TDF 2024 - David Gaudu (Groupama-FDJ), les attentes ont tant décru

Paris-Nice 2023. C'était il y a un an et demi. Une éternité pour David Gaudu, alors fièrement installé sur le podium, aux côtés de Tadej Pogacar (1er) et Jonas Vingegaard (3e). En s'immisçant entre les deux derniers vainqueurs du Tour de France, le grimpeur de Groupama-FDJ s'affirmait en tant que candidat au titre de meilleur des autres sur trois semaines, susceptible d'offrir a minima une place sur la boîte en juillet. D'autant plus qu'il avait terminé 4e de la précédente Grande Boucle.

"Il a passé un cap lors du Tour de France 2022. Cela a été un déclic pour lui, il a trouvé sa manière de courir", se réjouissait dans la foulée de la "course au soleil" son coéquipier Valentin Madouas, dans notre émission Bistrot Vélo. Il ajoutait même, au sujet d'un hypothétique sacre de Gaudu : "Bien sûr qu'il peut gagner le Tour, j'y crois." Un dessein qui était très ambitieux mais pas délirant, pour un coureur de 26 ans.

L'utilisation de l'imparfait ne relève pas d'une stricte logique temporelle. Ce temps passé semble surtout révolu pour David Gaudu, dont les résultats sont depuis en berne. Son objectif de podium assumé l'an passé a accouché d'un TDF quelconque (9e), durant lequel il a rapidement été question de son choix de s'accrocher, ou non, pour un "Top 10" qui ne rivalise pas forcément avec une victoire d'étape, en termes d'émotions. Un manque de frisson mis en exergue par la folie autour de la dernière participation de Thibaut Pinot.

Vainqueur du Tour du Jura en avril, le lauréat de deux étapes de la Vuelta 2020 n'a plus gagné en World Tour depuis deux ans. Surtout, il regarde de loin la lutte pour les premières places, sur des épreuves d'une semaine a priori en mesure de lui convenir : 14e du Tour de Romandie, 15e d'un drôle de Dauphiné. Dans cette semaine de préparation pour le Tour de France, Gaudu a quasiment mis de côté la course, au profit d'un entraînement grandeur nature, avec pour "ligne éditoriale" : "Progresser tous les jours."

Jusqu'où peut-il aller sans se mettre dans le rouge ? Jusqu'où peut-il aller en prenant le risque d'exploser ? Etc. Il s'est testé différemment lors de chaque étape propice à cela, sans peser sur un Critérium du Dauphiné dont les protagonistes (Roglic, Jorgenson, Evenepoel) étaient pourtant, eux aussi, là pour répéter leurs gammes avant le Tour. Après avoir toqué à la porte des ténors de la Grande Boucle (13e en 2019, 11e en 2021 et, donc, 4e en 2022 puis 9e en 2023), Gaudu voit le gotha reprendre le large.

L'intégration surprise de Lenny Martinez au sein de l'escouade de Groupama-FDJ est probablement liée à l'avenir du jeune coureur (20 ans), annoncé en partance pour Bahrain-Victorious. Elle ne change pas drastiquement la donne pour David Gaudu. Mais cela appuie sur son statut étiolé, à l'aube du Tour de France (29 juin-21 juillet), qui débute samedi à Florence. Le Breton n'est pas le leader absolu qu'il aspirait à devenir.

Marc Madiot le formalise ainsi : "Ces dernières années, on était assez habitués à un schéma extrêmement classique. On avait un leader pour le classement général et l'option n°1 était de rester au contact des principaux favoris. Cette année, on a envie de bouger un peu de ligne." Le manager général de Groupama-FDJ insiste sur "un effectif qui permet d'être opérationnels sur pas mal de terrains" et promet d'être "offensifs". Mais si Gaudu – qui a manqué les "France" pour cause de Covid – était un candidat crédible au podium, la ligne aurait-elle bougé ?

Toujours est-il que l'approche a évolué. Et dans son discours aussi, David Gaudu adopte une communication plus collective. "On veut voir l'équipe lever les bras. Le départ est explosif, avec beaucoup de prétendants au premier maillot jaune, y compris chez nous", a-t-il déclaré ce jeudi, alors que Romain Grégoire ou autre Valentin Madouas pourraient avoir leur carte à jouer. Les attentes que leur chef de file exprime sont, en un sens, élevées. Celles qu'il suscite uniquement en son nom le sont de moins en moins.