saison avec le PSG. "Avec ma blessure à l'épaule, cela n'a pas été facile, a-t-elle reconnu jeudi devant la presse. En tant que sportive de haut niveau, ça peut arriver. Le plus important c'était de ne pas abandonner, d'autant qu'il y avait la Coupe du monde au bout. Je me suis donné les moyens pour bien revenir en forme."

Diani a ainsi pu reprendre lors des matches de préparation de l'équipe de France pour le Mondial, une victoire face à l'Irlande (0-3) et une défaite contre l'Australie (0-1). Remplacée en fin de match contre les Australiennes après avoir pris un coup, elle n'a pas encore totalement retrouvé ses sensations. Mais l'attaquante tricolore s'est voulue rassurante avant le rendez-vous avec la Jamaïque. "Personnellement, ça va, au début j’ai eu du mal physiquement mais je pense que c'est normal, a-t-elle reconnu. Je retrouve du rythme."

Diani a aussi réglé la question de son avenir en officialisant son départ du PSG, à défaut de révéler sa future destination. "Le plus important, c'est que ça soit signé", a annoncé l'attaquante tricolore, fortement pressentie du côté de Lyon. Concentrée sur sa remise en forme physique, l'ex-Parisienne a ainsi mis un point d'honneur à évacuer le sujet du mercato avant le début de la compétition. C'était essentiel pour lui permettre d'aborder la Coupe du monde dans les meilleures conditions.

Car elle aura désormais un statut de leader à assumer au sein de la formation d'Hervé Renard. Troisième joueuse la plus capée du groupe tricolore avec 82 sélections, derrière Wendie Renard (144 sélections) et Eugénie Le Sommer (177 sélections), Diani est devenue l'une des cadres majeures de l'équipe de France. Les attentes seront légitimement plus importantes autour d'une joueuse qui va endosser des responsabilités plus importantes que par le passé dans le vestiaire des Bleues.

Mais c'est bien dans le jeu qu'elle sera la plus attendue. Et à tous les niveaux. Diani était déjà essentielle par sa faculté à faire les différences sur son côté droit et créer des occasions pour les Bleues. Par sa vitesse, sa percussion et sa qualité de dribble, elle avait déjà apporté une nette contribution aux parcours des Bleues jusqu'aux quarts de finale de la Coupe du monde 2019 et aux demi-finales de l'Euro 2022. Son apport dans ce domaine sera encore plus crucial au Mondial dans une animation offensive tricolore qui a affiché quelques limites face à l'Australie.

Mais l'hécatombe qui a touché l'attaque tricolore impose aussi qu'elle soit présente dans la finition. Un domaine où ses statistiques restent perfectibles en sélection avec seulement 22 réalisations jusqu'ici. Repositionnée dans l'axe au PSG durant la saison écoulée, elle a prouvé qu'elle savait se muer en buteuse. Si Eugénie Le Sommer devrait occuper le poste d'attaquante de pointe, Diani va certainement devoir dépasser ses fonctions habituelles sur son aile droite et se montrer plus décisive devant le but.

C'est le cap qu'elle doit encore franchir avec les Bleues. L'ambition des Tricolores dans cette Coupe du monde dépendra en grande partie de la capacité de leur leader d'attaque à relever ce défi. Elle a le talent et l'expérience pour y parvenir mais le contexte n'est pas idéal. Son état de forme physique à l'entame du tournoi laisse fatalement une place au doute. Si elle réussit à le lever, les Bleues n'auront que plus de raisons de rêver.