TOUR DE CATALOGNE - Evenepoel sur Roglic : "Je n'avais pas le bon gars avec moi"

Entre les deux, c’est à toi, à moi. Une dualité déjà extrêmement forte alors même que le prochain Grand Tour dans lequel ils s’affronteront ne sera qu’en mai sur le Giro. Remco Evenepoel et Primoz Roglic ne se lâchent plus. Leader du classement général du Tour de Catalogne avec 10 secondes d’avance sur le Belge, Roglic joue la sangsue désormais. Une nouvelle fois, samedi, les deux coureurs se sont retrouvés esseulés à l’avant de la 6e étape, et cela a donné lieu à une scène de tension qui ne devrait pas être la dernière du genre cette saison.

Alors que Marc Soler jouait au loup solitaire à l’avant de la course, Remco Evenepoel a décidé de placer une attaque dans l'Alt de la Creu d'Aragall à 27km de la ligne d’arrivée, avec évidemment Roglic dans sa roue. Derrière cette offensive, plusieurs buts. Le premier : aller glaner les précieuses secondes du sprint intermédiaire, alors que son rival slovène avait conquis les 3 secondes de bonus lors du premier. Le second : pourquoi pas jouer la victoire d’étape sur un profil pourtant plat durant les 25 derniers kilomètres.

Soler repris aisément par les deux cadors, la machine belge s’est alors mise en marche. Evenepoel est parvenu à creuser un écart de plus de 20 secondes avec le peloton, mais jamais Roglic n’a daigné lui prendre un relais. Décision du coureur ou de son directeur sportif, impossible à dire.

“En fin de compte, je n'avais pas le bon gars avec moi, a lâché Remco Evenepoel à Eurosport. Je veux dire qu'il est le plus fort de la course, donc probablement que s'il avait travaillé avec moi, nous serions allés jusqu’à la ligne d'arrivée ensemble parce que nous avions 30 secondes d'avance dans la vallée. Mais je pense que son équipe a décidé de ne pas rouler pour sauver le maillot, ce que je comprends parfaitement.”

Malgré la nuance apportée post-effort, le Belge n’était pas dans le même état d’esprit sur sa selle. Les premières demandes de relais du “petit cannibale” se sont faites courtoises. Mais lorsqu’il a réalisé qu’aucune réponse n’émanait de son adversaire, Evenepoel a changé de ton. Le Belge s’est quelque peu énervé, multipliant les gestes de mécontentement à l'égard du Slovène qui demeurait stoïque.

Résultat : le champion du monde a finalement coupé son effort à 9km de la ligne après 4 bornes à batailler face à un mur. “Si Primoz avait travaillé avec moi, nous aurions pu aller chercher la victoire, mais il a refusé de le faire, donc c'est tout”, a déclaré, résigné, Remco Evenepoel après la course.

“C'est dommage parce que ça aurait été bien d'essayer d'aller chercher la victoire d'étape, a-t-il regretté. Je lui ai même dit que je voulais juste essayer de gagner l'étape, que même si j'étais deuxième, je serais content. Mais bien sûr, si vous recevez des ordres de l'équipe, vous devez les suivre. Ce n'est pas que je sois en colère ou quelque chose comme ça, c'est juste de la course cycliste.”

Les deux hommes se sont alors fait reprendre par le peloton en quelques dizaines de secondes après s’être relevés. Mais la lutte n’était pas finie. Le sprint intermédiaire a cette fois-ci consacré Evenepoel devant Roglic, à l’exact inverse du premier sprint du jour. Statu quo donc avec toujours 10 secondes d’avance au classement général pour le Slovène. La dernière étape autour de Barcelone sera cruciale et risque de déboucher sur un dénouement épique.

“Il sera difficile de renverser le classement général, mais nous verrons ce que nous pouvons faire lors de l'étape de Barcelone, a expliqué Evenepoel. Ce sera une journée difficile, avec des hauts et des bas tout le temps, mais nous sommes motivés pour faire de nouveau de notre mieux". Il y a fort à parier que ces deux-là ne se lâcheront pas d’une semelle jusqu’aux derniers hectomètres.