Barrage L1 - L2 - Des portes du National à celles de la L1 : Saint-Etienne, deux ans de montagnes russes

A Saint-Etienne, en matière de football, on ne fait jamais vraiment les choses à moitié. Les supporters ne connaissent pas la définition du mot modéré. Rien n'est jamais tiède ou mou à Geoffroy-Guichard. Soit on encense, soit on brûle. Les deux ans qui séparent les Verts de leur descente en Ligue 2 ont parfaitement épousé la courbe de ces sentiments exaltés. Comme ses fans, l'équipe n'a jamais fait dans la demi-mesure. Elle fut soit agonisante dans les tréfonds du classement, soit pleine d'espoirs à gratter les premières places à la faveur de séries insensées de victoires.

La première saison a ressemblé à un chemin de croix. Jusqu'au 4 février 2023, et une victoire face à Annecy (3-2), les Verts sont restés scotchés dans la zone de relégation. La faute aux trois points de pénalité en guise de cadeau de bienvenue en L2 et à une incapacité à se remettre en question. Pendant trop longtemps, les Verts ont cru qu'il suffisait d'être les Verts pour régner sur la Ligue 2. Mais la réalité est beaucoup plus complexe dans un championnat très dense à la hiérarchie floue. Aux portes du National pendant près de six mois, Saint-Étienne réagit au mercato d'hiver en recrutant deux hommes qui vont changer son destin.

A court terme d'abord avec Niels Nkounkou, défenseur latéral gauche perdu à Everton. Avec 6 buts et 8 passes décisives en 20 matches, il sauve les fesses des Verts. Six mois démentiels avant un rebond vers Francfort. Un transfert qui fera mal aux Verts tout comme le départ de Jean-Philippe Krasso (17 buts, 12 passes décisives. A long terme aussi avec Gautier Larsonneur. L’incontestable meilleur gardien de L2 débarque en plein mois de janvier et va mettre fin au terrible mal qui a coûté en grande partie leur descente aux enfers aux Verts : l'instabilité au poste de gardien de but. Depuis le départ forcé de Stéphane Ruffier, ni Jessy Moulin, ni Etienne Green, ni Mathieu Dreyer ne se sont imposés dans le but.

L'arrivée de Larsonneur change le destin du club. Sur le terrain, il est l'homme le plus important du renouveau stéphanois depuis 18 mois et sans doute, cette saison, le joueur le plus impactant du championnat sur les résultats de son équipe avec 18 clean sheets et 81,5% d'arrêts. Prodigieux. Si les Verts se sauvent confortablement (8e place), les départs de Krasso et Nkounkou les replongent dans une période de doutes. Au soir de la 18 journée à l'automne dernier, l'ASSE est plus proche de la zone de relégation que du podium. Laurent Batlles, qui a longtemps résisté à l'ouragan, rend son tablier et Olivier Dall'Oglio arrive. Lui aussi sera évidemment capital dans l'inattendu redressement.

Mais comme la saison précédente, c'est le mercato d'hiver qui va faire basculer la saison stéphanoise. Irvin Cardona, placardisé en Allemagne, débarque en janvier. La pile électrique va se charger de remettre les Verts dans le rang des aspirants à la Ligue 1 en marquant 8 buts en 19 matches. Le 3 février, Angers est à 14 points après une nouvelle défaite sans combattre à Dunkerque (1-0).

L'ASSE, alors 11e, touche une nouvelle fois le fond. Elle enchainera 10 victoires en 12 matches, un succès en playoff face à Rodez et le droit d'y croire encore contre Metz avant une revente déjà actée à un milliardaire canadien. C'est peu dire que les dernières semaines ont redonné de l'espoir au peuple vert à l'issue d'une renaissance insensée et inimaginable. Depuis quatre mois, l'ASSE, portée par une ferveur folle à Geoffroy-Guichard, est enfin redevenue elle-même. Quel sera son visage en barrages ? Difficile à prévoir pour cette équipe insaisissable. La Ligue 1 a un prix et ne supportera pas une nouvelle inconstance…