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Quand t'es dans le désert : la France attend de remporter le Tour de France depuis 1985... mais d'autres pays font pire

Laurent Vergne

Mis à jour 25/06/2024 à 11:04 GMT+2

C'est quand qu'on (re)gagne ? Sans véritable candidat au classement général cette année, le cyclisme français peut déjà se préparer à atteindre en 2025 le cap des 40 ans d'absence au palmarès du Tour de France. Mais il n'est pas le seul pays historique de ce sport dont la traversée du désert dure, au moins, depuis la fin du XXe siècle. Tour d'horizon.

Bernard Hinault et Greg LeMond, en marge du Tour de France 1986

Crédit: Getty Images

FRANCE

  • Dernière victoire : 1985 (Bernard Hinault)
Sauf miracle cet été, auquel, pour être clair, aucune personne saine de corps et d'esprit ne peut croire, la France "fêtera" l'an prochain les 40 ans de son dernier maillot jaune à la fin du Tour. Bernard Hinault avait alors conquis sa cinquième et dernière victoire pour rejoindre Anquetil et Merckx, et personne n'imaginait que le cyclisme tricolore s'engageait sur quatre décennies de vaches maigres.
D'autant qu'à l'époque, les cinq succès du Breton s'inscrivaient dans une période faste puisqu'il fallait y ajouter les deux sacres de Bernard Thévenet et le doublé de Laurent Fignon. Entre 1975 et 1985, les Français avaient donc remporté neuf des onze dernières éditions. Qui pouvait penser que le désert s'annonçait ?
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  • Qui est passé près depuis ?
La France a placé quelques coureurs sur le podium final du Tour depuis 1985 mais elle a rarement cru à la victoire finale. Presque jamais, depuis la fin des années 80. Hinault (2e en 1986), Jean-François Bernard (3e en 1987) et surtout Laurent Fignon (2e en 1989) auraient vraiment pu entretenir la flamme tricolore mais après cela, le cyclisme français est rentré pour de bon dans le rang.
Richard Virenque, malgré ses deux podiums (1996, 1997) est resté assez loin de la victoire finale. Dans les années 2010, Thibaut Pinot, Jean-Christophe Péraud et surtout Romain Bardet ont ramené du bleu sur le podium mais là aussi, la victoire est restée un rêve plus qu'autre chose. Finalement, c'est Pinot qui, avant son abandon, a pu entretenir en 2019 l'espoir d'un maillot jaune à Paris. En vain.
  • Y a-t-il un successeur dans la salle ?
La question a souvent été posée au fil des années : le prochain vainqueur français du Tour de France est-il né ? Espérons-le... Mais à court terme, difficile de se montrer optimiste. Il y a même longtemps que le cyclisme français n'avait pas abordé le Tour avec si peu d'ambitions au général. Pinot à la retraite, Alaphilippe absent, Bardet vieillissant, Gaudu en régression... Lenny Martinez, invité de dernière minute, sera peut-être le prochain espoir sur une liste vieille de 40 ans.

BELGIQUE

  • Dernière victoire : Lucien Van Impe (1976)
Il y a une vie après Eddy Merckx. Voilà ce qu'a dû penser la Belgique quand Lucien Van Impe a remporté le Tour de France en 1976, deux ans après la fin du règne du Cannibale. C'était alors le 10e Belge vainqueur de la Grande Boucle, et le 18e succès du pays au total depuis 1903. Mais à ce jour, c'est aussi le dernier.
Il y a tout de même une donnée à ne pas oublier. Depuis la Seconde Guerre mondiale, un triomphe belge sur le Tour relevait déjà de l'exception. Quand Merckx entame son règne en 1969, cela fait très exactement 30 ans que son pays n'a plus remporté le Tour. La victoire était, déjà, une rareté. Mais tout de même. On se rapproche désormais du demi-siècle d'attente...
  • Qui est passé près depuis ?
Tenez-vous bien : Lucien Van Impe a fini 3e en 1977 puis a été le dauphin de Bernard Hinault en 1981. Après quoi il a fallu attendre... 29 ans et Jurgen Van den Broeck en 2010 (on laissera de côté le cas de Michel Pollentier, en route pour la gloire en 1978 puis viré du Tour pour tricherie) pour trouver à nouveau trace d'un Belge sur le podium final du Tour de France. Et c'est le seul depuis Van Impe à avoir réussi une telle performance. C'est dire à quel point la Belgique a disparu de cette lutte-là.
  • Y a-t-il un successeur dans la salle ?
Le cyclisme belge est resté fort et puissant, notamment au XXIe siècle, avec un garçon comme Tom Boonen par exemple. Mais sur les courses par étapes, c'est autre chose. Un homme porte aujourd'hui les espoirs de son cyclisme national. Il est jeune (24 ans), doué et ambitieux. Il s'appelle Remco Evenepoel.
En remportant le Tour d'Espagne en 2022, il a signé la première victoire belge sur un grand Tour depuis Lucien Van Impe en 1976. Un pas de géant, déjà. Peut-il en faire de même sur le Tour ? Nous aurons un premier élément de réponse en ce mois de juillet puisque Evenepoel va enfin effectuer ses premiers pas sur la Grande Boucle.
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ETATS-UNIS

