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Paul Magnier : "J'ai envie d'être champion du monde un jour !"

François-Xavier Rallet

Mis à jour 14/06/2024 à 11:39 GMT+2

A 20 ans, Paul Magnier crève l'écran. Déjà vainqueur de deux étapes sur le Giro Next Gen 2024, l'Espoir français de Soudal Quick-Step, venu du VTT et du cyclo-cross, prend de l'assurance à chaque sprint, et dans une équipe où Julian Alaphilippe le regarde avec bienveillance. Avec des rêves plein la tête : le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, un maillot arc-en-ciel...

Magnier remet ça sur le Giro U23

Video credit: Eurosport

Paul Magnier, on a envie d'en savoir un peu plus sur vous. D'où venez-vous ?
Paul Magnier : Je suis né aux Etats-Unis, à Laredo, au Texas. Et puis quand j'ai eu trois ou quatre ans, mes parents se sont installés près de Grenoble. J'y suis resté jusqu'au lycée. Et ensuite, je suis allé à Voiron pour suivre un sport études VTT. J'y ai passé mon année de seconde. Pour finir à Besançon avec le pôle France VTT. Cette année, j'ai mis en pause mes études. Je suis rentré à Grenoble pour retourner chez mes parents.
Vous avez un double passeport ?
P.M. : Oui, j'ai un passeport américain et un passeport français. D'ailleurs, le premier est sûrement périmé, je crois (rires). Mais je vous rassure : il n'a jamais été question que je courre pour les Etats-Unis (sourires). Je n'en ai jamais eu l'envie.
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Magnier dans l'échappée, repris… puis vainqueur de la 2e étape du Giro Next Gen

Video credit: Eurosport

Votre papa Laurent a été coureur amateur à Vaulx-en-Velin. Comment avez-vous découvert le vélo ?
P.M. : Au départ, le vélo ne m'intéressait pas du tout. Plus jeune, j'ai pratiqué beaucoup de sports : du tennis, de l'athlétisme, et forcément du ski, quand on habite à Grenoble. Ensuite, mon père m'a acheté un VTT et là, j'ai commencé à m'amuser. Il a vu que j'avais un bon moteur, que je progressais vite. Avec Strava, on peut tout voir… Il m'a proposé de m'emmener sur des compétitions et j'ai vite accroché. C'était il y a six ans environ.
Vous avez évoqué le ski…
P.M. : J'ai fait quelques compétitions. J'avais un bon niveau. J'ai d'ailleurs été pris en sport études ski. Mais j'ai préféré faire autre chose. Mais j'adore le freeride.
A 20 ans, on rêve de quoi ? Quels sont vos objectifs de carrière ? Quel coureur souhaitez-vous devenir ?
P.M. : Je veux être champion du monde un jour. Je souhaite aussi porter le maillot jaune du Tour de France, mais pas de n'importe quelle façon. Après une victoire lors d'un sprint, ça serait pas mal (sourires). Jouer le classement général, ça ne m'intéresse pas trop pour l'instant.
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Magnier, jeune premier du Trophée Ses Salines-Felanitx

