Critérium du Dauphiné | David Gaudu et ses limites… du moment ?

Dans une stratégie hara-kiri, David Gaudu (Groupama-FDJ) a voulu savoir jusqu'où ses jambes pouvaient le porter sur la 7e étape du Critérium du Dauphiné. Le Breton a laissé filer le groupe des leaders à 4,5 kilomètres du sommet et a fini derrière Remco Evenepoel, distancé 2,5 bornes plus bas, preuve qu'il n'a pas menti sur la tactique du jour. Seizième du général à près de huit minutes de Primoz Roglic, Gaudu ne s'en fait pas, convaincu que pour lui, la vérité du Critérium du Dauphiné n'est pas celle du Tour de France.

"Je ne me fixe pas d'objectif au classement général mais si on arrive à aller faire Top 10, voire se rapprocher du Top 5 certains jours, sans être au pic de forme, c'est le top du top" avait annoncé David Gaudu à l'AFP avant le lancement du Critérium du Dauphiné. De Top 5 il n'y aura pas, celui-ci se trouvant à près de six minutes à une étape du but. De Top 10, peut-être pas non plus puisque trois minutes ou presque l'en séparent après une 7e étape sur laquelle Gaudu a tout mis, pas pour faire le meilleur résultat possible, mais pour savoir.

"J'ai voulu voir quelles étaient mes limites actuelles, a-t-il expliqué à l'arrivée. J'ai été jusqu'à 99,9% de l'explosion dans les roues et ensuite j'ai fini comme j'ai pu, avec les tripes." Il restait une dizaine d'hommes parmi les leaders quand Gaudu a dû se garer, une évolution par rapport à la 6e étape. La preuve qu'il s'améliore de jour en jour ? "Au final, je pense que la forme n'est pas si mal que ça pour un Critérium du Dauphiné, juge le Breton. C'est une course qui ne m'a pas souvent réussi. Mes meilleurs Tours c'était quand je n'étais pas au mieux au Dauphiné".

En 2022, Gaudu y avait effectivement souffert avant de terminer 4e du Tour de France, une performance qui avait fait naître beaucoup d'espoirs mais qu'il a, depuis, bien du mal à confirmer. En retrait sur la Grande Boucle 2023 (9e), le grimpeur français se trouve en réalité sur une pente descendante d'un point de vue des performances. Pour sa seule saison 2024, il a terminé 18e d'O Gran Camino, n'est pas allé au bout de Paris-Nice et du Tour du Pays basque où il a chuté et pris la 14e place du Tour de Romandie avant ce Dauphiné où il pointe au 16e rang à la veille de l'arrivée.

"Où je me place ? A ma place, là où je finis aujourd'hui", a-t-il avoué avant d'estimer qu'il avait encore la place et le temps pour une progression d'ici au Tour de France. "Il reste une étape, aujourd'hui j'ai vu comment j'étais par rapport aux autres cadors", a-t-il ajouté même s'il apparaît bien difficile aujourd'hui de le mettre parmi ceux-là au regard de ses résultats depuis un an.

Le Tour du Pays Basque 2023 (4e) et surtout Paris-Nice la même année, achevé au 2e rang derrière Tadej Pogacar mais devant Jonas Vingegaard le classaient sans aucun doute dans cette caste-là. Mais ces deux courses remontent à 14 et 15 mois, une éternité à notre époque. Oui, il va progresser d'ici au Tour de France qu'il achève systématiquement dans le Top 15 depuis cinq ans quand il le termine (2020 mis à part donc). Mais est-il à ce niveau en 2024 ? Rien ne le prouve jusqu'ici mais accordons au coureur de se connaître mieux que nous le connaissons.

Dimanche, David Gaudu pourrait bien se glisser dans l'échappée du jour et aller glaner une victoire d'étape. Celle-ci n'effacerait pas tout mais elle justifierait l'espoir de rééditer la même performance sur un Tour de France où, de toute façon, le podium semble inatteignable pour lui, comme pour beaucoup d'autres.