  • Dernière victoire : Greg LeMond (1990)
Evacuons tout de suite le sujet : Lance Armstrong a ramené sept fois le maillot jaune sur les Champs-Elysées, mais de recordman des victoires, le Texan est passé directement aux oubliettes de l'histoire. Son septennat a disparu du palmarès et le premier vainqueur venu du Nouveau Monde est donc aussi le dernier en date à ce jour.
Greg LeMond, lauréat en 1986, 1989 et 1990, se cherche ainsi toujours un successeur. Il avait été le symbole d'un cyclisme qui change, en voie d'internationalisation, et si les Etats-Unis n'ont plus gagné depuis, la voie s'est ouverte pour bon nombre de nations, de l'Allemagne à la Colombie, de la Grande-Bretagne à la Slovénie, et ainsi de suite.
  • Qui est passé près depuis ?
A part Armstrong ? Pas grand-chose. Un seul podium depuis 1990, celui du furtif Bobby Julich, 3e de l'édition 1998. Ah oui, il y a eu Floyd Landis, vainqueur du Tour de France en 2006, mais pour lui, les choses se sont mal terminées… Levi Leipheimer avait lui aussi figuré sur la photo du podium à Paris en 2007 (3e) mais ses aveux de dopage en 2012 lui ont fait perdre tous ses résultats entre 1999 et 2007. Quelle génération !
  • Y a-t-il un successeur dans la salle ?
La nouvelle génération US est dans une situation paradoxale. Elle a grandi avec, sous les yeux, les triomphes factices d'Armstrong. Conséquence, elle n'a pas eu le sentiment de vivre une période de vaches maigres, mais d'opulence. Dans les faits, l'attente est longue depuis 1990. Dans les esprits, la donne est différente.
Sepp Kuss, vainqueur de la Vuelta 2023 , a remis les Etats-Unis au palmarès d'une course de trois semaines. Mais a-t-il vraiment l'étoffe, et même l'ambition d'un vainqueur du Tour ? Il y est probablement plus à l'aise dans un rôle de super équipier. Cependant, la nouvelle vague a du talent. McNulty, Simmons, Barta… Mais le plus grand espoir, c'est sans doute Matteo Jorgenson. Le vainqueur de Paris-Nice 2024, deuxième du Dauphiné derrière Roglic, a le profil pour s'attaquer au Tour, et il n'a pas encore 25 ans.
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PAYS-BAS

  • Dernière victoire : Joop Zoetemelk (1980)
Joop Zootemelk aurait pu rester comme un des grands maudits de l'histoire du Tour, à la hauteur du maître en la matière, Raymond Poulidor. Mais le Batave a enfin mis dans le mille en 1980, à 33 ans. Les mauvaises langues diront qu'il doit ce succès à l'abandon de Bernard Hinault en jaune cette année-là, mais après avoir fini 2e en 1970, 1971, 1976, 1978, 1979 et avant une nouvelle place de dauphin en 1982, il méritait bien, pour l'ensemble de son œuvre, de terminer tout en haut. Au total, il a fini 12 fois dans le Top 10, dont 11 fois dans le Top 5 !
  • Qui est passé près depuis ?
Pendant dix ans, les Pays-Bas ont continué à tourner autour : Outre Zootemelk, Johan van der Velde (3e, 1982), Peter Winnen (3e, 1983), Steven Rooks (2e, 1988) ou Erik Breukink (3e, 1990) ont plus ou moins cru à la victoire. Après quoi la tradition s'est perdue, jusqu'à l'émergence, dans les années 2010, de Tom Dumoulin. Lui a vraiment semblé doté de la carrure d'un maillot jaune. Sa victoire sur le Giro (2017) a confirmé ce sentiment mais il a buté sur Geraint Thomas l'année suivante sur le Tour. Sa chance était passée. Mais lui, bien plus que Steven Kruijsijk (3e, 2019) a pu y croire.
  • Y a-t-il un successeur dans la salle ?
Mathieu van der Poel est un phénomène, il est capable d'à peu près tout, mais pas de gagner le Tour de France. Les Pays-Bas disposent-ils d'un profil comparable à celui d'un Tom Dumoulin, susceptible à court ou moyen terme de briguer une victoire sur une grande course par étapes ? Le jeune Thymen Arensman (INEOS), 6e du dernier Tour d'Italie à 24 ans, incarne sans doute l'espoir le plus probant. Mais il a encore besoin de temps pour progresser et s'aguerrir.
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ET AUSSI...

L'Allemagne. Jan Ulrich (1997) avait été le tout premier coureur allemand vainqueur du Tour de France. Il n'a jamais doublé la mise, en dépit de son effarant potentiel, et personne ne l'a rejoint au palmarès depuis. Andreas Klöden est passé tout près en 2006 mais il reste le dernier Allemand sur le podium juilletiste.
La Suisse. Je vous parle d'un temps dont les moins de 80 ans n'ont pas le moindre souvenir. En 1950 et 1951, Ferdi Kubler et Hugo Koblet avaient mis la Suisse à l'honneur sur la Grande Boucle. Depuis, plus rien, malgré l'embellie des années 90 avec les deuxièmes places de Tony Rominger et Alex Zülle. Mais aucun podium au XXIe siècle pour nos voisins helvétiques.
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