Video credit: Eurosport

A plus court terme, et avec votre équipe, la Soudal Quick Step, comment envisagez-vous les saisons à venir ?
P.M. : L'année prochaine, il est prévu que je me concentre sur les classiques. Je suis dans la bonne équipe pour ça. J'ai une grosse pointe de vitesse. Le sprint, j'aime de mieux en mieux, mais je passe plutôt bien les bosses également. Cette année, j'étais un peu jeune pour m'aligner sur ce genre de courses. L'année prochaine, ça sera autre chose. Le Tour des Flandres me fait rêver. Paris-Roubaix aussi.
Quand vous n'êtes pas sur votre vélo, que faites-vous ?
P.M. : J'adore sortir avec copains. Je fais un peu de tout. Je fais beaucoup de sports en extérieur. Je continue de faire du tennis, un peu de pêche, je marche beaucoup.
Vous avez une vraie relation avec la petite balle jaune...
P.M. : Complètement ! J'ai fait une dizaine d'année en club, au "Claix Tennis Club". J'ai toujours regardé Roland-Garros. D'ailleurs, quand j'étais plus petit, vers 12-13 ans, je voulais être ramasseur de balles. Mais les sélections n'étaient pas faciles… (rires).
Vous avez également touché au VTT avec succès. Il y a eu notamment cette médaille mondiale chez les juniors aux Gets il y a deux ans. C'est une discipline que vous ne souhaitez pas abandonner, c'est ça ?
P.M. : J'en fais de temps en temps en effet. Cette année, j'ai fait une Coupe de France à Marseille, et le championnat de France récemment. J'aimerais d'ailleurs faire la Coupe du monde aux Gets début juillet. Mais je dois en discuter avec l'équipe. Mais j'aime toujours en faire même si ce genre de courses, ça se prépare. Mais je les prends un peu comme des entraînements plutôt funs. Je me déplace sur les courses avec mon père en camping-car, c'est cool. J'adore retrouver les gens que j'ai côtoyé dans le passé.
Visez-vous une trajectoire de carrière à la Pidcock ou à la Van der Poel ?
P.M. : Ça pourrait être un objectif de les imiter. Mais il y a beaucoup de travail à faire pour y parvenir. Quand tu es une star comme eux, c'est plus simple pour convaincre ton équipe de te laisser aller faire ce genre de courses. Mais je sais que le VTT m'apporte de vraies qualités de puncheur.
Aujourd'hui, vous êtes surtout connu pour vos qualités de sprinteur. Qu'en pensez-vous ?
P.M. : C'est drôle parce que, petit, je ne m'imaginais pas du tout être un sprinteur. Les sprinteurs ne m'ont jamais fait rêver. Je n'avais pas forcément d'idole.
Votre histoire avec la Soudal Quick Step a débuté en décembre 2022. Comment s'est passée votre début d'aventure avec cette équipe ?
P.M. : J'ai été invité à un stage fin 2022. C'était à Calpe, en Espagne. J'avais été très bien accueilli par les trois Français de l'équipe : Julian Alaphilippe, Rémi Cavagna et Florian Sénéchal. J'avais des étoiles plein les yeux. J'avais rencontré Remco (Evenepoel), Fabio Jakobsen. Le staff a été super sympa avec moi, j'étais dans un hôtel magnifique. Et j'avais l'impression que j'avais un vélo neuf tous les jours (rires). C'était ultra pro.
Et puis, Julian Alaphilippe vous a un peu pris sous son aile...
P.M. : Quand vous êtes en stage comme ça, vous côtoyez cent personnes. Moi, j'arrivais là-dedans, j'étais le "petit nouveau" et c'est toujours compliqué de se faire une place. Julian m'a présenté à toute l'équipe et ça a beaucoup joué. On a un peu discuté tous les deux. J'avais pas mal de questions sur mon avenir, sur ce qu'était la vie de coureur pro, sur le fait de rebondir après avoir connu des blessures... Et j'ai pu toutes lui poser. Il m'a consacré beaucoup de temps et ça m'a rassuré.
Comment avez-vous vécu sa victoire d'étape et sa renaissance sur le dernier Giro ?
P.M. : Cela montre que le travail paie. Avec Julian, on a un peu couru ensemble, aux Strade Bianche notamment (les deux coureurs ont abandonné). On était en chambre ensemble. Il avait chuté et avait eu un coup de mou après ça. Mais sur le Giro, il a montré le champion qu'il était. Je regardais tous les jours et quand il a gagné, j'étais content pour lui. On s'est envoyé pas mal de messages. Il va faire une bonne fin de saison, j'en suis certain.
Revenons à vous… Aucune équipe française n'a tenté de vous recruter ?
P.M. : Après ma période chez les juniors, il y a eu énormément de contacts, avec quasiment toutes les équipes françaises. Mais en début de saison 2023, j'ai été touché par une mononucléose. Et seule la Soudal Quick Step a gardé contact avec moi. Et ça a fait pencher la balance. Julian avait aussi pris de mes nouvelles. Ça m'avait touché.
Cette saison, vous avez gagné chez les pros dès que votre première course, à Majorque en janvier. Et vous avez remis ça lors du Tour d'Oman le mois suivant où vous avez devancé votre coéquipier Luke Lamperti et Bryan Coquard à Al Bustan… Comment avez-vous vécu tout ça ?
P.M. : Au début, on ne se rend pas vraiment compte de ce qu'il se passe. A Majorque, il n'y avait pas énormément de public. Et à Oman, il n'y avait pas de public du tout ! (rires). J'étais content de ces victoires. Mais quand je suis arrivé sur le sol français, j'ai réalisé que le public était à fond pour moi. A Oman, quand je descendais du bus, personne ne me demandait d'autographe. Là, en France, lors de l'Ardèche Drôme Classic, j'ai vu mon nom écrit sur les routes. Ça marque…
Cette semaine, vous participez au Giro Next Gen, réservé aux moins de 23 ans. Vous avez triomphé lors de la 2e étape lundi, puis lors de la 4e étape ce mercredi. Vous avez également porté le maillot rose une journée. L'émotion était palpable sur le podium lundi…
P.M. : C'est vrai… (la voix tremble). J'étais très ému, car lundi a été une journée difficile. Je me suis retrouvé à l'avant de la course. Je voyais que certains dans l'échappée ne faisaient pas d'effort, alors que moi, j'en faisais. Je me suis dit que j'étais en train de griller des cartouches. Finalement, ça s'est joué au sprint. Mon coéquipier Andrea (Raccagni) m'a parfaitement emmené. C'était du bon boulot et j'ai ensuite à aller au bout. C'était un sacré moment sur le podium car c'était la première fois que j'enfilais un maillot distinctif. Les larmes n'étaient pas loin car il y avait mon père dans le public.
Que visez-vous jusqu'à dimanche ?
P.M. : Gagner le plus de sprints possibles, c'était l'objectif initial. Mais j'aimerais me tester sur un autre profil, comme lors de la 7e étape et voir ce que je donne à ce niveau-là. Mais j'ai fait un bon stage en altitude dans les Dolomites, à Passo pordoi et je me sens de mieux en mieux en montagne…
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